Le Ladakh : carrefour himalayen au cœur de l’Asie (2/4). L’art rupestre du Ladakh

Blocs gravés recouverts de motifs zoomorphes (chameaux, yaks, bouquetins, cerfs) : rive basse d’un ruisseau asséché dans le village de Stagmo.

Blocs gravés recouverts de motifs zoomorphes (chameaux, yaks, bouquetins, cerfs) : rive basse d’un ruisseau asséché dans le village de Stagmo.

Au Ladakh, l’art rupestre prend la forme de sites de pétroglyphes de plein air. Bien qu’aucune méthode de datation directe n’existe encore pour les gravures, de nombreux critères (couleur de la patine, technique et outil utilisés, thème, style, superimposition, etc.) permettent d’en proposer une chronologie. Cet art constitue ainsi, actuellement, l’une des sources matérielles principales pour saisir l’occupation humaine de cette région entre le IIIe millénaire avant notre ère et le XIIe siècle de notre ère.

Après avoir été l’apanage d’un petit nombre de missionnaires à la fin du XIXe siècle, puis d’explorateurs dans la première moitié du XXe siècle, l’art rupestre a fait l’objet de travaux ponctuels et préliminaires jusqu’au début des années 1990 puis, depuis 30 ans, d’une documentation systématique et d’une approche globale.

Site rupestre d’Alchi en cours de destruction avec un bloc gravé d’un stupa accompagné d’une inscription en tibétain.

Site rupestre d’Alchi en cours de destruction avec un bloc gravé d’un stupa accompagné d’une inscription en tibétain. © MAFIL, Martin Vernier

Des milliers de pétroglyphes répartis dans toute la région témoignent de l’adoption au Ladakh d’éléments visuels centrasiatiques.

Un thésaurus inestimable

La mise en place récente d’un thésaurus, après presque deux décennies de recherches par certains membres de la MAFIL, permet à présent de décrire de manière standardisée 17 000 pétroglyphes pour près de 3 000 roches gravées réparties sur une centaine de sites. L’existence de plusieurs centaines d’autres en a porté le nombre estimé à 50 000. Dans l’Himalaya, l’art rupestre n’est pas sujet au pillage mais aux détériorations et à la destruction. L’intensification du réseau routier dans cette zone frontière politiquement sensible, la construction d’infrastructures hydroélectriques ou encore l’abandon de la terre crue comme matériau de construction au profit de la pierre sont des menaces quotidiennes. Depuis quelques années l’importance scientifique et la valeur patrimoniale de l’art rupestre ont été unanimement reconnues. Les initiatives d’une ONG ladakhie spécialisée dans la protection du patrimoine et celles du gouvernement local font espérer que ces sites soient protégés à l’avenir.

Yak figuré sur le site de Kiari, au Changthang.

Yak figuré sur le site de Kiari, au Changthang.