Luxeuil-les-Bains : l’Ecclésia a 20 ans !

Vue du site de l’Écclesia. © Étienne Kopp
Place de la République, 2005 : des premiers sondages archéologiques débutent à Luxeuil-les-Bains. Ils dévoilent alors des vestiges insoupçonnés, certains vieux de 2 000 ans sous le sol de cette cité de Haute-Saône. Vingt ans plus tard, une exposition à l’Ecclésia retrace la fabuleuse saga de leur mise au jour et en valeur.
Aujourd’hui connue par sa base aérienne, l’antique Luxovium a longtemps eu destin lié avec les sources d’eaux chaudes qui faisaient sa réputation de cité thermale. Dès l’Antiquité (Ier-IIe siècle de notre ère), elle se développe autour de sanctuaires thérapeutiques. Les fouilles ont d’ailleurs livré des vestiges d’habitations gallo-romaines et permis de cerner trois pôles majeurs : le complexe cultuel autour des thermes, le complexe monumental autour du forum et un quartier artisanal, centré notamment sur la production de céramiques.
Un lieu de pélerinage
Déjà prometteur, le sort de la ville bascule lorsque le moine irlandais Colomban (540-615) arrive dans la région et fonde trois monastères (!) à Annegray, Fontaine et Luxeuil – ville où, contrairement à ce que racontent les enjoliveurs récits hagiographiques, une vie chrétienne était déjà active. Le monastère est ensuite dirigé par le futur saint Valbert (vers 575-668), disciple de saint Colomban et qui est, à sa mort, enterré dans une crypte de l’église Saint-Martin. Devenue lieu de pèlerinage et d’inhumations, cette dernière connaît son âge d’or à l’époque mérovingienne, grâce à son célèbre scriptorium d’où sortent de somptueux manuscrits.
Évocation de l’église Saint-Martin. © P.-Y. Videlier
Des sarcophes mérovingiens exceptionnellement bien conservés
C’est ce que les sondages de 2005 (en vue de la construction d’un parking) commencèrent à révéler ; ils furent donc suivis de fouilles entre 2008 et 2015, menées sous la direction de Sébastien Bully, archéologue au CNRS. Avec son équipe pluridisciplinaire, ils mirent au jour les vestiges de l’église Saint-Martin et la crypte de saint Valbert, des traces d’un quartier d’habitat gallo-romain du IIIe siècle, d’une auberge et d’un atelier de charrons (artisans spécialistes du bois et du métal), et quelque 380 sépultures, dont 150 sarcophages mérovingiens dans un état de conservation exceptionnel.
Reconstruction des parois sur le site de l’Écclésia. © S. Bully
Un mille-feuilles d’histoires
L’exposition revient sur cette épopée au fil de photos contant les grandes étapes des différentes découvertes de ce mille-feuilles d’histoires, jusqu’à la construction de l’Écclésia, édifice d’envergure et ultracontemporain de Michel Malcotti qui abrite – et préserve – les vestiges. Part belle est aussi faite aux multiples spécialistes qui se sont succédé dans la mise au jour et l’étude des vestiges. Car on ne le répétera jamais assez : les découvertes archéologiques ne sont jamais (ou si peu) le fruit de l’invention d’un individu isolé et génial, mais bien plus souvent celui minutieux et de longue haleine d’une assemblée, d’une (si bien nommée) Ecclesia, ici remarquablement mise en lumière.
« Luxeuil, 2000 ans d’histoire », jusqu’au 31 décembre 2025 à l’Écclesia, Cité Patrimoine, 30 rue Victor Genoux, 70300 Luxeuil-les-Bains. Tél. 03 84 40 06 41 et www.ecclesia-luxeuil.fr