Christofle au MAD : quand l’art de vivre rencontre le luxe à la française

Christofle, École cantonale d’artde Lausanne (ECAL) et Adrien Rovero (né en 1981), designer, Service à café Dip Malmaison, 2006. Métal argenté, caoutchouc. Conservatoire BouilhetChristofle.

Christofle, École cantonale d’artde Lausanne (ECAL) et Adrien Rovero (né en 1981), designer, Service à café Dip Malmaison, 2006. Métal argenté, caoutchouc. Conservatoire BouilhetChristofle. Photo service de presse. © Christophe Dellière

Fondée en 1830, la maison Christofle est aujourd’hui riche de près de deux siècles d’histoire, qui témoignent des progrès de l’industrie appliqués au luxe. Des couverts de table aux sculptures monumentales, des tables de prestige aux repas du quotidien, elle n’a eu de cesse de renouveler l’orfèvrerie traditionnelle en créant des pièces dans l’air du temps et en associant l’or et l’argent à des matériaux inattendus. Le MAD lui rend aujourd’hui un hommage magistral en exposant près de 1 000 pièces d’orfèvrerie, bijoux, tableaux, dessins et affiches donnant à voir l’inventivité sans limite de cette manufacture d’exception.

Bijoutier de formation, Charles Christofle (1805-1863) se voit confier la tête de l’entreprise familiale par son beau-frère à seulement 25 ans. Il se spécialise dans l’exportation et connaît un succès immédiat et retentissant. Dès sa première participation à l’Exposition des produits de l’industrie en 1839, il reçoit une médaille d’or, récompense qu’il obtiendra à de nombreuses reprises au fil des ans. Mais Christofle ne compte pas se cantonner à l’univers du bijou, il a soif d’innovations et un sens des affaires affûté.

Une révolution

En 1842, il révolutionne le monde de l’orfèvrerie en obtenant les brevets de dorure et d’argenture électrolytiques, déposés deux ans plus tôt par les Anglais Henry et George Richards Elkington et par le Français Henri de Ruolz. Cette technique consiste à appliquer un dépôt d’or ou d’argent sur une pièce réalisée dans un métal non précieux (laiton, cuivre, maillechort) grâce à un courant électrique. Elle constitue ainsi un moyen de démocratiser l’orfèvrerie en diminuant son coût de production, tout en offrant une solution alternative à la dorure au mercure, alors très répandue mais particulièrement nocive pour la santé des ouvriers.

Christofle, Marcel Eudes (actifentre 1873 et 1889) et Claude Leprêtre (actif vers 1873), sculpteurs, fontaine à rafraîchissement, 1873. Métal argenté et doré, ivoire. Conservatoire Bouilhet Christofle.

Christofle, Marcel Eudes (actifentre 1873 et 1889) et Claude Leprêtre (actif vers 1873), sculpteurs, fontaine à rafraîchissement, 1873. Métal argenté et doré, ivoire. Conservatoire Bouilhet Christofle. Photo service de presse. © Christophe Dellière

La galvanoplastie

D’abord argenteur à façon, Christofle produit ses propres ouvrages d’orfèvrerie dans sa manufacture parisienne de la rue de Bondy dès 1845 et conserve le monopole de l’argenture par électrolyse jusqu’en 1854. Dès les années 1850, il se lance également, grâce à son neveu Henri Bouilhet, dans la galvanoplastie. Ce procédé permet de réaliser en trois dimensions des objets d’une infinie légèreté en recouvrant un moule d’une fine couche de métal. Il produit ainsi des fac-similés d’une grande précision et des sculptures monumentales, notamment pour l’église Saint-Augustin, l’Opéra et le Louvre.

Christofle, Léon Mallet (actif entre 1874 et 1900), fontaine à thé du service à thé et à café Courge, vers 1891. Métal argenté, argent, ivoire, 39 x 29,3 x 20,5 cm. Conservatoire Bouilhet Christofle.

