Le musée du Cheval de Chantilly poursuit sa métamorphose

Les Grandes écuries de Chantilly.

Les Grandes écuries de Chantilly. Photo service de presse. © Marc Walter

À quelques foulées du château de Chantilly, les Grandes écuries édifiées pour le prince de Condé au début du XVIIIe siècle abritent depuis 1982 le musée vivant du Cheval. Entièrement repensée en 2013, cette institution atypique poursuit sa progressive transformation. Son ambition ? Être toujours plus pédagogique, mettre en lumière les différents métiers liés à l’univers équestre, créer des atmosphères propres aux écuries, et recentrer le parcours autour de Chantilly, qui s’est imposée depuis plusieurs siècles comme une capitale du cheval.

Dès le début du parcours muséal, un florilège de portraits et documents est rassemblé autour d’une maquette de l’édifice qui montre toute l’ampleur et la complexité de ces exceptionnelles écuries. Mais avant même de passer la porte, le visiteur est d’emblée impressionné par la majestueuse façade en pierre de taille longue de 180 mètres.

Un temple à la gloire du cheval

Il faut dire que Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), septième prince de Condé et petit-fils de Louis XIV, n’a pas lésiné sur les moyens pour loger ses 240 chevaux et 500 chiens de chasse ! C’est en 1719 qu’il charge l’architecte Jean Aubert (vers 1680-1741), élève de Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), d’édifier ce véritable palais pour les chevaux. Il lui faudra une quinzaine d’années pour achever ces prodigieuses écuries, les plus grandes de France après celles de Versailles. Outre son ampleur, l’édifice se distingue par son décor sculpté de style rocaille qui magnifie les façades et sa somptueuse salle du dôme, où se déroulent aujourd’hui les spectacles équestres. Fort peu modifiées au cours des trois siècles de leur histoire, les Grandes écuries du château de Chantilly constituent à l’évidence un écrin rêvé pour le plus grand musée du cheval d’Europe continentale.

Les Grandes écuries de Chantilly.

Les Grandes écuries de Chantilly. Photo service de presse. © Marc Walter

Chantilly, capitale du cheval

C’est à la Renaissance que le cheval prend à Chantilly une importance nouvelle, lorsque le connétable de François Ier, Anne de Montmorency, aménage des chemins à travers les forêts de son domaine pour l’adapter à la chasse à courre. Si la vénerie prend son essor au XVIIe siècle, il faut attendre 1836 pour que Chantilly s’impose auprès du grand public comme une capitale du cheval, lorsque l’hippodrome (le premier d’Europe continentale !) sort de terre à côté des Grandes écuries. Réputé pour ses tribunes, construites en 1881 et inscrites au titre des Monuments historiques, il sert de décor à de prestigieuses courses et contribue aujourd’hui encore au développement de la ville.

Tenue de chasse de l’équipage du prince de Condé.

Tenue de chasse de l’équipage du prince de Condé. Photo service de presse. © Thierry Ollivier

Quelques nouveautés

Réaménagée l’an dernier, la salle dédiée à la chasse réunit des estampes, tableaux et photographies anciennes, autour de trompes de chasse et d’une tenue de l’équipage Condé, reconnaissable à ses couleurs beige et bordeaux. Parmi les dépôts de premier plan accordés par la société France Galop qui exploite l’hippodrome, figurent plusieurs trophées et tenues de jockeys désormais exposés dans la section dédiée aux courses de galop. On découvre notamment l’impressionnante Gold Cup d’Ascot en argent massif remportée par Henri Delamarre en 1874, les selles, bottes et casaques de jockeys célèbres comme Thierry Jarnet, Olivier Peslier et Yves Saint-Martin, ou encore de fascinants portraits de chevaux, jockeys et entraîneurs brossés dans les années 1890 par le peintre allemand Emil Adam (1843-1924).

La salle consacrée au polo a été récemment réaménagée.

La salle consacrée au polo a été récemment réaménagée. Photo service de presse. © Elisa Tato Oviedo

Plus « vivant » que jamais

Avant même d’accéder aux salles du musée proprement dit, la visite des écuries débute par une immersion très sensorielle puisque l’on traverse les boxes qui accueillent aujourd’hui une quarantaine de chevaux. Car le musée vivant du cheval, inauguré en 1982 grâce à la volonté sans faille d’Yves Bienaimé, a toujours accordé une place centrale à la pratique équestre comme aux spectacles. Proposés tout au long de l’année, ils contribuent indéniablement à l’attractivité du lieu. Si la présentation de costumes et de photographies à la fin du parcours vous en donnent un avant-goût, rien de mieux bien sûr que d’assister à une représentation ! Vous pourrez ainsi découvrir dès le 30 novembre Le vieil ange et l’enfant, spectacle de Noël mêlant poésie et humour.

