Brèves

Après plus de vingt années d’attente, marquées par de nombreux reports, l’heure est enfin venue : le 3 juillet prochain, les 50 hectares du Grand Musée égyptien du Caire (GEM) seront officiellement ouverts à la visite. Si les amateurs peuvent en réalité déjà arpenter, depuis octobre dernier, une douzaine de galeries déployant près de 15 000 objets, il manquait jusqu’alors le clou du spectacle : la présentation intégrale de l’étourdissant trésor de Toutankhamon, composé de plus de 5 000 pièces, parmi lesquelles figure bien sûr l’emblématique masque funéraire du jeune pharaon. Son transfert devrait être finalisé dans les prochaines semaines, marquant symboliquement le passage de relais entre l’ancien musée du Caire, ancré dans le XIX^e siècle, et le nouveau, qui offrira enfin à l’égyptologie une entrée grandiose dans le XXI^e siècle.

Édifié au XVII^e siècle à Auvers-sur-Oise, le manoir des Colombières abrite le musée Daubigny depuis la fin des années 1980. Engagé dans un projet d’agrandissement, le musée a lancé un appel aux dons pour la restauration du bâtiment, soutenu par la Fondation du Patrimoine. Il fermera ses portes en octobre 2025 pour une réouverture prévue en 2027. Les travaux ont pour ambition de tripler les surfaces d’exposition, d’accueillir des œuvres des collections nationales dans les conditions adéquates et d’améliorer l’accueil du public. Ils seront menés par l’agence Frenak et Jullien, qui a récemment réalisé la restructuration et l’extension du musée de Picardie, à Amiens. La collecte en cours est destinée spécifiquement à la réhabilitation du manoir, dont les combles vont être transformés et dont l’accessibilité sera accrue grâce à la création d’un ascenseur. N’hésitez pas à y contribuer, sur le site de la Fondation du Patrimoine.

Daté du III^e siècle, un bâtiment d’une taille inédite en Norvège pour la période est sorti de terre à cinquante kilomètres à l’ouest d’Oslo. Ses proportions (16 m de long pour 9 m de large) se rapprochent de constructions connues pour la fin du Moyen Âge seulement. Cette découverte conduit à reconsidérer l’histoire de la Norvège qui fait de Harald I^er à la Belle Chevelure (879-930) le premier roi du pays. L’imposante bâtisse pourrait être celle d’un souverain antérieur. 

La Direction Nationale du Renseignement et des Enquêtes Douanières (DNRED), le service de renseignement de la douane, a remis le 1^er avril à la Bibliothèque nationale de France (BnF) deux pièces exceptionnelles : un sou d’or de Charlemagne et une mappemonde murale en deux hémisphères datant de la seconde moitié du XVII^e siècle. Saisies par la DNRED, elles ont été remises à la BnF dans le cadre d’une cession à titre gracieux. Le sou d’or, issu d’une fouille non déclarée, était apparu sur le marché de l’art en 2018 et a été confisqué au vendeur. Il s’agit d’une pièce rare et en parfait état, dont seulement quatre exemplaires sont connus. La mappemonde, imprimée à Paris vers 1660, avait été exportée illégalement en Allemagne. Elle avait été confisquée en 2007 et confiée à la BnF en 2012, mais sans remise officielle. Également très rare, elle a été restaurée et numérisée.

Surnommé le « Samouraï noir » en raison du rôle qu’il joua dans le rapprochement entre les cultures française et japonaise, Kiyoshi Taménaga s’est éteint, à l’âge de 93 ans, le 26 mars dernier, chez lui, à Tokyo. Marchand d’art visionnaire, il était aussi mécène et collectionneur. Arrivé à Paris en 1957, il y ouvrit une galerie en 1971 sur l’avenue Matignon, deux ans après celle de Tokyo. Travaillant avec lui depuis de nombreuses années, son fils et son petit-fils ont aujourd’hui pris le relais.