Christofle, Léon Mallet (actif entre 1874 et 1900), fontaine à thé du service à thé et à café Courge, vers 1891. Métal argenté, argent, ivoire, 39 x 29,3 x 20,5 cm. Conservatoire Bouilhet Christofle. Photo service de presse. © Christophe Dellière

« Coloriste avant tout, la maison Christofle avait voulu rompre avec cette note blanche ou grise de l’argent, avec les richesses criardes de la dorure neuve. »

Henri Bouilhet

Les cent couverts

Dès ses débuts, Christofle est soutenu par le roi Louis-Philippe, qui lui commande un premier service destiné au duc d’Aumale en 1844 puis un second plus important pour le château d’Eu en 1846. Il s’agit pour le souverain d’une prise de position audacieuse, à une époque où le jeune orfèvre est vivement critiqué par ses contemporains, peu convaincus par ce nouveau procédé qui leur fait de l’ombre. Le Prince-Président Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, lui accorde également sa confiance, en lui commandant un important service argenté par électrochimie, dit « des cent couverts ». Exécutées entre 1852 et 1855, les pièces du surtout sont sauvées des ruines du palais des Tuileries après l’incendie de 1871 et offertes au musée des Arts décoratifs par Henri Bouilhet. Par la suite, Christofle est également amené à fournir les ministères et autres institutions du gouvernement, puis les tables de la IIIe République. Si les commandes républicaines se sont depuis taries, les monumentales pièces de surtout sont toujours sorties des réserves lors d’occasions particulières, comme la venue de Charles III d’Angleterre en 2023.

Christofle, François Gilbert (1816‑1891), Georges Diebolt (1816‑1861), Pierre‑Louis Rouillard (1820-1881), surtout du service des cent couverts livré à Napoléon III pour le palais des Tuileries, pièce centrale « La France distribuant des couronnes de gloire », 1852-1855. Métal argenté, 100 x 292 x 105 cm. Paris, musée des Arts décoratifs.

Christofle, François Gilbert (1816‑1891), Georges Diebolt (1816‑1861), Pierre‑Louis Rouillard (1820-1881), surtout du service des cent couverts livré à Napoléon III pour le palais des Tuileries, pièce centrale « La France distribuant des couronnes de gloire », 1852-1855. Métal argenté, 100 x 292 x 105 cm. Paris, musée des Arts décoratifs. Photo service de presse. © Les Arts Décoratifs / Jean Tholance

Un atelier hors norme

Dès ses premières années d’existence, Christofle se distingue de ses concurrents (Odiot, Puiforcat…) par l’ampleur de sa production. Le recours à l’électrolyse lui permet de produire en grandes quantités à moindre coût, et ainsi de toucher une clientèle bien plus large que l’orfèvrerie traditionnelle : la bourgeoisie montante, avide d’imiter les pratiques aristocratiques, mais aussi les hôtels et les compagnies de transport modernes. Par ailleurs, il développe une stratégie commerciale énergique : il ouvre les portes de ses ateliers au public, ainsi qu’un magasin d’exposition, le pavillon de Hanovre à Paris, multiplie les catalogues de ventes, les affiches et les encarts publicitaires et crée un important réseau de revendeurs (déjà 176 juste avant sa mort en 1863). Enfin, il crée son propre système de poinçons afin de faire taire les doutes de ses rivaux sur la quantité de métal précieux déposée lors de l’électrolyse.

« Dès la seconde moitié du XIXe siècle, Christofle, fort de sa capacité à produire de nombreuses pièces en très peu de temps, devient le fournisseur privilégié des palaces, des hôtels et des grands restaurants. »

Christofle et la table

Lorsqu’il lance son activité d’argenture par électrolyse, Christofle doit trouver sa place, entre orfèvrerie traditionnelle et métal plaqué, et se constituer une clientèle. Soucieux de démocratiser le luxe, il entend créer des services de table accessibles à un large public, à une époque où le repas est pleinement un « moment essentiel de la sociabilité et de la représentation ». L’introduction du service à la russe, où chaque convive est servi individuellement, au début du XIXe siècle, entraîne au fil du siècle une multiplication et une spécialisation des couverts, toujours plus sophistiqués.

Christofle, pelle à fraises, manche fraisier, 1894. Métal argenté, 16,4 x 10,1 x 1,6 cm. Conservatoire Bouilhet Christofle.

