Perles d’archives : l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine présente Stèles de Victor Segalen

Georges Crès (1875-1935) débute sa carrière comme commis à la librairie d’Augustin Challamel, à Paris, où il apprend le métier d’éditeur. En 1913, il fonde une première maison d’édition puis, en 1918, une nouvelle société sous la dénomination Éditions G. Crès & Cie. Le catalogue des éditions Crès se compose de livres d’art et de nombreuses collections de textes littéraires. Les ouvrages sont agrémentés de dessins et de gravures sur bois d’illustrateurs célèbres, tels que Pierre-Eugène Vibert, Maurice de Becque ou Félix Vallotton.

Amateur de beaux livres, l’écrivain voyageur et médecin de la marine Victor Segalen (1878-1919) rencontre Georges Crès en juillet 1914. Celui-ci lui propose de diriger une collection de volumes confectionnés à la chinoise, c’est-à-dire des livres reliés sans colle, dont les pages sont uniquement cousues. Segalen, alors en mission archéologique à Pékin, est enthousiasmé et choisit le nom de « Collection coréenne » pour ces publications. Trois titres y furent édités : son propre recueil Stèles, Connaissance de l’Est de Paul Claudel et l’Histoire d’Aladdin de Joseph Charles Mardrus. Ils ont été imprimés sur les presses de la mission lazariste hébergée dans le quartier du Pei-t’ang de Pékin. Le sinogramme gravé dans le bois de la couverture de Stèles reprend le titre du recueil, « 古 今 碑 録 », soit, selon la traduction de Victor Segalen, « Recueil de stèles anciennes et quotidiennes ».
Cet exemplaire de Stèles est contenu entre deux plaquettes de bois retenues par deux cordons. Le titre général, celui de chaque partie et celui de chaque poème sont en chinois et en français. Le tirage a été de 640 exemplaires, dont 570 sur vergé feutré, numérotés de 71 à 640 (l’exemplaire conservé à l’Imec est le n° 556).

Stèles, le livre est placé entre deux plaquettes de bois, éditions Georges Crès & Cie (1914), Imec, cote CRE/BH/38. © Imec