À l’occasion des Journées européennes des métiers d’art, qui se sont déroulées du 31 mars au 6 avril, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé la création d’un nouveau festival dont la première édition aura lieu en 2026 : le Printemps des Manufactures. Il se tiendra dans les 9 manufactures, 7 ateliers de restauration et 2 musées réunis dans l’établissement public, récemment créé, des Manufactures nationales – Sèvres et Mobilier national. Ce festival mettra à l’honneur des collaborations entre créateurs contemporains et artisans d’art, des visites d’ateliers et interventions en établissements scolaires, ainsi que des forums économiques et professionnels destinés aux artisans, designers et acteurs économiques. Rendez-vous fin mars 2026 pour découvrir la manifestation. 

La Cité de l’Économie – Citéco, espace culturel et éducatif ouvert en 2019 par la Banque de France à Paris, dans le bel hôtel Gaillard, vient d’annoncer l’arrivée à sa tête d’une nouvelle directrice, Vida Konikovic. Elle succède à Philippe Gineste, qui était en poste depuis 2017. Vida Konikovic a été durant onze ans directrice puis vice-présidente de l’Exploradôme, musée interactif de sciences situé depuis 2009 à Vitry-sur-Seine, avant de rejoindre le musée des Beaux-Arts de Bordeaux en tant que responsable de la valorisation culturelle. Elle sera notamment chargée d’accroître le rayonnement de la Cité de l’Économie, qui ouvrira en octobre 2025 un nouvel espace ludique destiné aux enfants.

Mises au jour au sein d’un dépôt d’armes comprenant une centaine de pièces et une cotte de mailles dans une sépulture près de la ville d’Hedensted au Danemark, deux plaques en fer corrodées ont été identifiées comme des fragments d’un casque romain du IV^e siècle – le premier à avoir jamais été retrouvé dans le pays, qui n’était pas sous la domination de Rome. Selon les spécialistes, il aurait pu avoir appartenu à un chef de guerre germanique ayant servi dans les troupes auxiliaires romaines, ou avoir été saisi comme butin de guerre.

Hervé Lemoine, 63 ans, a été officiellement nommé président de l’établissement public des Manufactures nationales – Sèvres et Mobilier national, né du mariage du Mobilier national et de la Cité de la Céramique – Sèvres & Limoges, par décret présidentiel en date du 2 avril 2025. Directeur du Mobilier national depuis 2018, il a piloté la création du nouvel établissement public, qui rassemble désormais 9 manufactures, 7 ateliers de restauration, 2 musées et 650 agents. Conservateur général du patrimoine, Hervé Lemoine avait été auparavant directeur chargé des Archives de France au ministère de la Culture et de la Communication de 2010 à 2018 et directeur du musée des Monuments français et du département du patrimoine de la Cité de l’architecture et du Patrimoine de 2009 à 2010. Il aura notamment pour mission de promouvoir les métiers d’art, d’en réduire l’impact environnemental et de développer la formation.

Qui, parmi les spectateurs de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, le 26 juillet dernier, a oublié la mezzo-soprano Marina Viotti interprétant « Ah, ça ira ! » devant la Conciergerie, où une Marie-Antoinette tout de rouge vêtue portait sa tête décapitée ? Ce costume, comme celui du porteur de flamme qui a parcouru les toits de Paris et l’ensemble porté par une vingtaine d’athlètes et para-athlètes dans le jardin des Tuileries, menant la flamme vers la vasque olympique, entrent dans les collections du Mucem, à Marseille. Le comité́ d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques en a fait don au musée. Ils seront présentés dès le mercredi 16 avril dans l’exposition permanente, « Populaire ? », tandis que Zeus, le cheval métallique qui a galopé sur la Seine pendant la cérémonie, sera exposé sur sa terrasse du 16 au 27 avril. 

À Kizugawa près de Kyoto, les fondations en pierre d’un grand réfectoire de temple bouddhiste de l’époque de Nara (710-794) ont été mises au jour. D’abord érigés comme palais impérial par l’empereur Shōmu, les bâtiments ont été reconvertis en lieu de culte après le déplacement de la capitale dans une autre ville. Exceptionnelle par sa taille (40 m de long pour 10 m de large), la pièce était reliée par un couloir au reste du temple. Les vestiges du sanctuaire lui-même (kondō), installé dans l’ancienne salle d’audience du palais, avaient été découverts au cours de fouilles précédentes, de même que ceux d’une pagode de sept étages.

