Le Cabinet des livres du château de Chantilly
Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), caresse dès sa jeunesse le désir de redonner au château de Chantilly son lustre passé tout en y imprimant sa marque. Le Cabinet des livres occupe une place essentielle dans ce dessein. De la plus grande cohérence, il s’inscrit dans le prolongement d’un héritage d’exception. Il est d’une richesse inégalée et témoigne d’une exigence de distinction princière par le culte des arts, des lettres et de l’histoire. Classique et personnel à la fois, il reflète la vie du prince bibliophile. À l’occasion du bicentenaire de la naissance du duc d’Aumale, un cycle d’expositions en dévoile les multiples facettes.
Henri d’Orléans, cinquième fils du futur roi des Français Louis-Philippe, se voit transmettre à huit ans 933 manuscrits restitués sous la Restauration au dernier prince de Bourbon-Condé. En 1830, celui-ci les lègue à son filleul avec tous ses autres biens, dont le château de Chantilly. Le duc d’Aumale raconte comment, à 24 ans, entre deux campagnes militaires en Algérie, il passe des soirées entières à feuilleter ces « vénérables bouquins » et à en admirer les miniatures. Les livres sont placés sous séquestre lors de la chute de la monarchie de Juillet mais sont restitués et envoyés en Angleterre, où le prince vit en exil jusqu’en 1871 : « Le bienfait du dernier Prince de Condé m’a mis en possession de manuscrits rassemblés par ses aïeux, et qu’un hazard (sic) providentiel a laissés réunis. J’oubliais un peu ces vieux livres en des temps plus heureux ; mais le loisir que Dieu m’a donné sans que je le lui demande, m’a permis de faire avec eux une connaissance plus intime… »
L’héritage des princes de Bourbon-Condé
Les manuscrits sont les rescapés d’un ensemble de 60 000 ouvrages conservés au palais Bourbon avant la Révolution française. Louis V Joseph de Bourbon-Condé (1736-1818) en fait faire un petit catalogue par matière en 1817. Le duc d’Aumale a pour sa part une approche d’historien : il entreprend de démêler l’écheveau des différents héritages pour comprendre comment les livres se sont accumulés au fil des siècles. Sur une douzaine de manuscrits, les ex-libris de Jean du Mas de l’Isle (vers 1437-1495), chambellan de Charles VIII, côtoient les blasons des Montmorency qui achètent la bibliothèque des du Mas au XVIe siècle. Le duc d’Aumale repère aussi 47 livres d’Antoine de Chourses (vers 1450-1485) et de son épouse Catherine de Coëtivy (1460-1529), petite-fille d’Agnès Sorel et Charles VII, parvenus par héritages successifs jusqu’aux Condé. « Il m’a semblé que toute collection formée à cette époque où les livres étaient si rares, si chers et si difficiles à réunir, méritait de fixer l’attention… Une simple nomenclature de titres présente quelque intérêt ; c’est un renseignement qui n’est pas sans valeur pour l’histoire de l’esprit humain… », écrit le prince dans un article savant en 1854.
Aumale acquiert une connaissance très sûre des bibliothèques nobiliaires, où les livres sont à la fois des objets de luxe, des signes de tradition ancestrale, mais aussi des outils de savoir et de pouvoir. Il identifie les 20 manuscrits issus de la « librairie » du connétable Anne de Montmorency (1493-1567), qu’il reconnaît comme le créateur du Cabinet des livres de Chantilly et qu’il admire comme bâtisseur et mécène de la Renaissance. Le duc d’Aumale sait qu’il ne peut pas reconstituer une collection en grande partie disparue ou dispersée, mais il ne manque pas d’acheter, à la vente Gosford de 1882, un petit psautier imprimé à Paris en 1555 pour la maison du connétable, dans une reliure au chiffre d’Anne et de Madeleine de Montmorency : « Ce charmant exemplaire a probablement été dans les mains de ce terrible diseur de patenôtres ou de sa femme Madeleine. » Après l’exécution à Toulouse d’Henri II de Montmorency en 1632, seule une partie des livres sont restitués, avec le château, en1643, à la sœur d’Henri II, Charlotte-Marguerite, épouse d’Henri II de Bourbon et mère de Louis II de Condé (1621-1686), dit le Grand Condé. Ils sont intégrés à la collection des Condé dont le duc d’Aumale dénombre 800 manuscrits, la plupart modernes. Ceux-ci témoignent de l’importance et de la liberté des lectures du Grand Condé qui aime la guerre, la chasse, les arts et la gloire, auquel Aumale s’identifie et à qui il consacre ses principaux travaux historiques tout en multipliant les acquisitions.
