Deux nouvelles voies romaines révélées dans les Landes

Tracés des voies romaines avérées en rouge et tracés des voies romaines supposées en noir.

Tracés des voies romaines avérées en rouge et tracés des voies romaines supposées en noir. DR

Dans le massif des Landes de Gascogne, la découverte de deux voies romaines, insoupçonnées jusqu’alors, apporte de nouvelles perspectives à l’histoire de la région. Elle a été permise grâce aux travaux de deux bénévoles, Didier Vignaud et Romain Meynot, du Centre de recherches archéologiques sur les Landes (CRAL), en particulier à leur étude attentive des images fournies par la technologie du LiDAR.

Si l’Itinéraire d’Antonin, établi à la fin du IIIe siècle ou au début du IVe siècle, ne mentionne que deux voies romaines traversant les Landes à l’époque antique, les archéologues et les historiens confirment l’existence de la voie littorale, reliant Bordeaux à Dax, passant par les actuels étangs de Sanguinet et de Biscarrosse, ou encore des tronçons identifiés dans le village de Gouts ou à Uchacq-et-Parentis, sans parler de la passerelle de 15 m de large mise en lumière à Pujo-le-Plan lors de fouilles préventives.

Détections de tronçons surélevés

C’est grâce à la technologie du LiDAR, système aéroporté de détection des vestiges à travers le couvert végétal, que sont notamment apparues les deux nouvelles voies romaines. « La première reliait Bordeaux à l’Adour et la seconde Bazas, en Gironde, toujours à l’Adour. Elles passaient de chaque côté de la ville actuelle de Mont-de-Marsan en encadrant le bassin de la rivière la Midouze. Cela remet donc en cause le paradigme d’un désert landais », souligne Didier Vignaud, bénévole au CRAL, association fondée il y a tout juste 40 ans, en 1984, reconnue d’utilité départementale et à l’origine de plus d’une cinquantaine de sondages, fouilles, prospections et inventaires qui ont conduit à la mise au jour de 1 600 sites inédits. « Quand j’ai vu des anomalies topographiques linéaires laissant apparaître des tronçons surélevés rectilignes de voies romaines, je n’en revenais pas ! », explique Romain Meynot au terme de longues heures d’études. En dessinant leurs prolongements dans différentes directions, les deux bénévoles réalisent que ces tronçons représentaient deux axes importants mesurant entre 13 et 24 m de large. « Sur les images, deux traits noirs confirment la présence de fossés bordant les deux voies », précise Didier Vignaud. Une quinzaine de tronçons secondaires a également été recensée.

Des hypothèses de transport à revoir

Surnommées depuis « Meynot » et « Des rivières », ces voies mettent en lumière l’organisation territoriale et les infrastructures de l’Empire romain, indiquant la manière dont les Landes actuelles étaient intégrées aux réseaux antiques de communication et de déplacement, facilitant les échanges commerciaux et culturels ou les mouvements militaires. Maillage essentiel du territoire, elles dévoilent aussi certains aspects de l’économie. En effet, si jusqu’à présent les archéologues supposaient que le goudron, produit par les nombreux ateliers de la région, était acheminé vers le bassin d’Arcachon (notamment pour le calfatage des bateaux) par le réseau fluvial, ils envisagent désormais d’autres hypothèses de transport. Des fouilles préventives complémentaires devraient être menées sous peu afin de préciser où tous ces chemins menaient…

Pour aller plus loin :
VIGNAUD D., 2023, « Les voies “romaines” du bassin de la Midouze et du nord-Adour », Archéologie des Pyrénées occidentales et des Landes, no 34, décembre. www.facebook.com/groups/centrederecherchesarcheologiquessurleslandes