Anne Paulus, estampes et céramiques

Anne Paulus (née en 1966), Nova Descriptio XIV (détail), 2022, estampe sur carte ancienne, 82 x 52 cm. © Anne Paulus
Une quarantaine d’œuvres d’Anne Paulus se déploient dans les espaces du Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, installé dans l’ancien couvent des Récollets à Ciboure. Ses estampes et céramiques contemporaines font écho dans l’exposition à des cartes marines patrimoniales.
Cette rétrospective de créations d’Anne Paulus, élaborées depuis près de 20 ans, réunit des eaux-fortes, parmi lesquelles la série des « Archipels fragmentaires » et celle de « Nova Descriptio » imprimées sur des cartes anciennes entoilées.
Dans le sillage des grands navigateurs
L’artiste, née en 1966, s’inscrit dans le sillage des grands navigateurs et de leurs descendants en utilisant des documents qui ont voyagé, essuyé grains et tempêtes, été manipulés et usés par leur fonction d’aide au repérage. Elle grave de nouveaux océans, de nouveaux rivages à aborder. Du rapprochement entre exactitude géographique et mondes inventés par l’artiste, naît un rapport sensible et poétique à l’espace. La projection intellectuelle de l’ailleurs et le péril du voyage semblent plus importants que la destination. Représenter, c’est apprivoiser le danger du déplacement, transcender les peurs, ouvrir des chemins. Ainsi se chevauchent des lieux réels et imaginaires dans une exploration de la surface et de la profondeur.
Anne Paulus (née en 1966), Nova Descriptio XIV, 2022, estampe sur carte ancienne, 82 x 52 cm. © Anne Paulus
Une synthèse entre estampe et céramique
À l’horizontalité des cartes géographiques, répond la verticalité de la série « Edge », étroites eaux-fortes de plus de 2 mètres de haut imprimées sur feutre de laine. La curiosité de l’artiste pour la matière l’a également conduite vers la terre et le feu : Échanges se compose de sept sculptures en grès émaillé, la série « Underscape » est réalisée à partir d’un recueil de relevés de températures souterraines.
La traversée, c’est aussi le passage de la vie à la mort : avec « Intervalles bruissants », Anne Paulus s’inspire de disques en pierre du néolithique percés en leur centre, symbolisant à la fois le monde et ce passage. Intitulée « Bi », du nom de la forme de ces objets funéraires retrouvés en Asie, cette série imprimée sur feutre fait la synthèse entre estampe et céramique avec, au recto, une eau-forte au carborundum, au verso du grès émaillé.
Anne Paulus (née en 1966), Bi III, 2024, recto : eau-forte au carborundum, verso : grès émaillé, dim. : 32 cm. © Benjamin Etchegaray
Portulans et cartes marines
Dans l’espace du Belvédère, une vingtaine de portulans et cartes marines patrimoniales complètent le parcours. Même s’il s’agit de reproductions – de documents conservés à la Bibliothèque nationale de France –, on reste fasciné par ces représentations, établies entre le XIIIe et le début du XIXe siècle, des abords des ports et des routes maritimes. Qu’elles soient rudimentaires ou spectaculaires, ornées d’éléments décoratifs, elles sont le fruit des descriptions des mers et des côtes par les pilotes-explorateurs et offrent un passionnant contrepoint aux œuvres d’Anne Paulus.
Nicolò Caveri cartographe, Planisphère nautique, Bibliothèque nationale de France, département des Cartes et Plans. © Gallica BnF
« Traversées. Estampes et céramiques d’Anne Paulus » (dans le cadre de la 13e fête de l’estampe) et « Cartes marines », jusqu’au 7 juin 2025, CIAP Les Récollets – Errekoletoak, 2, quai François Turnaco, 64500 Ciboure. Tél. : 05 54 81 07 40, www.mairie-ciboure.fr/ciap-les-recollets-errekoletoak