Christofle, pelle à fraises, manche fraisier, 1894. Métal argenté, 16,4 x 10,1 x 1,6 cm. Conservatoire Bouilhet Christofle. Photo service de presse. © Christophe Dellière

Christofle se fait le reflet de ses pratiques et les couverts deviennent bientôt la part la plus importante de sa production. Aux côtés des couverts Filet, son premier succès (déclinés en 36 variantes en 1913), on trouve des pelles à poisson, des cuillères à gras et maigre, des pinces à asperge ou à escargot, des fourchettes à homard… Christofle propose des ménagères de plusieurs centaines de pièces, qui connaissent un succès tout particulier après la Seconde Guerre mondiale grâce aux effets du baby-boom et à l’invention de la liste de mariage par la maison elle-même.

_FIG.4.conv.jpg

Un ambassadeur de l’art de vivre à la française

Dès la seconde moitié du XIXe siècle, Christofle, fort de sa capacité à produire de nombreuses pièces en très peu de temps, devient le fournisseur privilégié des palaces, des hôtels et des grands restaurants. Il garnit les tables du Grand Hôtel du Louvre, du Meurice, du Crillon ou encore du Lutetia à Paris, du Negresco à Nice, du Riviera Palace à Monte-Carlo, etc. Pour Frédéric Delair, restaurateur de La Tour d’Argent célèbre pour sa recette de canard au sang, il élabore une étonnante presse à viande en 1897 et crée l’année suivante un modèle spécifique, le service Régence, pour l’inauguration du Ritz.

Christofle, Charles Mewès (1858-1914, architecte), fourchette detable du service Régence, vers 1898. Métal argenté, H. 19,5 cm. Ritz Paris.

Christofle, Charles Mewès (1858-1914, architecte), fourchette detable du service Régence, vers 1898. Métal argenté, H. 19,5 cm. Ritz Paris. Photo service de presse. © Christophe Dellière

L’essor du tourisme de luxe

À l’heure où le tourisme de luxe, servi par l’industrialisation, prend son essor, Christofle se positionne également en pourvoyeur des compagnies ferroviaires, maritimes et aériennes. Il livre ainsi une vaisselle commune à plusieurs navires dès 1853 et des services spécifiques aux lignes Art déco pour certains paquebots de la Compagnie générale transatlantique à partir de 1906, dont l’Ile-de-France et le Normandie. En homme d’affaires avisé, Christofle applique sur les parties les plus sollicitées des couverts une couche d’argent supplémentaire et propose une offre de réargenture afin de garantir leur longévité.

Christofle, Luc Lanel (1893-1965),dessinateur, table dressée pour la salle à manger de première classedu paquebot Normandie, service de table Transat et couverts Atlas, 1933-1935. Paris, musée des Artsdécoratifs et collection de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme‑Écomusée.

Christofle, Luc Lanel (1893-1965),dessinateur, table dressée pour la salle à manger de première classedu paquebot Normandie, service de table Transat et couverts Atlas, 1933-1935. Paris, musée des Artsdécoratifs et collection de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme‑Écomusée. Photo service de presse. © Christophe Dellière

Il fournit également les tables de l’Orient Express, train de prestige reliant Paris à Constantinople à partir de 1883, du Sud Express, de l’Étoile du Nord, du Train bleu, etc. et propose des pièces de vaisselle adaptées à l’exiguïté des wagons. Enfin, Christofle est présent dans les avions d’Air Union, futur Air France, dès les premiers vols commerciaux en 1926, et est encore aujourd’hui le fournisseur de la compagnie. Loin de n’équiper que des entreprises françaises, la maison Christofle a su profiter du développement des transports de luxe pour étendre son marché et diffuser ses créations partout dans le monde.

Une créativité sans limite

Si le modèle économique de la maison Christofle repose sur l’orfèvrerie de table du quotidien, elle participe également volontiers aux Expositions universelles et aux expositions organisées par l’Union Centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie (futur musée des Arts décoratifs). C’est pour elle l’occasion de montrer à des millions de visiteurs tout son savoir-faire à travers des pièces monumentales et spectaculaires, mais aussi de voir ce que proposent ses concurrents. Ces objets témoignent de la créativité inépuisable de Charles Christofle et de ses successeurs, régulièrement récompensés lors de ces manifestations. Fervents défenseurs du « beau dans l’utile », ils s’associent au fil des ans à des centaines de sculpteurs et de dessinateurs pour proposer des œuvres toujours dans l’air du temps.

