Brèves
15:00
Une référence pour l’Âge du bronze corse
L’Est de la Corse n’avait jusqu’ici livré que peu de traces d’habitats de plein air de l’Âge du bronze. Des vestiges importants viennent d’être mis au jour par l’Inrap à Monte : le matériel retrouvé est de nature à en faire un site de référence. Cent trente structures en creux pouvant atteindre 2 à 3 m de diamètre, voire 5 à 6 m de long, ont été identifiées : au vu des alvéoles placées au fond pour servir de calage, certaines d’entre elles étaient certainement utilisées pour du stockage ; d’autres correspondent sans doute à des creusements d’un espace de carrière ; un troisième ensemble (aux tracés étroits et profonds) était probablement lié à la gestion de l’eau. Les comblements de ces fosses contenaient par ailleurs de nombreux charbons de bois et pierres chauffées et, surtout, un abondant mobilier. Ont également été exhumées des productions céramiques dont la fonction nous échappe et qui n’ont pas de précédent connu en Corse. Autre fait notable et inédit pour la période, certaines pâtes semblent receler de l’amiante.
09:00
Une œuvre de jeunesse de Jacques-Émile Blanche rejoint les collections d’Orsay
Le musée d’Orsay a annoncé l’acquisition d’un portrait de Jacques-Émile Blanche (1861-1942), Portrait de Georges Rodier, signé et daté 1889. L’auteur du célèbre Portrait de Marcel Proust (1892), également conservé par l’institution, a offert à Auguste Rodin ce tableau, qui a ensuite appartenu à André Gide. Le musée l’a acquis auprès de la galerie Robilant+Voena, qui l’avait présenté en 2023 dans son exposition londonienne « Style ». La galerie et le musée identifient cependant un modèle différent : présenté comme le portrait de Georges Rodier, un proche de Proust, par le musée d’Orsay, il était jusqu’alors supposé représenter le dramaturge et romancier Georges de Porto-Riche.
14:00
Connexions avec l’Europe du Nord
L’île de Ré était, entre le VIIIe et le Xe siècle, en relation avec le nord de l’Europe. C’est ce que nous apprend la découverte par l’Inrap, à La Flotte, de cinq sépultures carolingiennes présentant un mobilier sans équivalent en France, mais se rapprochant d’objets mis en revanche au jour en Irlande, en Angleterre, aux Pays-Bas, dans le Nord de l’Allemagne, voire au Danemark. À cette période dans cette région, les éléments de parure, vêtements et objets personnels sont généralement absents des sépultures. Ces inhumations se distinguent par ailleurs par leur position et/ou leur orientation : un défunt étendu sur le côté gauche, jambes repliées ; deux sépultures de femmes orientées tête au sud (et non à l’ouest), l’une allongée sur le ventre, l’autre sur le dos – ce qui est traditionnel –, mais jambes fléchies et surélevées. Deux hypothèses sont envisagées pour expliquer les caractéristiques exceptionnelles de ces tombes : une population étrangère ou des locaux ayant souhaité afficher leur statut social jusque dans la mort. Les analyses isotopiques et génomiques permettront de trancher.
08:30
Deux pièces du service de la laiterie de Rambouillet entrent à Sèvres
Deux pièces en porcelaine issues de l’illustre service de la laiterie de Rambouillet, destiné à la reine Marie-Antoinette, ont été acquises grâce au soutien important du Fonds du patrimoine et à un mécénat de Jessica Yu, PDG du groupe de médias chinois Hantang Culture. Ce pot à lait « à anse relevée » et ce sucrier rond, également désigné comme « jatte à sucre », sont deux des soixante-cinq pièces réalisées par Jean-Jacques Lagrenée le Jeune et Louis-Simon Boizot sous la direction d’Hubert Robert, livrées entre 1787 et 1788 pour la laiterie aménagée dans le parc du château de Rambouillet pour Marie-Antoinette. Ils rejoindront prochainement les collections du musée national de Céramique, à Sèvres, qui fait désormais partie de l’établissement public des Manufactures nationales – Sèvres et Mobilier national. Le ministère de la Culture, qui a annoncé leur acquisition, avait refusé en 2022 un certificat d’exportation, considérant ces deux porcelaines comme des trésors nationaux.