« La bibliothèque d’Aumale perpétue aussi le goût des livres de la famille d’Orléans. Nombre d’entre eux proviennent des bibliothèques privées du Palais Royal ou de Neuilly. »
Les leçons de Louis-Philippe
La bibliothèque d’Aumale perpétue aussi le goût des livres de la famille d’Orléans. Nombre d’entre eux proviennent des bibliothèques privées du Palais Royal ou de Neuilly, cadeaux de famille pieusement conservés ou achats coûteux a posteriori. Les six volumes du roman de Perceforest, imprimés en 1528 par Galliot du Pré, sont une acquisition relevant de la haute bibliophilie et de l’histoire familiale. L’ouvrage, unique exemplaire sur vélin, soigneusement enluminé, a appartenu aux plus fameux collectionneurs du XVIIIe siècle comme le comte d’Hoym ou le duc de La Vallière avant d’être acquis par le duc de Penthièvre, grand-père de Louis-Philippe qui le montre volontiers à ses enfants : « Toute la famille a été charmée que le Perceforest ne sortît pas de la Maison », écrit le prince, qui y consacre plus de 11 000 francs en 1852. Le roi Louis-Philippe accorde d’importants moyens aux bibliothèques de la Couronne. Celle du palais de Versailles, liée à la constitution du musée de l’Histoire de France, et celles de Fontainebleau et Compiègne sont dotées d’ouvrages anciens documentant l’histoire de ces châteaux et de la monarchie française depuis le Moyen Âge jusqu’à la monarchie de Juillet. Cette leçon politique d’aménagement de châteaux avec bibliothèque est reprise par le duc d’Aumale à Chantilly. Les plus beaux livres d’architecture de la Renaissance y côtoient de nombreux ouvrages relatifs aux Valois. Tout cela donne au Cabinet des livres, du vivant du prince, l’allure d’une bibliothèque de travail où Henri d’Orléans étudie sa collection de portraits anciens ou bien nourrit ses échanges avec les architectes.
Le reflet de la vie du duc d’Aumale
Le Cabinet des livres est, à sa manière, une bibliothèque de son temps. Le XIXe siècle voit en effet le modèle des bibliothèques encyclopédiques céder le pas aux collections rétrospectives. En cet âge d’or de la bibliophilie, le duc d’Aumale fait partie des cercles étroits et prestigieux que sont la Philobiblon Society, le Roxburghe Club ou la Société des Bibliophiles françois. Il participe à leur fonctionnement académique et mondain, publie des articles dans les revues savantes, offre ses livres à reproduire en tirages limités. La vie du prince se lit aisément à travers la collection. Les livres de prix reçus au collège royal Henri IV sont classés dans la catégorie des livres de première importance, de même que les ouvrages illustrant le goût orientaliste et la carrière d’Henri d’Orléans en Algérie. Le château de Chantilly abrite 40 manuscrits en provenance de la smala, l’immense capitale nomade de l’émir Abd el-Kader (1808-1883), prise d’assaut par le duc d’Aumale et ses troupes dans la région de Mascara le 16 mai 1843. Ce sont les rescapés de la bibliothèque que l’émir, personnalité marquante qui impressionna Henri d’Orléans, avait entrepris de fonder à Tagdemt, capitale de son éphémère État musulman. L’exil en Angleterre, douloureux, ne se manifeste pas par la présence de livres anglais en nombre. C’est la période où le prince achète au contraire le plus de manuscrits français, sans compter les imprimés : 300 de 1848 à 1870 contre 80 de 1871 à 1880, et 150 de 1881 à 1897. On devine un intérêt particulier pour le duc Jean de Berry, retenu en otage en Angleterre après le traité de Brétigny, de 1360 à 1366. Le duc d’Aumale achète des livres exilés comme lui et qu’il attend patiemment – selon la devise du prince, « J’attendrai » – de pouvoir rapatrier en France. Ses objectifs sont clairs : valoriser l’histoire et la tradition françaises dont il s’agit d’affirmer la supériorité après 1870. Cela ne va pas sans un certain cosmopolitisme (l’Italie est omniprésente) et des choix très subtils : en 1856, Aumale acquiert pour 1 550 francs une édition anversoise des Commentaires sur la guerre des Gaules de César enrichie de notes ethnographiques rédigées de la main de Montaigne.
