Exposition Louis XV à Versailles. Louis XV et les sciences

Guillaume Dheulland (dessinateur et graveur du roi pour la marine), sous la direction de Nicolas Noël, dit dom Noël, Vue du télescope fleurdelisé de huit pieds (détail), frontispice de la Suite de XXI planches gravées sous la direction de dom Noël, garde du cabinet royal de physique, représentant les élévations et coupes de plusieurs télescopes et microscopes qui se voient audit cabinet à Passy, près La Meute, Paris, Basan et Poignant, 1759-70. Eau-forte, burin, 51 x 40 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France.

Guillaume Dheulland (dessinateur et graveur du roi pour la marine), sous la direction de Nicolas Noël, dit dom Noël, Vue du télescope fleurdelisé de huit pieds (détail), frontispice de la Suite de XXI planches gravées sous la direction de dom Noël, garde du cabinet royal de physique, représentant les élévations et coupes de plusieurs télescopes et microscopes qui se voient audit cabinet à Passy, près La Meute, Paris, Basan et Poignant, 1759-70. Eau-forte, burin, 51 x 40 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France. © BnF

Comme le montre l’exposition du château de Versailles, Louis XV développa un goût personnel pour les sciences et aimait la compagnie et la conversation des savants. Avec une prédilection pour l’optique et l’astronomie, il encouragea les recherches des physiciens et des naturalistes, soucieux de promouvoir découvertes et progrès techniques.

On a souvent décrit Louis XV en grand connaisseur des sciences, se livrant à des observations et à des expérimentations. Féru d’astronomie, notamment, le roi consulte les astronomes comme Cassini II et son fils Cassini de Thury, ou encore les frères Lemonnier, aussi bien que les médecins comme François Gigot de la Peyronie. Dans le cabinet des sciences qu’il a fait aménager au château de la Muette trônent les télescopes du savant dom Noël, et l’on sait que le 22 mai 1724, dans les jardins de Trianon, Jacques Cassini, Louis XV et toute la cour assistent à l’éclipse totale du soleil. Comme tous les princes, il a reçu une éducation nourrie de culture scientifique appuyée sur une riche bibliothèque, sous la supervision du régent et du cardinal de Fleury. Cette éducation ne touche pas seulement aux mathématiques, à la physique (astronomie, optique), à la géographie et à l’histoire ; elle s’étend grâce au cabinet ethnographique du marquis de Serrant à la découverte de la diversité humaine. De l’art du jardin à l’essor de la ménagerie, en passant par la chasse et l’administration des eaux à Versailles, Louis XV paraît ainsi imposer un absolutisme naturaliste tout entier contenu dans la formule cartésienne : se faire « comme géomètre, maître et possesseur de la nature ».

« Dans le cabinet des sciences qu’il a fait aménager au château de la Muette trônent les télescopes du savant dom Noël, et l’on sait que le 22 mai 1724, dans les jardins de Trianon, Jacques Cassini, Louis XV et toute la cour assistent à l’éclipse totale du soleil. »

Guillaume Dheulland (dessinateur et graveur du roi pour la marine), sous la direction de Nicolas Noël, dit dom Noël, Vue du télescope fleurdelisé de huit pieds, frontispice de la Suite de XXI planches gravées sous la direction de dom Noël, garde du cabinet royal de physique, représentant les élévations et coupes de plusieurs télescopes et microscopes qui se voient audit cabinet à Passy, près La Meute, Paris, Basan et Poignant, 1759-70. Eau-forte, burin, 51 x 40 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France.

Guillaume Dheulland (dessinateur et graveur du roi pour la marine), sous la direction de Nicolas Noël, dit dom Noël, Vue du télescope fleurdelisé de huit pieds, frontispice de la Suite de XXI planches gravées sous la direction de dom Noël, garde du cabinet royal de physique, représentant les élévations et coupes de plusieurs télescopes et microscopes qui se voient audit cabinet à Passy, près La Meute, Paris, Basan et Poignant, 1759-70. Eau-forte, burin, 51 x 40 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France. © BnF

