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Grandeur et décadence des géants de la Préhistoire (2/7). Le registre fossile exceptionnel du bassin de Mygdonia en Grèce

Fouilles de Tsiotra Vryssi montrant des restes de mammouth (détail).

Fouilles de Tsiotra Vryssi montrant des restes de mammouth (détail). © Musée de Géologie Paléontologie Paléoanthropologie, université Aristote de Thessalonique, Grèce

Dès la fin du XVIIIe siècle, date à laquelle leur existence est connue, les mammouths (du russe mamont) ont passionné les premiers chercheurs. Une fascination qui ne s’est jamais démentie auprès du grand public : la taille de ces pachydermes, la forme de leurs défenses, la longueur de leur trompe et leur abondante fourrure concourent toujours à en faire aujourd’hui les stars des animaux préhistoriques. À l’occasion, fin février 2023, du retour du célèbre mammouth de Durfort au Muséum national d’Histoire naturelle après un an de restauration, Archéologia vous propose un dossier « Mammouth » pour mieux connaître ces pachydermes de la Préhistoire et leurs contemporains tout en faisant la synthèse des derniers apports de la paléontologie.

Les auteurs du dossier sont : Amélie Vialet (auteur et coordinatrice), Muséum national d’Histoire naturelle, UMR 7194, HNHP ; Philippe Fosse et Jean-Philip Brugal, UMR 7269, LAMPEA, université Aix-Marseille ; George Konidaris, université de Tübingen (Allemagne) ; Dimitris Kostopoulos, université Aristote de Thessalonique (Grèce) ; Ran Barkai, université de Tel-Aviv (Israël) ; Frédéric Plassard, responsable de la grotte de Rouffignac, UMR 5199, PACEA, université de Bordeaux ; Régis Debruyne, Muséum national d’Histoire naturelle, UMR 7209, AASPE ; Anne-Marie Moigne, Muséum national d’Histoire naturelle, UMR 7194, HNHP.

Ce dossier a été conçu en hommage à deux grands paléontologues qui nous ont quittés récemment : Emiliano Aguirre (1925-2021) et Yves Coppens (1934-2022).

Fouilles d’Apollonia montrant des restes de mammouth.

Fouilles d’Apollonia montrant des restes de mammouth. © Musée de Géologie Paléontologie Paléoanthropologie, université Aristote de Thessalonique, Grèce

De nombreuses campagnes de terrain, menées depuis 1977 dans les dépôts fossilifères du bassin de Mygdonia, en Grèce, ont conduit, jusqu’à présent, à la découverte de treize sites, datés entre environ 2 et 1,2 millions d’années. Ces recherches paléontologiques offrent aussi de précieuses informations sur les écosystèmes terrestres du début du Pléistocène (2,5-2 millions d’années) du sud-est de l’Europe et soulignent l’importance de ce bassin pour l’étude des mammifères de cette période.

Les sites du bassin de Mygdonia ont ainsi mis en évidence une faune variée et riche en mammifères herbivores, tels que bisons, cerfs, chevaux, girafes, rhinocéros, hippopotames et mammouths. Les carnivores présentent également une grande diversité, comprenant les plus grands prédateurs de l’époque, comme les hyènes géantes (Pachycrocuta), les canidés (Canis) ressemblant à des loups, et les félins à dents de sabre – les puissants félidés Megantereon et Homotherium, qui étaient bien adaptés pour chasser et tuer leurs proies avec leurs canines allongées.

Les mammouths grecs

Les mammouths sont connus dans plusieurs sites du bassin et appartiennent au mammouth méridional, Mammuthus meridionalis. Les sites les plus riches et les plus fouillés sont Tsiotra Vryssi et Apollonia. Sur le premier, les mammouths sont représentés principalement par des os postcrâniens, dont certains sont restés en étroite association anatomique. C’est particulièrement important car leur étude métrique peut conduire à l’estimation de la hauteur de l’animal à l’épaule et de sa masse corporelle ainsi qu’à la détermination du sexe. Quant à Apollonia, il a livré principalement une hémi-mandibule et de nombreuses dents, qui appartiennent à quatre individus distincts. D’après le degré d’usure dentaire, leur âge ontogénétique varie d’environ 1 à 70 ans. L’étude taxinomique des spécimens et leur comparaison avec le matériel provenant d’autres sites européens montrent que le mammouth d’Apollonia appartient à un représentant avancé de Mammuthus meridionalis, qui existait en Europe vers la fin du Pléistocène inférieur, soit entre 1 Ma (millions d’années) et 800 000 ans.

Fouilles de Tsiotra Vryssi montrant des restes de mammouth.

Fouilles de Tsiotra Vryssi montrant des restes de mammouth. © Musée de Géologie Paléontologie Paléoanthropologie, université Aristote de Thessalonique, Grèce