Le musée Matisse au Cateau-Cambrésis fait peau neuve
Installé depuis 1982 entre les murs du Palais Fénelon, ancienne résidence des archevêques de Cambrai, le musée Matisse vient de rouvrir ses portes après plus de deux ans de travaux. Le parcours de visite et l’accueil du public ont été entièrement repensés grâce à l’intégration des volumes de l’ancien marché couvert situé à l’ouest du bâtiment. L’exposition inaugurale, visible jusqu’au 13 avril 2025, met en lumière un aspect peu connu du travail d’Henri Matisse (1869-1954), l’illustration de livres.
L’institution avait à cœur de faire peau neuve afin de déployer ses collections dans des proportions plus importantes, d’offrir plus de confort à ses visiteurs et d’accueillir les groupes scolaires dans de meilleures conditions.
Une extension dans l’ancien marché couvert
C’est chose faite avec une extension de 1 000 m2 créée grâce à l’acquisition de l’ancien marché couvert de la ville situé à l’ouest du Palais Fénelon. Trois niveaux y prennent désormais place : un rez-de-chaussée bas dédié à l’accueil des groupes, un rez-de-chaussée haut où débute le parcours de l’exposition permanente et un premier étage transformé en vaste plateau muséographique de 300 m2. Quatre grandes salles destinées aux ateliers pédagogiques viennent compléter le nouveau dispositif.
« Mes concitoyens ont voulu honorer ma vie de travail par la création de ce musée. J’ai considéré cette chose comme la conséquence naturelle de ma vie. »
Henri Matisse dans un discours adressé aux catésiens le 8 novembre 1952
Collioure, Tahiti, Vence
Les collections du musée – constituées du noyau de 82 œuvres que l’artiste a offertes à sa ville natale à la fin de sa vie et des nombreuses acquisitions et donations qui se sont succédé depuis – s’exposent désormais en majesté. Elles couvrent l’ensemble de la carrière de l’artiste, de sa découverte de la peinture avec L’Atelier de tisseur picard de 1895 à la période fauve avec Collioure, rue du Soleil de 1905, de la période niçoise aux dernières compositions réalisées avec des papiers gouachés, découpés et collés en souvenir de son séjour à Tahiti, jusqu’aux œuvres de la chapelle des Dominicaines de Vence (que l’on peut visiter grâce à un dispositif multimédia dernier cri). On peut également admirer, confortablement installé sur une banquette inclinée, le fameux plafond de l’hôtel Régina sur lequel Henri Matisse dessina au fusain les portraits de ses trois petits-enfants.
« Voisiner à jamais avec Matisse, sous le signe de la lumière et du bonheur ».
Alice Tériade
De généreuses donations
Les généreuses donations d’Auguste Herbin (1882-1960) et Geneviève Claisse (1935-2018), autres enfants du pays, peintres de l’abstraction géométrique, ainsi que celle d’Alice Tériade (1917-2007), épouse de l’éditeur qui travailla étroitement avec Henri Matisse et publia certains de ses livres illustrés, bénéficient également de ce remaniement général. La salle à manger de Tériade à Saint-Jean-Cap-Ferrat, reconstituée à l’identique et ornée d’œuvres inédites (une céramique et un vitrail de Matisse, une coupe et un lustre de Giacometti et une sculpture d’Henri Laurens) resplendit à nouveau malgré la pâleur du soleil du nord.
« Je ne fais pas de différence entre la construction d’un livre et celle d’un tableau et je vais toujours du simple au composé, mais toujours prêt aussi à reconcevoir dans le simple ».
Henri Matisse
« Le manuscrit à peinture », terrain d’expérimentations
Pour son exposition inaugurale, le musée a choisi de mettre en lumière un pan du travail de Matisse méconnu du grand public, celui de l’illustration de livres. Artiste complet, rompu à toutes les techniques (gravure sur linoléum, eau-forte, lithographie, pochoir…), lui-même inventeur de procédés innovants, l’artiste a illustré de nombreux textes, dont certains grands classiques (Ronsard, Baudelaire, Mallarmé, Joyce…). L’exposition réunit les quatorze livres illustrés exécutés entre 1932 et 1954 dans lesquels l’artiste fusionne arts visuels et littérature, maniant la simplicité de la ligne, l’audace des couleurs, les gouaches découpées et la forme-signe, faisant de chaque ouvrage une œuvre d’art totale.