Le projet SATHMA : les sculptures en ligne

Face avant du chapiteau de Daniel dans la fosse aux lions, retaillée à l’époque romane.

Face avant du chapiteau de Daniel dans la fosse aux lions, retaillée à l’époque romane. © A. Devillechaise

En 2016, des spécialistes de la sculpture de la fin de l’Antiquité et du début du Moyen Âge décidaient de relancer, sous forme numérique, le Recueil général des monuments sculptés en France pendant le haut Moyen Âge (IVe-Xe siècles). Initié par l’École du Louvre, le musée du Louvre, puis porté avec les UMR du CNRS ArAr de Lyon et Artehis de Dijon, le projet SATHMA s’est inscrit dans une entreprise plus générale d’étude des sources de ces époques. Une journée d’étude organisée hier 22 novembre présentait cette nouvelle base de données en ligne.

S’articulant avec le corpus CARE-France sur les églises antérieures à l’an mil, le projet SATHMA (Sculpture de l’Antiquité tardive au haut Moyen Âge) a pour objectif de réaliser l’inventaire de la sculpture de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge en France, essentiellement dans les domaines funéraire (sarcophages, stèles…), architectonique (chapiteau, antéfixe…) et liturgique (autel, chancel, ambon…). Les limites chronologiques définies, entre le IVe et le Xe siècle, permettent ainsi de mieux saisir les changements opérés dans le décor sculpté de la fin de l’Antiquité jusqu’au seuil de l’art roman.

« Cartes d’identité » inédites

En 2022, lauréat de deux appels à projets, l’un de la Fondation des Sciences du Patrimoine et l’autre du Groupement d’intérêt scientifique Collex-Persée, le projet est entré dans une nouvelle dynamique. La documentation collectée dans les années 1960-1980 conservée au département des Sculptures du musée du Louvre et celle issue d’autres fonds sont venues alimenter une base de données développée sous Heurist. Chaque notice constitue une véritable « carte d’identité » de la pièce sculptée, mentionnant les circonstances de sa découverte, ses caractéristiques matérielles et décoratives, une datation argumentée, la bibliographie afférente et des clichés photographiques. Une attention particulière est portée au matériau, aux détails techniques (traces d’outils et de fixations) participant à la compréhension des gestes des sculpteurs, des mises en œuvre originelles et des réaménagements. Chacune des notices d’objets est, après sa validation définitive, considérée comme une publication électronique. Cette base de données est accessible en ligne avec une interface de production pour les contributeurs et une autre de consultation avec recherche par mots-clés ou géolocalisation, paramétrable pour s’adapter aux spécificités du corpus présenté ; elle respecte aussi les recommandations de la science ouverte.

Un nouvel outil de recherche

Lors de cette journée d’étude, chercheurs, étudiants, professionnels du patrimoine et de l’archéologie et un large public ont pu s’approprier ce nouvel outil de recherche sur un mobilier sculpté qui constitue un jalon primordial dans la plastique médiévale occidentale, alors qu’il reste, en grande partie aujourd’hui, inédit. Les chercheurs y trouveront des éléments de comparaison et de référence nécessaires à l’identification de pièces sculptées souvent fragmentaires lors de leurs découvertes. Enfin, la mise à disposition de ce matériel permettra aux chercheurs de produire les synthèses attendues sur cette sculpture.

Pour aller plus loin : https://corpussathma.hypotheses.org