15:00
Perles d’exception
Les perles découvertes en Espagne entre 2007 et 2010 au sein de la tholos de Montelirio et de la « tombe de la Dame d’ivoire » voisine, datées de 2875-2635 avant notre ère, viennent de faire l’objet d’une analyse approfondie. Au nombre d’environ 270 000, d’après les estimations des chercheurs, ces petits disques percés de 5 mm de diamètre et de 0,07 g chacun en moyenne représentent un amas d’une ampleur inégalée. Fabriquées majoritairement à partir de coquillages, plus rarement en pierre ou en os, ces perles ont nécessité un travail colossal, évalué à plus de dix minutes chacune, soit un total de sept mois de façonnage à dix artisans travaillant 8 h par jour. Des restes de fibres végétales témoignent de leur intégration à des vêtements. La majorité des défunts sont des femmes, ce qui suggère un statut de premier plan. L’une d’entre elles, morte entre 24 et 32 ans, se distingue par sa position d’orante, bras levés, ainsi que par son emplacement privilégié, juste devant la stèle du centre de la grande chambre funéraire, touchée par les rayons du soleil au solstice d’été.
12:00
Retour à la case départ pour Le Melon entamé de Chardin
Si 2022 avait été l’année des fraises, avec l’adjudication chez Artcurial et l’entrée dans les collections nationales de l’emblématique toile de Chardin, 2024 a assurément été celle du melon. Le 12 juin 2024, chez Christie’s, l’appétissant Melon entamé de l’artiste décrochait un double record mondial avec une adjudication à 26,7 millions d’euros (frais inclus), record à la fois pour une œuvre du peintre et pour un tableau français du XVIIIe siècle. Mais six mois plus tard, coup de théâtre ! Son acquéreur, un promoteur immobilier italien installé en Suisse, n’ayant toujours rien réglé, la maison Christie’s s’est résolue à l’assigner en référé devant le tribunal de Paris. Son insolvabilité ayant été constatée, Le Melon entamé a été restitué à ses propriétaires, conformément à leur souhait.
11:30
Appel au don pour l’acquisition d’un tableau de Courbet destiné au musée d’Ornans
L’association Les Nouveaux mécènes du musée Courbet, à Ornans, vous propose de participer à l’acquisition d’une œuvre de jeunesse de Gustave Courbet, La Roche du Mont ou Vallée de la Loue. Elle souhaite collecter 25 000 € pour offrir au musée cette œuvre représentant les environs de la ville natale du peintre. Entre 1838 et 1839, avant son départ pour Paris, Courbet réalisa cinq paysages d’Ornans, dont font partie La Roche du Mont et deux tableaux déjà visibles sur les cimaises du musée, Le Pont de Nahin et La Loue à Ornans. Pour contribuer à l’acquisition de cette petite huile sur papier ayant appartenu à la collection de Juliette Courbet, sœur du peintre, rendez-vous sur le site de l’association.
19:00
Christophe Cherix nommé à la tête du MoMA
Le Museum of Modern Art (MoMA) de New York accueillera en septembre 2025 un nouveau directeur : Christophe Cherix, 55 ans. Conservateur dans cette prestigieuse institution newyorkaise depuis 2007, il est en charge des dessins et estampes de la Fondation Robert Lehman depuis 2013 et a été commissaire de nombreuses expositions, dont « ED RUSCHA / NOW THEN » en 2023-2024. De nationalité suisse, il avait été précédemment conservateur du cabinet des estampes au musée d’Art et d’Histoire de Genève. Le conseil d’administration l’a choisi pour succéder à Glenn D. Lowry, qui a fêté récemment ses 70 ans et partira à la retraite après 30 années passées à la tête du MoMA.
17:00
Cerveau vitrifié
En 2020, des chercheurs italiens identifiaient de petits cailloux noirs ressemblant à de l’obsidienne, présents à l’intérieur de la boîte crânienne d’une victime de l’éruption du Vésuve de 79, comme des parties de cerveau vitrifiées. Dans une nouvelle étude, les scientifiques annoncent avoir observé au microscope électronique des microstructures semblables à des neurones. Ils avancent également une explication permettant de comprendre ce phénomène de vitrification unique, que seule une élévation de température très forte (dépassant les 510° C) suivie d’un refroidissement rapide aurait rendue possible : un premier nuage de cendres brûlantes aurait atteint la ville et provoqué la transformation du cerveau ; la nuée ardente qui a enseveli la cité ne serait intervenue que dans un second temps, après une accalmie et une baisse des températures. Fascinantes, les conclusions de l’étude suscitent néanmoins le scepticisme de certains scientifiques.
09:00
Le retour du roi : Toutankhamon inaugurera le Grand Musée du Caire le 3 juillet
Après plus de vingt années d’attente, marquées par de nombreux reports, l’heure est enfin venue : le 3 juillet prochain, les 50 hectares du Grand Musée égyptien du Caire (GEM) seront officiellement ouverts à la visite. Si les amateurs peuvent en réalité déjà arpenter, depuis octobre dernier, une douzaine de galeries déployant près de 15 000 objets, il manquait jusqu’alors le clou du spectacle : la présentation intégrale de l’étourdissant trésor de Toutankhamon, composé de plus de 5 000 pièces, parmi lesquelles figure bien sûr l’emblématique masque funéraire du jeune pharaon. Son transfert devrait être finalisé dans les prochaines semaines, marquant symboliquement le passage de relais entre l’ancien musée du Caire, ancré dans le XIXe siècle, et le nouveau, qui offrira enfin à l’égyptologie une entrée grandiose dans le XXIe siècle.