Un musée repensé en 2013

La refonte complète de la partie muséale, effectuée en 2013 grâce à la Fondation pour la sauvegarde de Chantilly, avait orienté le parcours vers une approche plus ethnographique et artistique, mais la progressive métamorphose en cours entend remettre au cœur de ce lieu prisé par les familles la dimension « vivante » et didactique. Cela passe aussi bien par la mise en lumière des métiers (maréchal-ferrant, sellier, jockey), que par l’aménagement de salles immersives et de dispositifs pédagogiques.

La Compagnie équestre des Grandes écuries de Chantilly.

La Compagnie équestre des Grandes écuries de Chantilly. Photo service de presse. © Christophe Tanière

Un parcours immersif

Parmi les nouveautés, on apprécie tout particulièrement la salle dédiée aux métiers de la sellerie, organisée autour d’une éblouissante selle éclatée, ainsi que la salle de la sellerie qui permet de sortir des réserves une quarantaine de pièces exceptionnelles. Les selles pour dame du XIXe siècle, pour gaucho argentin ou militaire français, côtoient ici une selle de la cavalerie américaine, une selle de fantasia, une selle de travail du Pérou… Et dans la salle suivante, les plus curieux peuvent tester eux-mêmes différents types de selles pour amazone, saut d’obstacle, dressage ou western.

La toute nouvelle sellerie permet de sortir des réserves une partie de l’exceptionnelle collection de selles du monde entier conservée au musée.

La toute nouvelle sellerie permet de sortir des réserves une partie de l’exceptionnelle collection de selles du monde entier conservée au musée. Photo service de presse. © Sophie Lloyd

Des joyaux insoupçonnés

Mois après mois, le parcours ne cesse d’évoluer au gré des dépôts, dons et acquisitions (le tout nouveau site Internet dédié aux collections en donne un aperçu). Si le musée met l’accent sur Chantilly, il regorge aussi de pièces venues du monde entier : on admire par exemple, dès le début de cette promenade dans l’univers équestre, une superbe collection de mors, éperons et étriers du Chili, du Maroc, de Chine ou d’Italie. Autant d’objets utilitaires à l’origine, qui dialoguent avec de véritables œuvres d’art : bronzes d’Emmanuel Frémiet (1824-1910), époustouflant ensemble de panneaux en Pietra dura attribués au Florentin Giuseppe Zocchi (vers 1716-1767), lithographies montrant les différents types de voitures hippomobiles (phaétons, calèches, berlines…). La frontière entre éléments de harnachement et œuvre d’art se fait souvent ténue. C’est particulièrement le cas de l’attelage d’apparat commandé par le prince de Condé pour le sacre de son cousin Charles X en 1825. Progressivement restaurés grâce à la Société des amis des Grandes écuries fondée il y a deux ans, les somptueux harnais présentés sur des mannequins de chevaux témoignent du train de vie fastueux du prince de Condé et de l’importance qu’il accordait aux chevaux, à l’instar de son illustre prédécesseur Louis-Henri de Bourbon, qui avait eu la folle idée de créer ces fabuleuses écuries… 

Au premier plan, deux des huit harnais de l’attelage d’apparat commandé par le prince de Condé pour le sacre de Charles X, présentés sur des mannequins de chevaux. On aperçoit à l’arrière-plan une partie des panneaux en Pietra dura et Pietra Paesina attribués à Giuseppe Zocchi (XVIIIe siècle).

Au premier plan, deux des huit harnais de l’attelage d’apparat commandé par le prince de Condé pour le sacre de Charles X, présentés sur des mannequins de chevaux. On aperçoit à l’arrière-plan une partie des panneaux en Pietra dura et Pietra Paesina attribués à Giuseppe Zocchi (XVIIIe siècle). Photo service de presse. © Musée vivant du cheval

Musée vivant du cheval, Grandes écuries du château de Chantilly, rue du Connétable, 60500 Chantilly. Tél. 03 44 27 31 80. www.museevivantducheval.fr / chateaudechantilly.fr