L’hôtel départemental des expositions du Var, à Draguignan, nous transporte sur les routes de la soie où transitaient non seulement des marchandises précieuses mais aussi des connaissances et des croyances. Un fascinant voyage entre Orient et Occident… et inversement !
La dénomination de « routes de la soie » est née au XIXe siècle lorsque les expéditions d’exploration (les Suédois en tête, avec Sven Hedin, les Français avec Paul Pelliot) puis les véritables missions archéologiques mettent en lumière les vestiges de ces grands axes du commerce international. C’est par eux, qu’entre le IIe siècle avant notre ère et le XIVe siècle de notre ère, Orient (Chine, Corée, Japon) et Occident (mondes iranien et méditerranéen puis byzantin) s’échangent matières précieuses et biens de luxe avant la création des compagnies commerciales européennes. La soie, bien évidemment, dont les secrets de fabrication sont jalousement gardés par les Chinois, mais aussi les épices, l’ivoire, l’or, les pierres précieuses, la céramique, l’argenterie, le verre…
Circulation des biens et des idées
« Ces voies terrestres qui passent par les grandes cités commerçantes et les oasis du bassin du Tarim – provinces occidentales de la Chine, la région des Ouïghours actuellement – ne se résument pas à un seul axe autoroutier », souligne Valérie Zaleski, conservatrice des collections bouddhiques chinoises et d’Asie centrale au musée Guimet et commissaire de l’exposition, « il existe une multitude de routes transversales, alternatives ou complémentaires qui impliquent les autres régions du monde engagées dans ce commerce de luxe comme l’Arabie, l’Inde, le Sri Lanka et l’Asie du Sud-Est, et des tronçons maritimes très bien documentés par les sources occidentales, en particulier romaines – avec beaucoup d’échanges entre Rome et l’Inde – et les cargaisons d’épaves fouillées en mer. »
Circulation des langues, idées et religions
Ces routes du commerce ont été aussi des routes de transmission des langues, des idées et des religions, notamment du bouddhisme. « Les prêtres, les moines et les pèlerins voyageaient avec les commerçants, c’est ainsi que la plupart des vestiges présents dans l’exposition – manuscrits, textiles, objets… – ont été préservés en contexte religieux, dans des sanctuaires. Avec le matériel funéraire, il s’agit de la principale source d’informations concernant les populations locales, nomades ou sédentaires. » Des technologies, des pratiques médicales, des motifs décoratifs ont également transité via ces milliers de kilomètres à travers l’Asie. Un formidable réseau d’échanges internationaux bien avant l’heure de la mondialisation !
Stéphanie Durand-Gallet
« Les routes de la soie : entre vestiges et imaginaires »
Jusqu’au 29 septembre 2024 à l’Hôtel départemental des expositions du Var
1 boulevard Foch, 83300 Draguignan
Tél. 04 83 95 34 08
https://hdevar.fr