Mercure sort de terre à L’Isle-Jourdain
Une fouille préventive menée par le bureau Hadès au lieu-dit Fontaine à L’Isle-Jourdain en 2019 a livré des vestiges de l’agglomération romaine de Bucconis. Parmi ceux-ci figurent un four de potier remontant au changement d’ère, une voirie ou encore un quartier dédié à l’artisanat métallurgique du IIe siècle. Une phase plus tardive (IVe-Ve siècle) a, elle, dévoilé des bâtiments en matériaux périssables, un lot conséquent de près de 950 monnaies, et à proximité d’une construction, cette remarquable statuette en bronze.
Ce Mercure a été exhumé à proximité d’un petit édifice quadrangulaire dans un remblai remanié ; son emplacement initial reste donc inconnu. Après un dégagement minutieux, il a fait l’objet d’un nettoyage en laboratoire suivi d’un traitement pour prévenir la corrosion du métal. Il s’agit d’une ronde-bosse en fonte pleine d’alliage cuivreux, ciselée et portant des traces de dorure à la feuille sur la tête, le cou et le drapé du manteau. Elle mesure 17,94 cm de haut, pour 9,55 cm de large, 13,25 cm de profondeur et pèse 1,108 kg.
Un dieu assis prêt à s’envoler
Mercure est figuré sous les traits d’un jeune homme imberbe, nu, assis, de face. Les avant-bras ainsi que les probables attributs tenus dans les mains sont manquants. Un court tenon placé au sommet du crâne correspondait probablement à la fixation du pétase disparu. La chlamyde, attachée sur l’épaule droite, couvre d’un pan la totalité du dos et de l’autre la partie gauche du corps. Les sandales sont marquées par deux ailerons plaqués contre le mollet et fixés de chaque côté de la cheville par une épaisse lanière à laquelle sont nouées deux autres plus fines maintenant le pied au niveau du talon et du cou-de-pied. Il était assis sur un siège, disparu, peut-être un rocher, systématique dans ce type de représentations.
Profits et gains assurés
L’œuvre est de facture très soignée. Mercure est clairement identifié par ses sandales ailées (talaria), symbole de la célérité du messager divin. La divinité est la plus représentée dans l’Empire romain par les statuettes et les figurines et ce type, assis, est fréquent en Gaule. L’archétype serait un Hermès au repos du sculpteur grec Lysippe, héritier d’une tradition remontant au Ve siècle avant notre ère. La position assez resserrée des jambes confère à cet exemplaire une présence frontale. L’attitude générale du dieu est emprunte d’un certain hiératisme. Le dieu devait tendre vers l’avant ses attributs (caducée, bourse, patère…) pour les donner à voir. Leur importance est probablement à mettre en rapport avec le rôle cultuel attribué à la majorité des statuettes. On restituerait volontiers l’objet au sein d’un édicule religieux, chapelle domestique ou communautaire, mais son contexte de découverte empêche d’aller plus loin. Somme toute, la présence du dieu patronnant les activités lucratives et assurant profits et gains semble prendre sens dans ce secteur périphérique de l’agglomération principalement dédié à l’artisanat et au commerce.