Le mot du mois d’Anne Lehoërff : « temps »
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Calendrier aztèque en basalte, vers 1502-1521. Mexico, musée national, vers 1930. © Heritage Images, Aurimages
Le temps est inhérent à l’Histoire et l’archéologie s’en empare pour en repousser les limites, pour le placer sur la longue durée.
La très longue durée grâce à des traces et des vestiges ténus, infimes témoignages d’une humanité lointaine, mais sans s’interdire celle, toute proche, qui n’est pas encore hors de la mémoire.
Temps linéaire, temps cyclique
Le temps se déploie dans une dynamique double, linéaire qui se déroule imperturbable et cyclique qui revient en boucle. L’archéologie affronte le temps des hommes, tout en s’inscrivant dans celui de son histoire. Difficile défi que celui de saisir la temporalité d’une vie disparue ou d’un évènement achevé quand aucun mot n’en fait le récit. Il faut alors faire parler des vases, des ossements, des graines, des pierres, des fantômes de gestes…
Le fil du temps qui passe
Les archéologues classent, datent, posent des jalons. Ils mettent à profit des batteries de méthodes pour aligner des points sur le fil du temps qui passe, telles des notes sur une partition de musique. Ils scrutent la terre pour établir des antériorités et des postériorités qui se lisent dans les stratigraphies. Ils osent des noms, proposent des hypothèses sur ce rapport si complexe des hommes au temps. Celui de leur propre vie et de son inexorable finitude ; celui des sociétés qui se réinventent sans cesse ; celui qui s’écoule sans jamais s’arrêter. Celui que l’on tente aussi d’ordonner dans des calendriers, eux-mêmes pluriels à l’échelle de l’histoire humaine. Tous ont une date de fin qui ouvre alors, au milieu de la fête, une page que l’on espère (presque) neuve !