Le Solutréen prend l’air au musée national de Préhistoire
L’hiver s’installe, et avec lui la nouvelle exposition du musée national de Préhistoire dédiée à l’époque solutréenne. Nous sommes aux alentours de 23 000 ans, le vent souffle et le froid se répand dans la steppe qui couvre alors le continent européen jusqu’au nord-ouest de la péninsule Ibérique. Chronique d’une époque méconnue en mots et en objets.
Au sein de la chronologie des nombreuses époques qui jalonnent la Préhistoire, le Solutréen se dintingue par la qualité de son industrie lithique : un travail maîtrisé avec savoir-faire et élégance dont les fameuses « feuilles de laurier », grandes et fines pièces oblongues, épaisses de quelques millimètres à peine, sont les plus célèbres. Accompagnés des non moins connues « pointes à cran » qui ont soulevé la question de l’usage de l’arc dès cette époque (que l’on jugeait trop reculée pour l’utiliser), et de bien d’autres témoins de l’intelligence technique de ces populations, des spécimens parmi les plus renommés s’égrainent tout le long du parcours. Malgré leur qualité, et les outils en pierre étant souvent les plus nombreux, ils ne suffisent pas à rendre compte de la complexité sociale et culturelle des groupes humains qui les ont produits.
Un vent d’air frais
Ainsi, dans le fond comme dans la forme, le souhait de l’exposition est de donner à saisir la réalité de ce quotidien sous ses différentes facettes. Comment vivait-on au Solutréen ? Quels étaient les habitats, la nourriture, l’art ou les croyances ? Il faisait froid, entre 10 et 12° de moins qu’aujourd’hui, en moyenne : comment s’habillait-on, se parait-on ? Quelles relations les populations entretenaient-elles ? Comment interagissaient-elles avec leur environnement naturel ? Une sélection de vestiges issus des principaux sites connus pour cette époque, en France, dans le Périgord notamment, mais aussi en Espagne et au Portugal, aide à répondre. Et nous découvrons des objets rares, tel cet ensemble de bracelets et d’éléments de parure façonné en ivoire de mammouth, dont le travail témoigne, là encore, de finesse et de délicatesse.
Une exposition innovante
Élaborée dans un esprit d’échange et de collaboration, sous la houlette d’un commissariat général et scientifique de spécialistes éminents, l’exposition évolue dans l’enceinte du musée de façon innovante, mettant à profit l’existant des collections permanentes tout en se frayant son chemin au gré d’une signalétique spécifique, adaptée à une grande variété de publics. Dedans, dehors, l’exposition se prolonge jusque sur la terrasse extérieure où une habitation à taille d’enfant est reconstituée. En complément de ce qui est montré, de multiples animations sont proposées pendant toute la durée de l’exposition : un jeu d’enquête pour petits et grands, des manipulations d’objets, des ateliers… Le musée se met en mouvement.
« La vie au grand air ! Il y a 23 475 ans : chroniques solutréennes », jusqu’au 12 mai 2025 au musée national de Préhistoire, 1 rue du Musée, 24620 Les Eyzies. Tél. 05 53 06 45 45 et https://musee-prehistoire-eyzies.fr