À Toulouse, le musée des Arts précieux célèbre la Chine d’hier et d’aujourd’hui

Li Jinyuan (né en 1945), Yi de Lianshan (6) (détail), 2020. Encre et acrylique sur papier, 68 x 46 cm. Toulouse, musée Georges-Labit. Photo service de presse. © Toulouse, musée Georges-Labit
Le musée des Arts précieux Paul-Dupuy fait pour un temps office d’annexe pour le musée Georges-Labit actuellement en travaux mais qui poursuit ses acquisitions. Une sélection de laques et de porcelaines issues de la donation de Simone Brunau (1926-2021), co-fondatrice de la Cité internationale des arts (Paris 4e) dialogue admirablement avec de grandes encres sur papier des artistes contemporains Li Jinyuan et Ye Xingqian, récemment entrées dans les collections.
Simone Brunau, philanthrope et connaisseuse
Commandeur de la Légion d’honneur, grand officier de l’Ordre national du Mérite, chevalier des Arts et des Lettres, mais aussi docteur honoris causa des universités de Xi’An et de Hangzhou : Simone Brunau fut à l’évidence une figure du monde de la culture, malgré une discrétion certaine. Tout en s’investissant activement en faveur de la Cité internationale des arts de Paris qu’elle avait fondée en 1965 avec son époux Félix Brunau, cette intellectuelle dotée d’une solide formation académique s’est aussi illustrée comme une collectionneuse avisée.
Simone Brunau, 2006. © DR
Une collection exigeante
Fascinée par l’Asie, Simone Brunau a su allier curiosité et rigueur pour réunir une inestimable collection dont elle a, pour l’essentiel, fait don au musée Cernuschi et au musée Cognacq-Jay de Paris. Séduite par l’art japonais (des netsuke aux estampes ukiyo-e en passant par les arts décoratifs), elle rassemble surtout de nombreux objets venus de Chine. Les imposants paravents et armoires en bois laqué ainsi que le florilège de céramiques sélectionnés parmi les quatre-vingt pièces données au musée Georges-Labit éblouissent autant par leur beauté que par leur valeur de témoignages d’un mode de vie, d’une spiritualité.
Armoire en bois laqué et doré, dynastie Qing, XVIIIe siècle. 197 x 119 x 66,5 cm. Toulouse, musée Georges-Labit. Donation Simone Brunau. Photo service de presse. © Toulouse, musée Georges-Labit
Deux artistes en dialogue(s)
L’essentiel des beaux espaces d’exposition dont le musée des Arts précieux dispose depuis sa réouverture en 2022 sert d’écrin à une trentaine de vastes compositions de Li Jinyuan (né en 1945) et Ye Xingqian (né en 1963). Aujourd’hui célèbres à l’international, ils sont issus de deux régions et deux générations différentes, mais opèrent chacun à leur manière une étonnante synthèse entre techniques occidentales et encre chinoise, puisant leur inspiration aux sources du catholicisme, de Victor Hugo, de l’art moderne français, et bien sûr des rites et des croyances traditionnelles de l’Empire du Milieu.
Li Jinyuan (né en 1945), Gavarnie, hommage à Victor Hugo, 2022. Encre et acrylique doré sur papier, 206 x 594 cm. Toulouse, musée Georges-Labit. Photo service de presse. © Toulouse, musée Georges-Labit
Li Jinyuan, un taoïste sur les routes d’Occitanie
Né à Chengdu dans le Sichuan où il vit toujours, Li Jinyuan est très jeune devenu ouvrier dans une usine d’aéronautique sans cesser de dessiner. À force de ténacité, il va progressivement parvenir à se former auprès de peintres renommés et à se dédier entièrement à sa passion. En 1995, invité par la Région Midi-Pyrénées, il sillonne les routes du Lauragais, du Lot et des Pyrénées qui vont profondément l’inspirer. Ces paysages du Sud sont particulièrement à l’honneur parmi les vingt-et-une œuvres qu’il a données au musée Georges-Labit en 2025.
Li Jinyuan (né en 1945), Yi de Lianshan (6), 2020. Encre et acrylique sur papier, 68 x 46 cm. Toulouse, musée Georges-Labit. Photo service de presse. © Toulouse, musée Georges-Labit
Ye Xingqian, français d’adoption pétri de culture chinoise
Tout autre est le parcours de Ye Xingqian, qui a choisi d’émigrer en France en 1983. Marqué par l’art moderne et contemporain occidental (Jackson Pollock et Pierre Soulages notamment), il évolue à la lisière de l’abstraction et de la figuration, mais n’en est pas moins pétri de culture chinoise. Présent dans les collections du musée Guimet et du musée Cernuschi, il se dévoile ici à travers des encres intensément poétiques, caractérisées par le dynamisme de leur composition et la subtilité de leur lumière.
Ye Xingqian (né en 1963), Dans la brume et les pins (paysage Shangshui), 2019. Encre et acrylique sur toile, 150 x 150 cm. Toulouse, musée Georges-Labit. Photo service de presse. © Adagp, Paris, 2025. Toulouse, musée Georges-Labit
« L’encre et la matière. Chine précieuse », jusqu’au 22 juin 2025 au musée des Arts précieux Paul-Dupuy, 13 rue de la Pleau, 31000 Toulouse. Tél. 05 31 22 95 40. www.museepauldupuy.toulouse.fr
Catalogue, Art3Plessis, 80 p., 19 €.