Des sciences à la cour

Versailles devient un centre de savoirs au XVIIIe siècle. On voit s’y développer les connaissances techniques et hydrauliques liées à l’approvisionnement en eau et, plus largement, aux défis posés par la création ex nihilo d’une ville, mais aussi les équipements scientifiques associés à l’histoire naturelle (la Ménagerie royale en 1662, à laquelle s’ajoutent la ménagerie de Trianon à partir de 1749, le Potager royal créé entre 1678 et 1683, la ferme expérimen-tale de Rambouillet aménagée entre 1784 et 1787). Bernard Le Bouyer de Fontenelle, secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences de 1699 à 1737, note que, sous Louis XV, la cour devient un véritable tribunal de la raison, qui concurrence l’académie parisienne. Elle est en effet le lieu d’expérimentations et d’innovations. Exemple fameux, la galerie des Glaces accueille 140 personnes le 14 mars 1746 pour une expérience d’électricité conduite par l’abbé Nollet, à partir du dispositif appelé « bouteille de Leyde ».

Jacques de Lajoüe, Portrait présumé de l’abbé Nollet dans son cabinet de travail, vers 1740. Huile sur bois, 54 x 44 cm. Paris, musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Jacques de Lajoüe, Portrait présumé de l’abbé Nollet dans son cabinet de travail, vers 1740. Huile sur bois, 54 x 44 cm. Paris, musée Carnavalet – Histoire de Paris. Photo CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Le roi se passionne en effet pour ces sujets dans ses cabinets de physique de l’hôtel des Menus-Plaisirs et du château de la Muette. Mais Versailles, c’est surtout le théâtre d’une nature fabriquée de toutes pièces, mesurée, encadrée. Certains savants y sont directement attachés comme Lafosse, maréchal-ferrant à la Petite Écurie en hippiatrie, ou encore le lieutenant des chasses Charles Georges Le Roy en sylviculture. Le roi installe dans le jardin du Petit Trianon un parc zoologique pour l’amélioration des races domestiques placé sous la direction de Buffon. Antoine Nicolas Duchesne y écrit un traité sur les fraises dont la vogue fait fureur sur les tables de la cour, tandis que Mathieu Tillet et Duhamel du Monceau réfléchissent à des innovations agronomiques. Enfin, François Quesnay profite de son séjour à Versailles pour s’intéresser aux questions économiques et collecte des données agricoles. Soutenu par la marquise de Pompadour, il réunit autour de lui un petit cercle de savants et de courtisans et fait même publier son Tableau économique avec l’aide de Louis XV. Il incarne à merveille le savant versaillais.

La « bouteille de Leyde »

Au cabinet de physique de l’hôtel des Menus-Plaisirs à Versailles et dans le laboratoire que Louis XV avait fait aménager au château, l’abbé Nollet, brillant physicien que l’électricité passionnait, donnait aux enfants royaux des leçons de physique expérimentale. Il présenta dans la galerie des Glaces une expérience à partir de ce qu’il nommait la « bouteille de Leyde », dispositif mis au point par le Leydois Pieter Van Musschenbroek et consistant à accumuler de l’électricité dans un récipient rempli d’eau.

Pieter Van Musschenbroek (auteur intellectuel), bouteilles de Leyde, 2nde moitié du XVIIIe siècle. Cire, étain, laiton et verre, H. 56 cm. Paris, musée des Arts et Métiers – Conservatoire national des arts et métiers.

Pieter Van Musschenbroek (auteur intellectuel), bouteilles de Leyde, 2nde moitié du XVIIIe siècle. Cire, étain, laiton et verre, H. 56 cm. Paris, musée des Arts et Métiers – Conservatoire national des arts et métiers. © Musée des Arts et Métiers – Cnam – M. Favareille

