![Pompage de l'eau de la nappe phréatique et dégagement des déblais après ouverture d'une brèche. © M. Imbert, Archéologie Alsace](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/05/2.-20240221_113056-scaled.jpg)
Une fouille préventive menée au début de l’année 2024 par Archéologie Alsace à Sélestat a permis de révéler et documenter les vestiges de la demi-lune 26. Construite dans le dernier quart du XVIIe siècle par Jacques Tarade, puis par Vauban, elle est localisée au sud du tissu urbain et faisait partie intégrante du système défensif moderne de la ville, alors rattachée au royaume de France. L’occasion de mettre en lumière les modes de construction de cette époque.
D’une surface d’environ 8 500 m², l’emprise était préalablement occupée par un site industriel du XXe siècle. La fouille a toutefois principalement concerné le dégagement du mur d’escarpe de la demi-lune sud (un ouvrage reprenant la forme d’un bastion, détaché de la fortification principale), qui participait à la mise en défense de la porte de Brisach, l’une des trois de la ville.
![Vue générale de la fouille et du mur d’escarpe de la demi-lune. © F. Basoge, Archéologie Alsace](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/05/4.-Panorama-1.jpg)
Mur d’escarpe et intérieur de l’ouvrage fortifié
La maçonnerie, qui subsistait en élévation jusqu’en 1975, a été reconnue sur environ 3,50 mètres de hauteur, jusqu’à ses fondations. Sa mise en œuvre impliquait à la fois des blocs rocheux (blocs de grès soigneusement taillés et réglés pour les assises inférieures, granite et brique pour le reste de l’élévation) et des éléments en bois (avec des madriers de chêne, déposés à même le substrat de gravier pour stabiliser les fondations et répartir la portance de l’ensemble). À l’intérieur de la demi-lune, une fosse et un mur (?) plus ancien ont été découverts. Au nord de l’ouvrage, les vestiges du canal du moulin ont été dégagés.
![Vestiges du pont de franchissement du fossé défensif qui permettait d’entrer dans la demi-lune : coffrage en bois (batardeau) et éléments noyés dans du mortier de tuileau. © B. Prévot, Archéologie Alsace](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/05/3.-DSC_4103-scaled.jpg)
Aménagements non maçonnés et abords extérieurs
En complément de l’étude des maçonneries, dont des portions similaires sont encore conservées actuellement et classées au titre des Monuments historiques, les aménagements extérieurs de la demi-lune ont pu être fouillés. Le fossé défensif localisé à l’avant du mur d’escarpe et la levée de terre formant contrescarpe ont été documentés. Plusieurs structures en bois ont également été dégagées dont deux palissades l’une située à la base du glacis et l’autre destinée à renforcer le bord extérieur du fossé. Les vestiges du pont servant d’accès à la demi-lune ont été mis en évidence du côté est : la base de la culée et des pièces de bois ayant servi à l’implantation de ses fondations ont été partiellement fouillées, le reste s’étendant hors emprise. Cette opération permettra de mieux comprendre les modalités de construction d’un ensemble fortifié de la fin du XVIIe siècle, notamment au niveau de ses abords extérieurs. L’étude des fondations du pont offre ainsi l’occasion de lire archéologiquement un phénomène bien illustré par la documentation d’archive.
![Plan de la ville de Sélestat et des fortifications modernes, 1774. © Archives municipales de Sélestat](https://www.actu-culture.com/wp-content/uploads/2024/05/1.-1774-AMSe-EE1-AncienPlanDeLaPlace-002-scaled.jpg)
Bastien Prévot
Archéologue territorial