De l’estampe au cinéma : Gustave Doré et ses graveurs

Gustave Doré (1832-1883), gravure illustrant L'Enfer de Dante (détail). © DR
Pour le 14e titre de la série « Impressions fortes » réalisée avec le concours de Maxime Préaud, conservateur général honoraire au département des Estampes de la BnF, la société de production Gallix présente les chefs-d’œuvre de Gustave Doré, un maître de l’illustration qui continue d’inspirer de nombreux artistes.
Avec ce film, Bertrand Renaudineau nous montre une technique non encore explorée dans sa série consacrée à la gravure : le bois de bout.
Les spécificités de la gravure sur bois de bout
Contrairement au bois de fil, coupé dans le sens des fibres et travaillé à la gouge, le bois de bout est tranché perpendiculairement et donc beaucoup plus dur et résistant. Gravé au burin, à l’échoppe, ou encore au « vélo », cet outil strié de lignes afin d’exécuter en même temps plusieurs tailles minces et parallèles, il permet d’obtenir les mêmes finesses que la taille douce. Avantage supplémentaire qui explique l’immense succès rencontré pendant un temps par ce procédé dans l’édition illustrée, les estampes effectuées de cette manière sont imprimées sur les mêmes presses que le texte, car les deux sont en relief.
Jaquette du film Gustave Doré et ses graveurs de Bertrand Renaudineau, collection « Impressions fortes », Gallix, 2024. © Bertrand Renaudineau / Gallix
Gustave Doré, artiste doué et prolifique
Ces impressions xylographiques connurent leur heure de gloire dans la seconde moitié du XIXe siècle avec Gustave Doré (1832-1883). Artiste extraordinairement doué et prolifique, il réalisa plus de 10 000 dessins dans sa courte vie. Pour mener à bien son ambitieux programme d’illustration des chefs-d’œuvre de la littérature, de Rabelais à Coleridge, de Dante à Cervantès, de Shakespeare à Poe, sans oublier les magnifiques Contes de Perrault, il fit travailler une centaine de graveurs. Il leur donnait des indications extrêmement précises pour restituer au plus près, en variant le plus possible les tailles, les nuances de son dessin exécuté directement sur le bois au pinceau, au lavis et à la gouache blanche. Ainsi que l’explique dans le film Valérie Sueur-Hermel, conservatrice au département des Estampes et de la Photographie de la BnF, la gravure de teinte mise au point par Doré se caractérise par la primauté des valeurs et l’importance accordée au noir et au clair-obscur. Des artistes contemporains, comme Gérard Blanchet et Serge Marzin, filmés ici dans leur atelier, continuent aujourd’hui à pratiquer cet art exigeant, tout en nuances et demi-teintes propices à ouvrir les portes de l’imaginaire.
Gustave Doré et ses graveurs, film de Bertrand Renaudineau, réalisé avec le soutien de l’Académie des beaux-arts, Institut de France, vidéo HD, durée : 45 minutes, 2024, prix : 20 €. Collection « Impressions fortes », Gallix, 5, rue Pierre Sémard, 75009 Paris. Tél. : 01 48 74 47 24, courriel : paris@gallix.fr, site Internet : gallixproduction.fr