« Le Cabinet des livres est, à sa manière, une bibliothèque de son temps. Le XIXe siècle voit en effet le modèle des bibliothèques encyclopédiques céder le pas aux collections rétrospectives. »
Des manuscrits insignes
Les Très Riches Heures du duc de Berry constituent le fleuron d’une collection méconnue, tel l’arbre qui cache la forêt. Au XIXe siècle déjà, la collection était objet de curiosité et de spéculation pour les contemporains du prince ; aujourd’hui, chaque exposition est l’occasion de nouvelles découvertes. À partir de 1848, la bibliothèque est augmentée grâce à une activité continue de repérage et d’acquisition dans les librairies et les plus grandes ventes publiques du temps. Cultivé, intelligent, sachant s’entourer des meilleurs conseils, doté de moyens importants en raison du décret de 1852 qui l’oblige à vendre ses biens en France et le conduit à replacer ses fonds, Aumale ajoute aux manuscrits des Bourbon-Condé plus de 500 autres volumes, nombre considérable auquel s’ajoutent encore des milliers de documents historiques acquis par ailleurs pour les archives. Le duc d’Aumale s’emploie à enrichir le fonds dans le même esprit que ses prédécesseurs. Un autre critère s’impose cependant rapidement à l’amateur de goût devenu érudit, qui porte une attention renouvelée aux enluminures et participe à la redécouverte de l’art médiéval qui marque la seconde moitié du XIXe siècle. Parlant de ses acquisitions, il déclare vouloir former « une histoire de l’art du miniaturiste et de la décoration sur vélin ». Il désigne lui-même les manuscrits qu’il considère comme des jalons majeurs de l’évolution de l’art de l’enluminure : le sacramentaire de Lorsch (Xe siècle), au style « byzantin et carolingien », le psautier d’Ingeburge (vers 1218), « rude encore, déjà puissant », le bréviaire de Jeanne d’Évreux (XIVe siècle), « adouci et épuré » par l’art de la grisaille, Les Très Riches Heures du duc de Berry (XVe siècle), « apogée » de la peinture dans les livres aux yeux du prince. La collection de manuscrits du duc d’Aumale ne brille pas seulement par les enluminures. Le recueil d’exempla connu sous le nom de Ci nous dit acquis en 1851 contient la version la plus ancienne du texte. Un Isopet (recueil de fables) de Marie de France (vers 1145-1198), première femme de lettres en Occident à écrire en langue vulgaire, compte parmi les plus importantes versions du XIIIe siècle. À noter, à travers Christine de Pisan, Anne de France, Marguerite de Navarre ou Anne de Graville, l’attention du prince aux écrits féminins. Nombre de pièces acquises par Aumale marquent un tournant dans l’histoire de la pensée et de l’art à la fois, tel le célèbre manuscrit illustré de L’Enfer de Dante (vers 1330).
Beaucoup mettent en valeur l’histoire de France : Jean Fouquet livre un portrait de Charles VIII en même temps qu’il renouvelle l’art de peindre dans les Heures d’Étienne Chevalier (vers 1450). Les Très Riches Heures du duc de Berry (1411-1485) abritent les premiers « portraits d’architecture » du palais de la Cité et du donjon du Louvre. Le psautier réalisé vers 1218 pour Ingeburge de Danemark (1175-1236), reine de France, seconde épouse de Philippe Auguste (1165-1223), fait mention de la victoire du roi le 27 juillet 1214 à la bataille de Bouvines : celle-ci assure l’unité du royaume au terme de « l’immortelle journée où les lys arrêtèrent l’essor de l’aigle impérial et germanique », écrit le duc d’Aumale en 1891. Le manuscrit appartient ensuite à saint Louis.
