Les saisons de Jacquie Barral à l’Archipel Butor

La sculpture, la gravure, l’eau-forte, la photographie… C’est peu dire que Jacquie Barral a emprunté des chemins variés dans sa pratique artistique.

Docteure en arts plastiques, celle qui a formé des générations d’étudiants et est à l’origine du diplôme supérieur en Édition d’art – livre d’artiste, à l’université de Saint-Étienne, s’est également investie avec passion dans la création littéraire. Que ce soit comme fondatrice de collection avec Parler avec le livre, autrice avec Le Ralenti des choses (éditions Fata Morgana, 2017) et Le Dessin en belle page (éditions Artfolage, 2024) ou coautrice, elle est l’instigatrice de près de 130 projets éditoriaux, parmi lesquels un grand nombre conçus avec les poètes qu’elle fréquente (René Pons, Béatrice Comte, Valentine Oncins, Philippe Jaccottet…). « Ces collaborations, écrit-elle en 2024, m’ont ainsi donné des régions d’imagination nouvelles, des régions stylistiques nouvelles et, je puis dire, des régions oniriques nouvelles […]. Le travail avec les peintres dans les livres m’a donné un monde littéraire nouveau. »

Michel Butor (1926-2016), Jacquie Barral (née en 1947), Monologue de la momie, éditions Fata Morgana, 2013, 21 x 30 cm, 26 ex. © Jacquie Barral

Parmi ces compagnonnages artistiques, Michel Butor a joué un rôle déterminant dans la pratique du livre d’artiste de Jacquie Barral. Commencée en 1999 avec son édition des Saisons de l’humilité de Hölderlin, agrémentée de traductions de Michel Butor, leur riche collaboration est décrite par l’historienne de l’art Dominique Baqué comme « une aventure poétique et imagée à quatre mains, fougueuse ou apaisée », qui durera jusqu’au décès du poète installé à Lucinges. C’est cette œuvre foisonnante et sensible, où l’on retrouve les techniques les plus diverses, du collage à la sérigraphie, en passant par le crayon et la création d’image numérique, que célèbre le Manoir des Livres de l’Archipel Butor : celle d’une artiste fascinée par « l’architecture à feuilleter du livre », ayant toujours comme visée le dialogue entre Le Dessin et le Livre (titre de son ouvrage de 2009).