Christofle, Albert-Ernest Carrier‑Belleuse (1824‑1887), sculpteur, cafetière L’Union fait le succès, modèle de 1880, édité après 1935. Métal argenté et ivoire. Conservatoire Bouilhet Christofle.

Christofle, Albert-Ernest Carrier‑Belleuse (1824‑1887), sculpteur, cafetière L’Union fait le succès, modèle de 1880, édité après 1935. Métal argenté et ivoire. Conservatoire Bouilhet Christofle. Photo service de presse. © Christophe Dellière

Des créations japonisantes

Ainsi, dans les années 1860-1870, Christofle se fait le chantre du japonisme et produit certaines de ses pièces les plus séduisantes. Vers 1874, Émile Reiber donne le dessin d’une paire d’encoignures japonisantes, attribuée aux frères Grohé pour l’ébénisterie et exécutée par Eugène Capy et Léon Mallet pour la sculpture en bronze, Eugène Guignard pour la patine métallique et Jean-Baptiste Tard pour l’émail, qui rencontre un franc succès. Dans ces mêmes années, la maison Christofle propose également des objets qui reflètent les différentes tendances « néo » de l’époque, puis embrasse les formes organiques de l’Art nouveau autour de 1900 et celles plus géométriques de l’Art déco dans les années 1920.

Christofle, Émile Reiber (1826-1893, dessinateur), attribuée à Grohé Frères (ébénistes), Eugène Capy (1829‑1894, sculpteur) et Léon Mallet (actif entre 1874 et 1900, sculpteur), Eugène Guignard (1817-?, auteur de la patine), Jean‑Baptiste Tard (1834‑1894, émailleur), encoignure « genre japonais » (d’une paire), vers 1874. Chêne, ébène, poirier noirci, noyer teinté et noirci, palissandre de Rio, palissandre des Indes, wacapou, bois d’amourette, alliage de cuivre argenté, doré et patiné, émail cloisonné, 195 x 95 x 63 cm. Paris, musée des Arts décoratifs.

Christofle, Émile Reiber (1826-1893, dessinateur), attribuée à Grohé Frères (ébénistes), Eugène Capy (1829‑1894, sculpteur) et Léon Mallet (actif entre 1874 et 1900, sculpteur), Eugène Guignard (1817-?, auteur de la patine), Jean‑Baptiste Tard (1834‑1894, émailleur), encoignure « genre japonais » (d’une paire), vers 1874. Chêne, ébène, poirier noirci, noyer teinté et noirci, palissandre de Rio, palissandre des Indes, wacapou, bois d’amourette, alliage de cuivre argenté, doré et patiné, émail cloisonné, 195 x 95 x 63 cm. Paris, musée des Arts décoratifs. Photo service de presse. © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

Le travail de la couleur

La maison Christofle est très attachée au travail de la couleur et dépose de nombreux brevets en ce sens. Elle présente ainsi ses premiers émaux cloisonnés, dessinés par Reiber pour la plupart, à l’Exposition universelle de 1867. À cette occasion, Christofle expose par ailleurs un procédé de damasquinure galvanique pour incruster le bronze, que l’on retrouve dans le grand vase Une ode d’Anacréon. En 1873, la maison étudie les bronzes chinois et japonais d’Henri Cernuschi afin de déterminer la composition des patines, ce qui aboutit l’année suivante à la mise au point de recettes chimiques pour obtenir des patines colorées par oxydation et sulfuration superficielles, plus durables que l’application de vernis et de bronzines en surface. Christofle développe également le guillochage électromagnétique et révèle lors de l’Exposition universelle de 1878 ses « métaux forgés », qui imitent les veines du bois, s’inspirant ainsi d’un procédé japonais qui permet d’obtenir des marbrures par laminage. Christofle propose enfin des décors martelés à reliefs polychromes.

Christofle, Émile Reiber (1826‑1893), dessinateur, torchère Gourdes et vignes grimpantes, 1874. Alliage de cuivre doré et patiné, émail cloisonné. Paris, musée des Arts décoratifs.

Christofle, Émile Reiber (1826‑1893), dessinateur, torchère Gourdes et vignes grimpantes, 1874. Alliage de cuivre doré et patiné, émail cloisonné. Paris, musée des Arts décoratifs. Photo service de presse. © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

Des associations audacieuses

Ces innovations techniques ne sont pas cantonnées au XIXe siècle. Au XXe siècle, on associe à plusieurs reprises le métal à d’autres matériaux organiques ou synthétiques, comme le bois, la peau de lapin, le caoutchouc, l’altuglas… En 1986, la maison propose des incrustations de laques de différentes couleurs, réalisées dans un atelier spécial à Yainville. Mais la laque est fragile et remplacée par de l’encre en 1991.

