Notre-Dame de Paris : Claire Tabouret et l’atelier Simon-Marq réaliseront les nouveaux vitraux
Voilà un an que l’affaire fait grand bruit : le 8 décembre 2023, le président de la République décidait de remplacer les vitraux de six chapelles du bas-côté sud de la cathédrale par des créations contemporaines. Le nom de l’artiste chargé de créer les nouvelles baies vient d’être annoncé, dans un communiqué commun, par l’Élysée et l’archevêché de Paris. La querelle des vitraux n’est décidément pas près de s’éteindre…
Voulus par Emmanuel Macron et Monseigneur Ulrich qui souhaitent imprimer la marque du XXIe siècle à la cathédrale entièrement restaurée après l’incendie du 15 avril 2019, ces nouveaux vitraux doivent remplacer, d’ici deux ans, six des sept baies du bas-côté sud (côté Seine) de l’édifice imaginées par Viollet-le-Duc.
« À la hauteur de ce que réclame la cathédrale »
C’est donc l’artiste française Claire Tabouret (née en 1981), associée à l’atelier verrier rémois Simon-Marq, qui a été choisie parmi les huit candidats retenus par le comité artistique créé pour l’occasion et présidé par Bernard Blistène, ancien directeur du Centre Pompidou. Consultés, le président de la République et l’archevêque de Paris ont plébiscité ce choix. Le projet répond « pleinement à leur intention » et se situe « à la hauteur de ce que réclame la cathédrale, tant par la très grande qualité artistique de la proposition et son insertion architecturale […] que par le respect du programme figuratif choisi par le diocèse de Paris relatif à la Pentecôte », souligne le communiqué.
La Pentecôte selon Claire Tabouret
Artiste peintre de renommée internationale découverte par François Pinault et représentée par la galerie Perrotin, Claire Tabouret estime, quant à elle, que « l’opportunité de mettre son art au service de l’unité à travers le thème de la Pentecôte est une magnifique main tendue dans une époque comme la nôtre marquée par les guerres, les divisions et les tensions extrêmes ». Sa vision ? : « J’ai considéré le chemin du visiteur comme un voyage profondément personnel et spirituel à travers Notre-Dame. Il me semble essentiel de créer des vitraux qui auront une présence juste, accompagneront ce déplacement dans l’espace et interviendront comme un soutien au voyage intérieur, mais sans s’imposer aux visiteurs ». Pour ce faire, elle travaillera avec l’atelier Simon-Marq, maîtres verriers à Reims depuis 1640, qui a à son actif de nombreuses créations de vitraux religieux, notamment ceux d’Imi Knoebel dans la cathédrale de Reims ou ceux d’Hans Erni dans le Temple de Martigny en Suisse.
Les défenseurs du patrimoine montent au créneau
La décision de retirer les vitraux datant de la restauration de Viollet-le-Duc – classés au titre des Monuments historiques et qui avaient été laissés intacts par l’incendie –, avait fait bondir de nombreux défenseurs du patrimoine. Didier Rykner, le rédacteur en chef de La Tribune de l’Art, avait lancé dès le 10 décembre 2023 une pétition adressée à Emmanuel Macron qui comptabilise à ce jour plus de 240 000 signatures. « Les vitraux de Notre-Dame conçus par Viollet-le-Duc l’ont été comme un ensemble cohérent. Il s’agit d’une véritable création que l’architecte a voulu fidèle à l’origine gothique de la cathédrale », s’y insurge-t-il. « Les vitraux contemporains ont toute leur place dans l’architecture ancienne lorsque ceux d’origine ont disparu. Ils n’ont pas vocation à remplacer des œuvres qui existent déjà ». Découvrant le projet de Claire Tabouret, l’association Sites & Monuments déplore sur X cette « idée de reproduire la trame des vitraux de Viollet-le Duc au sein des vitraux contemporains pour lui “rendre hommage”. Preuve, s’il en est, que les concepteurs de ce programme n’ont pas la conscience tranquille… » D’aucuns proposent d’installer les vitraux de la discorde dans la tour nord de Notre-Dame, lieu symbolique où l’incendie a été stoppé et qui n’accueille pas de vitraux historiques. À bon entendeur…