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Deux grandes institutions américaines se partagent une exceptionnelle collection d’estampes chinoises

Oiseau sur une grenade, première moitié du XVIIIe siècle, Chine, Suzhou, dynastie Qing (1644-1911). Gravure sur bois polychrome, encre et couleur sur papier, 30 x 37,4 cm. Cleveland, The Cleveland Museum of Art, J.H. Wade Trust Fund.

Oiseau sur une grenade, première moitié du XVIIIe siècle, Chine, Suzhou, dynastie Qing (1644-1911). Gravure sur bois polychrome, encre et couleur sur papier, 30 x 37,4 cm. Cleveland, The Cleveland Museum of Art, J.H. Wade Trust Fund. © Cleveland Museum of Art

Une collection de deux cents estampes chinoises vient d’être acquise par deux musées américains, le Cleveland Museum of Art et le Metropolitan Museum. Ces rares feuilles témoignent d’une production à la fois singulière et précieuse : les estampes en couleur de Suzhou.

Alors que l’estampe japonaise est mondialement renommée, portée par des figures comme Hokusai, les gravures chinoises sont moins étudiées et collectionnées. L’ensemble acquis par le Cleveland Museum of Art et le Metropolitan Museum of Art, qui sera prochainement exposé dans les deux musées, les met en lumière et permettra aux historiens de l’art et aux chercheurs d’accéder à des œuvres rares.

« Ces œuvres vibrantes, qui mêlent l’imagerie de la tradition picturale d’élite chinoise et de l’art vernaculaire à des techniques issues de la gravure européenne, mettent en lumière le dialogue permanent entre les peuples et les sociétés, offrant une occasion rare d’approfondir notre compréhension du caractère cosmopolite de la culture visuelle chinoise. »

Max Hollein, directeur du Metropolitan Museum of Art

La passion selon Christer von der Burg

Les 220 œuvres proviennent de la collection de Christer von der Burg, un passionné qui a consacré sa vie à l’estampe et aux livres asiatiques. Après avoir créé une librairie spécialisée dans les ouvrages chinois, japonais et coréens à Stockholm, il l’a transférée à Londres à la fin des années 1970, où Han Shan Tang Books demeure une référence pour les collectionneurs. Durant trente ans, Christer von der Burg a collectionné les estampes chinoises, portant une attention particulière aux œuvres produites à Suzhou au XVIIIe siècle et s’intéressant aussi à la création contemporaine. Il a rassemblé 8 000 livres et estampes qu’il met à disposition des chercheurs dans une fondation installée à Londres, le Muban Educational Trust.

Femmes enseignant aux enfants les quatre accomplissements (série de quatre estampes), dynastie Qing (1644-1911), période Qianlong (1736-95). Gravure sur bois imprimée en trois nuances d'encre et colorée à la main, environ 110,2 x 60,3 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, Douglas Dillon Fund.

Femmes enseignant aux enfants les quatre accomplissements (série de quatre estampes), dynastie Qing (1644-1911), période Qianlong (1736-95). Gravure sur bois imprimée en trois nuances d'encre et colorée à la main, environ 110,2 x 60,3 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, Douglas Dillon Fund. © Metropolitan Museum of Art

L’âge d’or de Suzhou 

La Chine a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’estampe. Au VIIe siècle, la technique de l’impression sur bois y fut inventée. Il y existe donc une longue tradition, à laquelle s’est ajoutée, au XVIIe siècle, l’impression en couleur. Proche de Shangai, la ville de Suzhou a été, au XVIIIe siècle, un important centre de production d’estampes. Les œuvres qui y virent le jour, considérées comme l’apogée de l’estampe chinoise, mêlent sujets locaux et influences européennes, notamment pour l’usage de la perspective. D’abord destinées à la cour impériale, ces estampes furent de plus en plus populaires et investirent de nombreux foyers chinois. N’ayant longtemps pas été considérées comme des œuvres de valeur, elles sont presque absentes des collections chinoises et ont essentiellement été collectionnées au Japon et en Europe.

Femmes enseignant aux enfants les quatre accomplissements (série de quatre estampes), dynastie Qing (1644-1911), période Qianlong (1736-95). Gravure sur bois imprimée en trois nuances d'encre et colorée à la main, environ 110,2 x 60,3 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, Douglas Dillon Fund.

Femmes enseignant aux enfants les quatre accomplissements (série de quatre estampes), dynastie Qing (1644-1911), période Qianlong (1736-95). Gravure sur bois imprimée en trois nuances d'encre et colorée à la main, environ 110,2 x 60,3 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, Douglas Dillon Fund. © Metropolitan Museum of Art

Cent estampes pour chaque musée

Les estampes en couleur de Suzhou composent l’essentiel de l’ensemble acquis par les deux institutions. Certaines sont de grand format – environ 100 x 50 cm –  et ont été réalisées pendant la période la plus faste, entre 1720 et 1760. L’éventail des sujets est varié, entre scènes de la vie quotidienne et évocations poétiques de la nature ou de sites historiques. Les deux cents œuvres seront équitablement partagées entre les deux musées américains, qui les exposeront prochainement.