Céret : Max Jacob, le pinceau et la plume

Max Jacob (1876-1944), Paysage de Céret [1910]. Encre et aquarelle sur papier, 21 x 27 cm. Musée d'Art moderne de Céret, achat avec la participation du FRAM LR.

Max Jacob (1876-1944), Paysage de Céret [1910]. Encre et aquarelle sur papier, 21 x 27 cm. Musée d'Art moderne de Céret, achat avec la participation du FRAM LR. © Adagp, Paris, 2024. Crédit photo : musée d’Art moderne de Céret/Nicolas Giganto.

À l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de la déportation de Max Jacob au camp de Drancy, où il décède quelques heures avant son transfert pour Auschwitz, le musée d’Art moderne de Céret propose une exposition sur sa riche carrière artistique.

Le parcours composé de 120 objets (dessins, tableaux, photographies, sculptures…), dont certains inédits, fait dialoguer ses œuvres avec celles de Jean Metzinger, Marie Laurencin, Jean Cocteau, Marie Vassilieff ou encore Serge Férat, et présente différentes facettes de « sa fantaisie somptueuse », selon l’expression d’Apollinaire. L’exposition s’intéresse tout particulièrement à sa place dans le mouvement cubiste, dont Céret fut « La Mecque » et où il côtoya Juan Gris, Chaïm Soutine, Marc Chagall, Tàpies et Viallat ; il y séjourna avec Picasso, dont il fut très proche, en 1913, et il expérimenta à ses côtés la gouache et le dessin. Ses créations représentant les paysages de la région sont mises en regard du travail d’autres artistes ayant peint Céret et ses environs, à l’instar de Moïse Kisling, Auguste Herbin et Manolo.

Jean Boullet (né en 1921), Portrait de Max Jacob à l'étoile jaune, 1943. Dessin à l'encre de Chine sur papier.

Jean Boullet (né en 1921), Portrait de Max Jacob à l'étoile jaune, 1943. Dessin à l'encre de Chine sur papier. © Adagp, Paris, 2024. Crédit photo : mbaq

Spiritualité et monde du spectacle

La spiritualité, qui occupait une place centrale dans sa vie, lui qui était né dans une famille juive, passionné de Kabbale et d’ésotérisme, est illustrée par deux études de chiromancie dessinées par Picasso et dont les légendes interprétatives sont de Max Jacob. De même, son Adoration des Mages et sa Visitation, toutes deux prêtées par le musée des Beaux-Arts de Quimper, témoignent de sa profonde dévotion après sa conversion au christianisme, suite à des visions en 1909 et 1914. Enfin, l’exposition revient également sur la passion de Max Jacob pour l’opéra, le ballet, le théâtre ou encore le cirque, avec des œuvres qui illustrent sa collaboration avec des personnalités du monde du spectacle, comme les compositeurs Erik Satie, Nicolas Nabokov ou encore Vittorio Rieti. Le propos permet d’approcher de plus près ce personnage insaisissable, poète, écrivain, peintre et critique tout à la fois, qui fut une grande figure du cubisme pictural et littéraire. Il définissait ainsi le mouvement dans ses deux dimensions : « Le cubisme en peinture est l’art de travailler le tableau par lui-même en dehors de ce qu’il représente […] ne procédant que par allusion à la vie réelle. Le cubisme littéraire fait de même en littérature, se sert seulement de la réalité comme d’un moyen et non comme d’une fin. »

Max Jacob, le cubisme fantasque, jusqu’au 1er décembre 2024, musée d’Art moderne de Céret, 8, boulevard du Maréchal Joffre, 66400 Céret. Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Tél. : 04 68 87 27 76, site Internet : musee-ceret.com