11:00
Hélène Guenin quitte Nice pour la Fondation Yves Klein
Directrice du musée d’Art moderne et d’Art contemporain (MAMAC) de Nice depuis 2016, Hélène Guénin prend ce printemps la direction de la fondation Yves Klein, à Paris, créée en 2022 par la veuve de l’artiste, Rotraut Klein-Moquay, et son deuxième époux, Daniel Moquay. La fondation a souligné son souhait d’« ouvrir un nouveau chapitre de son histoire et [d’]élargir ses horizons » grâce à sa nouvelle directrice. Au MAMAC, Hélène Guénin a plusieurs fois travaillé sur l’œuvre d’Yves Klein, notamment en tant que co-commissaire de l’exposition « Le pouvoir bouleversant de la couleur », qui vient de fermer ses portes au musée Matisse de Nice. Elle quitte un musée en plein travaux, dont la réouverture est prévue en 2028.
17:00
Le musée Daubigny lance un appel aux dons pour restaurer le manoir des Colombières
Édifié au XVIIe siècle à Auvers-sur-Oise, le manoir des Colombières abrite le musée Daubigny depuis la fin des années 1980. Engagé dans un projet d’agrandissement, le musée a lancé un appel aux dons pour la restauration du bâtiment, soutenu par la Fondation du Patrimoine. Il fermera ses portes en octobre 2025 pour une réouverture prévue en 2027. Les travaux ont pour ambition de tripler les surfaces d’exposition, d’accueillir des œuvres des collections nationales dans les conditions adéquates et d’améliorer l’accueil du public. Ils seront menés par l’agence Frenak et Jullien, qui a récemment réalisé la restructuration et l’extension du musée de Picardie, à Amiens. La collecte en cours est destinée spécifiquement à la réhabilitation du manoir, dont les combles vont être transformés et dont l’accessibilité sera accrue grâce à la création d’un ascenseur. N’hésitez pas à y contribuer, sur le site de la Fondation du Patrimoine.
17:00
Le royaume inconnu
Daté du IIIe siècle, un bâtiment d’une taille inédite en Norvège pour la période est sorti de terre à cinquante kilomètres à l’ouest d’Oslo. Ses proportions (16 m de long pour 9 m de large) se rapprochent de constructions connues pour la fin du Moyen Âge seulement. Cette découverte conduit à reconsidérer l’histoire de la Norvège qui fait de Harald Ier à la Belle Chevelure (879-930) le premier roi du pays. L’imposante bâtisse pourrait être celle d’un souverain antérieur.
12:00
La douane remet à la BnF un sou d’or de Charlemagne et une mappemonde du XVIIe siècle
La Direction Nationale du Renseignement et des Enquêtes Douanières (DNRED), le service de renseignement de la douane, a remis le 1er avril à la Bibliothèque nationale de France (BnF) deux pièces exceptionnelles : un sou d’or de Charlemagne et une mappemonde murale en deux hémisphères datant de la seconde moitié du XVIIe siècle. Saisies par la DNRED, elles ont été remises à la BnF dans le cadre d’une cession à titre gracieux. Le sou d’or, issu d’une fouille non déclarée, était apparu sur le marché de l’art en 2018 et a été confisqué au vendeur. Il s’agit d’une pièce rare et en parfait état, dont seulement quatre exemplaires sont connus. La mappemonde, imprimée à Paris vers 1660, avait été exportée illégalement en Allemagne. Elle avait été confisquée en 2007 et confiée à la BnF en 2012, mais sans remise officielle. Également très rare, elle a été restaurée et numérisée.
08:00
Disparition de Kiyoshi Taménaga
Surnommé le « Samouraï noir » en raison du rôle qu’il joua dans le rapprochement entre les cultures française et japonaise, Kiyoshi Taménaga s’est éteint, à l’âge de 93 ans, le 26 mars dernier, chez lui, à Tokyo. Marchand d’art visionnaire, il était aussi mécène et collectionneur. Arrivé à Paris en 1957, il y ouvrit une galerie en 1971 sur l’avenue Matignon, deux ans après celle de Tokyo. Travaillant avec lui depuis de nombreuses années, son fils et son petit-fils ont aujourd’hui pris le relais.