Des imprimés uniques
Les confiscations révolutionnaires l’ayant privé de tous les livres imprimés réunis par les Bourbon-Condé sous l’Ancien Régime, le duc d’Aumale se trouve stimulé et plus libre dans ses choix en la matière. En 1848, il est séduit par les bibliothèques aristocratiques anglaises et leurs collections de « princeps » de l’Antiquité gréco-latine, de bibles anciennes, d’incunables imprimés et enluminés sur vélin ou d’éditions originales des grandes œuvres des littératures européennes. Dès le début de son exil, Aumale achète d’occasion le Manuel du libraire et de l’amateur de livres de Jacques-Charles Brunet et réalise des acquisitions en rapport avec ses manuscrits : c’est ce qu’il appelle « appareiller » ses manuscrits, dont il achète des éditions imprimées anciennes. Il documente le destin héroïque et tumultueux du Grand Condé par des milliers de mazarinades. Il acquerra au total 17 000 imprimés rares auxquels il faut ajouter une bibliothèque de recherche de 30 000 ouvrages aujourd’hui installée dans la fameuse « Bibliothèque du théâtre ». Deux collections acquises en bloc sont déterminantes et structurent le reste des acquisitions. La collection du riche Anglais francophile Frank Hall Standish (1799-1840), qui avait été offerte à Louis-Philippe, faisait partie de la succession de celui-ci. Cette collection contenait entre autres les incunables achetés par Standish auprès du grand bibliographe milanais Gaetano Melzi (1786-1851). Elle inspire à Aumale pour les incunables et les éditions aldines la même passion que celle qu’il éprouve déjà pour les manuscrits. Il acquiert la Lettre d’indulgence à 31 lignes sortie des presses de Gutenberg en 1454, de rarissimes livrets xylographiques, sans oublier les Epistolae de Gasparin de Bergame, le premier livre imprimé à Paris grâce à trois ouvriers venus de Mayence en 1470. Les livres d’Armand Cigongne (1790-1859), ancien agent de change, membre et trésorier de la Société des bibliophiles françois de 1843 à sa mort en 1859, formaient quant à eux « la plus belle et la plus rare bibliothèque de Paris » : l’acquisition de la collection pour un montant de 375 000 francs fait entrer dans la bibliothèque d’Aumale une masse énorme d’éditions françaises rarissimes à la recherche desquelles le bibliophile parisien a consacré toute une vie.
Aumale emporte à son tour des livres dans toutes les grandes ventes du temps et chez les principaux libraires. Il vérifie soigneusement ses achats, refuse un livre aux défauts volontairement omis, revend un exemplaire quand il en trouve un plus parfait, rédige les notices du catalogue. Pour l’époque moderne, la recherche de livres rares se conjugue avec le souci de la qualité des textes et la recherche de particularités. Impressions renouvelées des grands textes au fil des siècles, exemplaires de dédicace, ouvrages enrichis de dessins ou de gravures avant la lettre, tirages issus d’imprimeries privées rivalisent quant au prestige de leurs provenances et de leurs lecteurs successifs. La première édition des Précieuses ridicules de Molière (Paris, 1660) au chiffre de Julie d’Angennes, la plus célèbre « précieuse », voisine avec l’exemplaire unique ayant appartenu à Marie-Antoinette des Chansons de Jean-Benjamin de Laborde, avec dessins originaux de Moreau, Bouteux et Le Barbier, « la perle de la collection Radziwill, achetée pour moi 7 050 francs contre Rothschild ».
