10 ans d’expositions à L’Arbre vagabond

De Florence Hinneburg – l’une des premières plasticiennes exposées – à Pascal Lombard l’hiver dernier, ce sont 10 ans d’aventure artistique qui se déploient, guidée par les choix exigeants du galeriste.

Alexandre Hollan, Jean Pierre Schneider, Istvan Peto, Anne Slacik, Nurcan Giz, Anne Paulus, Jeanne Rebillaud, Pablo Flaiszman… cheminent côte à côte, chacun avec son univers esthétique et son médium de prédilection (ou plusieurs), pointe sèche et aquatinte (Jeanne Rebillaud, Pablo Flaiszman), acrylique et huile (Jean Pierre Schneider), mais aussi tempera (Pascal Lombard), pastel gras (Jérôme Bost), métal (Pierre Gaucher) et même tapisserie (Noël Pasquier), pour n’en citer que quelques-uns. Et pourtant, progressivement, apparaît un fil conducteur révélant le goût et les affinités électives de Jean-François Manier. Ces créateurs ont en partage de « dire le monde, le révéler au plus près, au plus juste. […] Ensemble, ils forment à leur insu, et malgré leur singularité, une petite communauté, une “tribu” qui parlerait la même langue, sans pour autant dire la même chose. » Ils sont à la fois révélateurs de la création artistique de leur temps – même si la plupart se mêlent bien peu de mode – et parties constitutives de l’édifice, jamais achevé, que construit Jean-François Manier au fil du temps.

Pablo Flaiszman, Otro paso, 2012, eau-forte et aquatinte, 60 x 80 cm (plaque). © Jean-François Manier

L’absence de thématique commune à l’exposition montre la manière dont s’est bâti cet ensemble : « librement, hors de toute école, de toute spéculation, de tout souci de renommée. C’est pourquoi elle est singulière et peu à peu fait œuvre elle aussi. » En creux, se dessine également le travail du galeriste qui choisit, suit et défend « ses » artistes. De station en station, le visiteur vagabond affine son regard, éprouve la légèreté ou la puissance qui émane des œuvres, apprend à discerner les liens qui unissent ces artistes. Sa présence participe à la cohérence de la collection : il en fait désormais partie, fouille aussi le mystère du monde et accepte, complice, l’invitation au voyage.

Noël Pasquier, Arbre bleu, 2020, technique mixte sur toile, 30 x 30 cm. © Courtesy Marie-Hélène et André Bertrand