Bayonne : du nouveau sur les fortifications de Mousserolles
En juin 2021, une opération préventive a été menée par la société Hadès à la suite du projet d’installation urbaine contre le talon des casemates de Mousserolles, dans le Petit-Bayonne. Un sondage de 6 mètres de profondeur a permis, malgré des contraintes de sécurité importantes, de mettre en évidence les différentes étapes de construction et de modification de l’enceinte moderne dans ce secteur.
Ces trente dernières années, plusieurs portions des enceintes médiévale et moderne ont été observées dans la ville lors de fouilles, de surveillances ou de diagnostics archéologiques. Sans être vectrice de grands changements historiographiques, elles livrent toutefois des éléments architecturaux inédits et offrent des enseignements précieux sur la connaissance historique de l’ensemble. Si l’installation du boulevard de Mousserolles, dans la première moitié du XVIe siècle, et son évolution au cours des siècles suivants sont documentées par les archives, nos connaissances sur les aménagements préexistants sont, elles, plus lacunaires. En effet, les fortifications médiévales (XIIe-XVe siècle) ne subsistent que très rarement dans le paysage actuel du fait de programmes de modernisation qui les ont détruites ou englobées.
Une origine médiévale ?
L’intervention a permis d’identifier des vestiges appartenant à cinq périodes historiques. La plupart de ces états correspondent à l’installation de la courtine des Capucins et des casemates de Mousserolles (1522-1524) et aux modifications qu’elles ont subies depuis la fin du XVIIe siècle. La principale concerne, à l’époque de Vauban (1680-1695), la création d’un troisième niveau d’artillerie et l’édification d’une rampe en terre contre son talon pour y accéder, modifiant ainsi le chemin de ronde. Ces résultats complètent la restitution historique de ce système défensif. Mais l’apport principal de cette opération demeure la découverte d’une maçonnerie en grès de Mousserolles, apparue sous la courtine du XVIe siècle. Les caractéristiques métriques des blocs et leur agencement interrogent sur l’origine de cette construction, qui pourrait remonter à la fin du Moyen Âge. Plusieurs observations archéologiques de fortifications bayonnaises, datées entre le XIIIe et le XVe siècle, révèlent des similitudes dans les dimensions des blocs employés. Même s’il faut rester prudent face au phénomène de réemploi, les techniques mises en œuvre dans les courtines de la Mer et du Nord, attribuées à la seconde moitié du XVe siècle, frappent par leurs affinités avec la maçonnerie identifiée sous celle des Capucins.
Des observations inédites
En raison d’une fenêtre d’observation trop étroite, la nature de l’ouvrage auquel elle se rattache ne peut être définie clairement. Il pourrait s’agir d’un état antérieur ou d’un ouvrage défensif. La fouille des casemates de Mousserolles apporte toutefois un nouvel éclairage sur l’enceinte bayonnaise et atteindre une profondeur de 6 m a constitué une chance unique d’appréhender la face cachée de fortifications en apparence uniformes du Petit-Bayonne.
Pour aller plus loin :
BARIL Q., 2024, « Nouvelles données sur les fortifications modernes de Mousserolles à Bayonne », Bulletin du musée basque, 201, p. 77-94.