Ancienne demeure royale, lieu de pouvoir et de prestige, le palais du Louvre abrite d’exceptionnels décors qu’il faut entretenir et préserver. Depuis le mois de juin, les visiteurs peuvent ainsi admirer à nouveau les appartements d’été d’Anne d’Autriche, la salle du Trône de Louis XVIII, les salons de réception de Napoléon III, mais aussi l’arc de triomphe du Carrousel qui fait face à la Pyramide de Pei. L’institution réalise aussi de nombreuses acquisitions.
Les tableaux d’Arcimboldo regagnent leurs cimaises
Après huit mois de restauration, Les Quatre Saisons de Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), offertes par l’empereur Maximilien II à l’Électeur Auguste de Saxe en 1573, retrouvent leur place sur les cimaises du Louvre. L’opération, menée par Roberto Merlo au sein de l’atelier du C2RMF, a permis de rendre leur lisibilité aux toiles et de revenir à une gamme chromatique plus proche de celle d’origine. Les vernis anciens, qui avaient jauni et provoqué des blanchiments disgracieux, ont été allégés. A également été enlevée la guirlande de fleurs qui entourait les têtes des personnages. Les analyses ont en effet révélé qu’elle avait été ajoutée plus tardivement qu’on ne le pensait et dissimulait par ailleurs des détails importants, comme le blason de Meissen sur le manteau de L’Hiver. Les figures gagnent ainsi en monumentalité et la palette lumineuse de l’artiste est mise en valeur par le fond noir uni et profond. Rendez-vous dans les salles pour admirer le dialogue entre ces tableaux étonnants !
La restitution d’œuvres spoliées se poursuit
Depuis 2013, les services de l’État ont engagé une véritable politique de recherche visant à restituer à leurs légitimes propriétaires les œuvres spoliées durant la Seconde Guerre mondiale. Désignées sous le vocable « MNR » (Musées Nationaux Récupération), ces dernières ont été retrouvées en Allemagne à l’issue du conflit et confiées à la garde des musées nationaux. L’État a ainsi pu restituer deux natures mortes du XVIIe siècle (Nature morte au jambon de Floris van Schooten et Mets, fruits et verre sur une table de Pieter Binoit), conservées au musée du Louvre, aux ayants droit de Mathilde Javal. Dans une démarche mémorielle, ces derniers ont choisi de donner les deux toiles au musée. Jusqu’en janvier 2025, les tableaux sont présentés au sein d’une exposition qui traite de la famille Javal, dont cinq membres ont été déportés et assassinés à Auschwitz, afin de rappeler que cette tragique histoire familiale a aussi une portée universelle.
Préemption d’un bel ensemble d’œuvres de Girodet
Célèbre pour ses peintures néoclassiques, Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson (1767-1824) était aussi poète. Il a ainsi rédigé plusieurs traductions des poètes grecs et latins de l’Antiquité. C’est à ce versant de son travail que le Louvre s’est intéressé le 31 mai dernier en préemptant deux ensembles importants lors de la vente organisée par Auction Art. Le premier lot, adjugé 46 350 € (frais inclus), comporte six dessins à la pierre noire provenant du livre I, plusieurs feuillets et le manuscrit de travail de la traduction d’Anacréon. Ce dernier servit à l’édition des textes qui accompagnent le recueil de compositions gravées par Chatillon en 1825. Cet achat vient enrichir le département des Arts graphiques, qui possède déjà un premier essai de traduction en vers daté de 1808. Le second lot, préempté pour 130 683 €, est constitué de quarante-neuf dessins à la pierre noire pour le livre II de Sappho, Bion, Moschus et du manuscrit autographe.
Camille Jolin