Dans les années 1960, des travaux de rénovation et de modernisation furent menés au Grand Trianon. Sur proposition du ministre de la Culture, André Malraux, la décision fut alors prise d’installer dans une aile située à l’arrière du monument, surnommée Trianon-sous-Bois, des appartements privés destinés au président de la République. Salle à manger, chambre, bureau… : l’ensemble des appartements fut meublé par le Mobilier national, avec des collections Empire pour les pièces de réception du rez-de-chaussée, Louis XVI pour les espaces privés à l’étage. Vous pouvez désormais découvrir les lieux tels que le général de Gaulle et son épouse les ont connus : l’aile Trianon-sous-Bois est ouverte au public chaque week-end en visite libre dès le 5 avril, et en visite guidée depuis le 1^er avril. Il vous faudra pour cela acquérir un billet pour le domaine du Grand Trianon sur le site du château de Versailles.

Référence internationale pour sa collection de vêtements et d’accessoires de mode, le Victoria & Albert Museum, à Londres, a annoncé la refonte de sa Fashion Gallery, qui fermera le 4 mai prochain. À partir du 31 mai et pendant la durée des travaux, une partie de la collection sera présentée au V&A East Storehouse, nouvel espace d’exposition qui ouvrira alors au Queen Elizabeth Olympic Park. La scénographie de la galerie, l’une des plus appréciées et visitées du musée, sera totalement renouvelée et bénéficiera du soutien de la maison Burberry : « Ce partenariat nous permet de partager les incroyables collections du V&A de manière innovante et accessible et, avec Burberry, de soutenir l’éducation et l’artisanat à travers le pays » a déclaré Tristram Hunt, directeur du V&A. La nouvelle galerie ouvrira au printemps 2027 sous un nouveau nom : The Burberry Gallery.

Ouverte depuis le 8 février et jusqu’au 21 septembre au musée Anne de Beaujeu, à Moulins, l’exposition « L’Odyssée du Bronze » a reçu le label « Exposition d’intérêt national », décerné par le ministère de la Culture à vingt-huit expositions pour 2025. Ces expositions sont « distinguées par l’originalité de leur discours, leur approche thématique inédite et par le caractère innovant de leurs actions de médiation et de communication visant à l’élargissement et à la diversification des publics ». L’exposition du musée Anne de Beaujeu s’inscrit dans un programme scientifique et culturel proposé cette année par l’Inrap, destiné à faire connaître l’état des travaux archéologiques sur l’Âge du Bronze. Consacrée aux trésors et vestiges témoignant de l’évolution des sociétés implantées dans l’Allier entre le III^e millénaire et environ 800 avant notre ère, elle dispose d’une médiation particulièrement bien pensée, qui inclut un parcours pour les enfants souvent exploité par d’autres publics. Son point d’orgue : un module de fouille grandeur réelle permettant de se mettre dans la peau d’un archéologue.

Précédemment conservateur en chef au musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, en charge des objets d’art, de la bibliothèque historique et des collections Daniel Iffla-Osiris, Vincent Hadot vient de rejoindre le palais des Ducs de Lorraine – Musée lorrain, à Nancy, en tant que conservateur chargé des collections XV^e-XVIII^e siècles. Parmi ses précédentes fonctions figure entre autres la direction du musée des Beaux-Arts de Valenciennes de 2015 à 2019. Natif de Lorraine, Vincent Hadot s’est toujours intéressé à l’histoire de l’art et à l’archéologie régionales, auxquelles il a consacré plusieurs publications, dont Une famille pour Georges de La Tour : nouvelles découvertes au pays du Saulnois, étude parue en 2023 dans les Cahiers d’histoire de l’art. Il rejoint un musée en pleine transformation, dont l’ouverture au public est prévue en 2029.