Des trésors aux reliures remarquables
L’exigeant collectionneur est sensible au spectacle chatoyant des reliures qui fait de sa bibliothèque l’expression privilégiée d’une histoire et d’un art de vivre princiers. Plaques orfévrées, reliures commandées par Grolier, décors dorés signés Le Gascon, Ruette, Padeloup, Derome ou Bozerian : peu de types de couvrure, peu de grands relieurs du passé manquent à l’appel. L’ensemble constitue une magnifique leçon d’histoire de la reliure. Dès sa jeunesse, le prince passe commande aux plus grands artisans de son temps – Bedford, Trautz, Capé, Duru… –, avouant en 1850 : « Je sais que les livres rares sont chers ; je sais que les jolies reliures le sont aussi ; mais j’aime les uns et les autres, et surtout les deux choses réunies, et j’y veux mettre le prix qu’il faut. » Amateur de reliures orfévrées, le bibliophile mécène en fait réaliser dans un style historiciste par les plus grands artistes du temps, tel Antoine Vechte (1800-1868), chargé de la somptueuse plaque d’argent qui décore le coffret des Très Riches Heures. Dès 1855, le duc d’Aumale pressent que le livre sera le joyau de ses collections. Son goût très sûr ainsi que les conseils d’Antonio Panizzi, bibliothécaire au British Museum, le poussent à faire l’acquisition du manuscrit qui n’est formellement identifié que 30 ans plus tard par Léopold Delisle grâce à l’inventaire après décès de Jean de Berry (1340-1416) où sont décrits les « cayers d’unes tres riches heures que faisoient Pol et ses freres ». À partir des reproductions qu’en fait faire le duc d’Aumale dès 1884 et jusqu’à nos jours, le livre façonne une image idéale du Moyen Âge dans l’imaginaire collectif.
« Amateur de reliures orfévrées, le bibliophile mécène en fait réaliser dans un style historiciste par les plus grands artistes du temps, tel Antoine Vechte (1800-1868), chargé de la somptueuse plaque d’argent qui décore le coffret des Très Riches Heures. »
Un écrin d’exception
À son retour d’exil, le duc d’Aumale est élu à l’Académie française et devient membre de la Société des bibliophiles françois. Il y avait jusqu’alors renoncé pour souligner l’injustice de son exil. Le Cabinet des livres est le premier grand chantier entrepris à Chantilly. L’architecte Honoré Daumet (1826-1911) recourt à une architecture de fer moderne et à un décor historiciste pour intégrer la bibliothèque dans la structure ancienne du Petit Château construit à la Renaissance. Le buste du Grand Condé se dresse sur la cheminée, les blasons des compagnons d’armes du vainqueur de Rocroi rythment les retombées du plafond. L’espace rappelle l’ambiance feutrée des bibliothèques anglaises du temps, notamment celles du château de Windsor qu’admire le duc d’Aumale en 1848. Le confort moderne du lecteur et la sécurité des collections sont pensés jusque dans le moindre détail, ce qui accroît le pouvoir de fascination de la bibliothèque souvent qualifiée de « paradis pour bibliophile ». Alors que les collectionneurs du XIXe siècle s’efforcent de perpétuer le souvenir de leur collection à travers la publication d’un catalogue et la transmission à une institution publique, le duc d’Aumale réussit à préserver cadre, contenu et rayonnement de son Cabinet des livres en le donnant avec éclat à l’Institut de France en 1886. Une dernière originalité du prince bibliophile est de n’avoir pas été un bibliomane exclusif et d’avoir aussi rassemblé une collection de peintures, un cabinet des dessins, des portefeuilles de gravures… La profonde unité de l’ensemble des collections de Chantilly est une dernière clé pour comprendre le Cabinet des livres, dont les jeux de correspondance avec l’ensemble du château sont infinis. Atypique dans le paysage des bibliothèques françaises, le Cabinet des livres est admiré par des centaines de milliers de visiteurs chaque année selon le souhait de son créateur, considéré comme « le prince des bibliophiles de son siècle et l’un des premiers de tous les temps1 ».
« La création du Cabinet des livres, hommage au duc d’Aumale », jusqu’au 2 octobre 2023, château de Chantilly, 60500 Chantilly. Site Internet : chateaudechantilly.fr
1Jean Marchand, cité dans Le Duc d’Aumale collectionneur et bibliophile, Chantilly, Musée Condé, 1957.