De la cour à la ville : l’intérêt pour la connaissance

Si la cour donne le ton, l’engouement pour les sciences n’épargne pas Paris. Le règne de Louis XV est le moment d’émergence d’une science publique qui sort des académies et des universités. Dans le sillage des récréations mathématiques, de la physique amusante ou des amphithéâtres d’anatomie se développent des spectacles de sciences qui envahissent la capitale du royaume. S’inspirant du philosophe anglais John Locke, l’abbé Condillac – qui sera à partir de 1757 précepteur du jeune Ferdinand de Bourbon, petit-fils de Louis XV – publie en France plusieurs ouvrages traitant du processus d’acquisition de la connaissance, notamment son Essai sur l’origine des connaissances humaines (1746). L’épistémologie de l’histoire naturelle mise en place par Buffon est fondée sur le rapport à la sensibilité et sur la pratique de visions répétées : « On doit donc commencer par voir beaucoup et revoir souvent. » Quant aux Leçons de physique expérimentale (1767) de l’abbé Nollet et au Spectacle de la nature de l’abbé Pluche (sept volumes publiés de 1732 à 1750), ils font partie des best-sellers du milieu du XVIIIe siècle.

Georges Louis Le Rouge, Nouveau Trianon planté par Louis XV, vers 1778. Planche 20 du cahier VI des Jardins anglo-chinois, Paris, Le Rouge, 1776-88. Eau-forte, 28,3 x 43,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Georges Louis Le Rouge, Nouveau Trianon planté par Louis XV, vers 1778. Planche 20 du cahier VI des Jardins anglo-chinois, Paris, Le Rouge, 1776-88. Eau-forte, 28,3 x 43,5 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, dist. RMN / image château de Versailles

Un chef-d’œuvre de Claude Siméon Passemant

D’une grande prouesse technique, cette pendule est aussi un chef-d’œuvre des arts décoratifs du règne de Louis XV. Fruit d’un travail de conception de douze ans du marchand mercier Claude Siméon Passemant (1702-1769) et de douze années de réalisation par l’horloger Louis Dauthiau (1713-1769), elle est présentée en 1749 à l’Académie royale des sciences, au Louvre, qui l’approuve, confirmant que les calculs sont justes. Louis XV en prend connaissance en septembre 1750 alors qu’il est à Choisy. Il demande qu’un coffrage soit réalisé. Une boîte en bronze, exceptionnelle œuvre rocaille, dont les quatre faces sont garnies de vitres et d’un miroir, est construite par les sculpteurs Jacques et Philippe II Caffieri. L’objet, présenté au roi en 1753, rejoint le cabinet de Versailles en 1754. La pendule se présente comme une horloge surmontée d’une boule de cristal représentant le système planétaire avec, pour chaque planète, l’orbe qu’elle décrit autour du soleil, ainsi que les équinoxes, les solstices, les éclipses, le calendrier lunaire. La sphère fonctionne à l’aide d’un mécanisme qui comprend 120 roues et pignons. Sur le globe terrestre, des pierres précieuses indiquent les grandes villes du monde, et l’on peut à chaque instant distinguer la part éclairée par le Soleil de celle qui ne l’est pas. Cet objet prestigieux se trouve toujours dans l’appartement intérieur de Louis XV, au sein du cabinet auquel il a donné son nom.

 Claude Siméon Passemant (ingénieur), Louis Dauthiau (horloger du roi depuis 1751), Jacques et Philippe Caffieri (sculpteurs, fondeurs et ciseleurs), pendule astronomique de Louis XV, Paris, 1749-53. Bronze ciselé et doré, émail, acier, laiton, cuivre, verre et peinture, H. 226 ; L. 83,2 ; P. 53 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Claude Siméon Passemant (ingénieur), Louis Dauthiau (horloger du roi depuis 1751), Jacques et Philippe Caffieri (sculpteurs, fondeurs et ciseleurs), pendule astronomique de Louis XV, Paris, 1749-53. Bronze ciselé et doré, émail, acier, laiton, cuivre, verre et peinture, H. 226 ; L. 83,2 ; P. 53 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Photo service de presse. © Château de Versailles, dist. RMN – C. Fouin