_FIG.8.conv.jpg

Renouveler une esthétique

À partir des années 1920, sous l’impulsion de Tony Bouilhet, la maison Christofle fait le choix de la modernité en collaborant avec des designers de renom. Gio Ponti et Lino Sabattini, ainsi que Christian Fjerdingstad et Tapio Wirkkala, contribuent à renouveler l’esthétique des objets de table, les uns en y introduisant l’humour qui caractérise le design italien, les autres en amenant les lignes épurées et l’association avec des bois aux teintes chaudes du design scandinave.

Christofle, Luc Lanel (1893-1965, dessinateur), vase cornet, collection Dinanderies, 1928. Alliage de cuivre argenté et patiné, 22,5 x 14,5 cm. Conservatoire Bouilhet Christofle.

Christofle, Luc Lanel (1893-1965, dessinateur), vase cornet, collection Dinanderies, 1928. Alliage de cuivre argenté et patiné, 22,5 x 14,5 cm. Conservatoire Bouilhet Christofle. Photo service de presse. © Christophe Dellière

Des collaborateurs renommés

Durant la Seconde Guerre mondiale, la production d’orfèvrerie s’arrête, faute de métal à travailler. Mais pour maintenir l’entreprise à flot, Tony Bouilhet décide de transformer le magasin de la rue Royale en galerie d’art, une aventure qui perdure jusque dans les années 1970. La maison travaille alors avec Jean Cocteau, Paul Éluard, César, Arman… Aujourd’hui encore, Christofle s’associe avec des designers contemporains (Garouste et Bonetti, Martin Szekely…), des grands couturiers (Christian Lacroix, Karl Lagerfeld) et a renoué avec la bijouterie depuis 1986 (Andrée Putman, Michele Oka Doner ou Mademoiselle Aurélie Bidermann).

Christofle, Mademoiselle AurélieBidermann (née en 1975), créatrice de bijoux, bracelet manchette Babylone, 2023. Argent. Conservatoire Bouilhet Christofle.

Christofle, Mademoiselle AurélieBidermann (née en 1975), créatrice de bijoux, bracelet manchette Babylone, 2023. Argent. Conservatoire Bouilhet Christofle. Photo service de presse. © Pierre Mahieu

« L’art de ne plus dresser la table »

C’est cette capacité à se renouveler et à innover en permanence qui fait la force de Christofle. Ainsi, face à l’évolution des usages, la maison propose en 2014 le MOOD by Christofle, une ménagère moderne qui correspond à cette image moins formelle du repas. Les couverts pour six personnes sont rangés dans une boîte en forme d’œuf qui limite leur oxydation, tout en constituant un véritable objet de décoration. Avec ce même souci d’adaptation au monde moderne et à la jeunesse, elle a également créé un gobelet à café en métal argenté, alter ego plus durable et plus chic du traditionnel gobelet en carton. Comme le rappelle Audrey Gay-Mazuel, conservatrice du patrimoine en charge des collections XIXe – Art nouveau et commissaire de l’exposition, l’ADN de la maison est clair : métamorphoser les codes de l’orfèvrerie, tout en restant dans cette excellence technique qui la caractérise.

Christofle, Karl Lagerfeld (1933-2019, couturier, auteur du modèle), MOOD by Christofle × Karl Lagerfeld, 2018. Acier, métal argenté, polymère, 30 x 20 cm. Conservatoire Bouilhet Christofle.

Christofle, Karl Lagerfeld (1933-2019, couturier, auteur du modèle), MOOD by Christofle × Karl Lagerfeld, 2018. Acier, métal argenté, polymère, 30 x 20 cm. Conservatoire Bouilhet Christofle. Photo service de presse. © Studio des fleurs pour Christofle

« Christofle. Une brillante histoire », jusqu’au 20 avril 2025 au musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. 01 44 55 57 50. www.madparis.fr

Catalogue, Éditions des Arts Décoratifs, versions française et anglaise, 304 p., 55 €.