Entre histoire et légende, Nantes célèbre les chevaliers
Après avoir accueilli Gengis Khan, le château des ducs de Bretagne ressuscite la noble figure du chevalier. Conçue en collaboration avec le musée Stibbert de Florence, l’exposition réunit plus de 150 pièces relatives à l’histoire de ces illustres cavaliers. Elle explore également des thèmes comme la place des femmes dans la société féodale ou la redécouverte de l’idéal chevaleresque aux XIXe et XXe siècles.
Le terme « chevalerie » désigne autant un ensemble de valeurs qu’une institution martiale. Dès le VIIIe siècle, les chevaliers se constituent en une caste de guerriers dont la légitimité repose sur leur virtuosité au combat. Fortunés, ils réussissent parfois à accroître leur domaine en servant des seigneurs qui les envoient à la guerre. Les plus talentueux d’entre eux peuvent même hériter d’un fief.
En lice
Tournois et joutes comptent parmi les activités les plus pratiquées par les chevaliers. Originellement conçus comme des entraînements au combat, ces duels perdent progressivement leur fonction guerrière pour devenir de simples événements sportifs. La présentation de la tapisserie dite « du Tournoi » donne à voir la magnificence des armures revêtues lors de ces occasions. Joyau de la lisserie flamande de la fin du Moyen Âge, l’œuvre capture le moment qui a directement suivi un tournoi donné en l’honneur de Philippe le Beau, en 1494.
Diptyque équestre
Le visiteur est accueilli par deux magnifiques armures de chevaliers italiens. Réalisées au XVIe siècle, elles témoignent de l’élégance des équipements de guerre de la Renaissance. La première, dénuée d’ornements, suggère un usage polyvalent, entre batailles et joutes. Sa simplicité laisse deviner un propriétaire privilégiant l’efficacité militaire aux fantaisies décoratives. La seconde, fabriquée à Brescia, se signale par des éléments d’apparat inspirés de l’Antiquité et des grotesques milanaises. Les caparaçons des chevaux, brodés d’or et ornés de motifs végétaux ou géométriques, rappellent le statut et la fortune des cavaliers. Chacune de ces pièces permet d’apprécier la virtuosité des ateliers médiévaux de l’Italie du Nord.
L’armure : de l’objet au symbole
L’exposition présente une impressionnante collections d’armures de la Renaissance. Leur disposition permet d’apprécier le changement de statut de cet équipement. L’adoption des armes à feu, au XVe siècle, contribue, en effet, à redéfinir l’usage de l’armure, initialement pensée comme un simple moyen de protéger le chevalier. À la fin du bas Moyen Âge, ce dispositif perd sa fonction militaire et devient un instrument de prestige pour les grands seigneurs.
D’estoc, de taille et de trait
Guerriers adroits, les chevaliers sont équipés d’armes dont l’emploi répond à des besoins précis. Épées, dagues, stylets puis pistolets à silex comptent parmi les instruments qu’ils utilisent le plus souvent. L’exposition présente également une spectaculaire collection d’armes d’hast (guisarme, fauchard, pertuisane, hallebarde) et de trait (arc, arbalète), seules capables de contenir les assauts des cavaliers sur le champ de bataille.
Femmes-chevaliers
L’irruption de guerrières dans l’univers masculin de la chevalerie atteste des progrès de la condition féminine au Moyen Âge. Traditionnellement actives dans les domaines de l’agriculture, du commerce et de la religion, les femmes investissent le champ militaire à partir du XIIe siècle. Deux cents ans plus tard, Jehan Lefèvre célèbre les « Neuf Preuses », un groupe de combattantes associées aux vertus chevaleresques.
Une figure entre mythe et réalité
L’exposition retrace également l’évolution de l’image du chevalier, tout à la fois héros et symbole. Si la chevalerie disparaît à la fin du Moyen Âge, la figure du guerrier monté est redécouverte au XIXe siècle. C’est au cours de cette période que naît le mythe du chevalier « sans peur et sans reproche ». Cette légende, encore entretenue par des médias comme le cinéma ou le jeu vidéo, participe à faire de ce combattant le champion des opprimés. Aujourd’hui, le terme « chevalier » est surtout utilisé pour désigner les récipiendaires de décorations telles que la Légion d’honneur ou l’insigne de l’ordre des Arts et des Lettres.
« Chevaliers », jusqu’au 20 avril 2025 au château des ducs de Bretagne – musée d’histoire de Nantes, 4 place Marc Elder, 44000 Nantes. Tél. 02 51 17 49 48. www.chateaunantes.fr
Catalogue, éditions du château des ducs de Bretagne – musée d’histoire de Nantes, 336 p., 38,50 €.