Sciences utiles et techniques

Sous Louis XV, l’essor des sciences et des techniques est mis au service d’un aménagement du royaume dont l’enquête du régent en 1716-1718 souligne les ambitions. Il s’agit d’interroger les intendants des provinces pour faire un état des lieux des ressources minéralogiques, agricoles, manufacturières du royaume. L’entreprise mobilise des savants de renom comme Réaumur, le chimiste Homberg, l’abbé Bignon. Héritier de Bacon, le savant des Lumières est par excellence un faiseur de projets. C’est au nom de l’utilité que les sciences sont mobilisées par la monarchie, qu’il s’agisse de l’amélioration de l’industrie avec les manufactures de soie ou de l’amélioration de l’agriculture avec les sciences de l’agronomie. Le développement des sciences vétérinaires se fait également sous le patronage royal. La création de l’École royale vétérinaire de Lyon par Claude Bourgelat ne répond pas à une volonté de savoir général sur les animaux ou aux épizooties qui ravagent l’Europe au milieu du XVIIIe siècle : elle est liée à une économie politique physiocratique d’amélioration de l’agriculture que symbolise la ménagerie expérimentale de Trianon, où l’on installe un poulailler, une laiterie, une bergerie et une vacherie.

La Création faite pendule

Présentée à Louis XV au Grand Trianon en février 1754, cette pendule déploie l’iconographie de la Création dans une forme héritée du baroque. Par un agencement virtuose de mécanismes, elle indique notamment les heures, les dates et les phases de la lune, associées à un planétaire et à un globe terrestre tournant.

Claude Siméon Passemant, pendule La Création du monde, Paris, 1754. Laiton, fer, bronze patiné, argenté et doré, verre, H. 143 ; L. 83 ; P. 73 cm. Paris, musée du Louvre, en dépôt au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Claude Siméon Passemant, pendule La Création du monde, Paris, 1754. Laiton, fer, bronze patiné, argenté et doré, verre, H. 143 ; L. 83 ; P. 73 cm. Paris, musée du Louvre, en dépôt au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Musée du Louvre, dist. RMN – T. Ollivier

Cette philosophie utilitaire s’exprime en particulier dans la réflexion sur les techniques qui conduit à la création des écoles d’ingénieurs, qu’il s’agisse de l’École du génie de Mézières en 1748 ou de l’École des ponts et chaussées en 1747. Ce nouveau modèle éducatif vise à repenser la formation, centrée sur la pratique du projet. Il conduit aussi à s’inspirer des modèles étrangers. Ainsi, entre 1716 et 1757, on s’appuie sur l’expertise des missionnaires jésuites de Pékin (les pères Dentrecolles, Du Halde, D’Incarville) pour importer systématiquement les techniques chinoises. Cette technophilie des Lumières s’ancre dans une histoire naturelle des arts inspirée de l’Antiquité et coïncide avec l’émergence d’un espace public de la technologie tournée vers la description des métiers. L’enthousiasme mis dans la « documentation » technique provenant de Chine renvoie à un ensemble d’opérations intellectuelles qui vise à constituer une archive ouverte de l’invention à une échelle globale. Cette technophilie de la monarchie ne débouche pas sur un transfert direct de procédés ; elle reste fondée sur la vision élitiste d’une intelligence technique.

Jean-Baptiste Oudry, Ananas dans un pot, 1733. Huile sur toile, 130 x 97,6 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Jean-Baptiste Oudry, Ananas dans un pot, 1733. Huile sur toile, 130 x 97,6 cm. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Photo service de presse. © Château de Versailles, dist. RMN – C. Fouin

Le cabinet de physique du château de la Muette

Ce globe fut, avec d’autres, commandé par le marquis de Marigny en 1758 et fut acquis par le roi pour son cabinet de physique du château de la Muette. Un mouvement d’horlogerie dissimulé permettait de faire tourner le globe sur lui-même en vingt-trois heures, cinquante-six minutes et quatre secondes, soit le temps de révolution des étoiles fixes, tandis que l’horloge située au-dessus indiquait l’heure.

Claude Siméon Passemant (ingénieur), Joseph Léonard Roque (horloger), Philippe Caffieri (bronzier), Guillaume de La Haye (graveur) et Gobin (dessinateur), globe mouvant céleste du cabinet de physique du roi au château de la Muette, 1759. Plâtre, carton, papier, bronze doré et métal ferreux, H. 75 ; diam. 64 cm Paris, bibliothèque de l’Observatoire de Paris.

Claude Siméon Passemant (ingénieur), Joseph Léonard Roque (horloger), Philippe Caffieri (bronzier), Guillaume de La Haye (graveur) et Gobin (dessinateur), globe mouvant céleste du cabinet de physique du roi au château de la Muette, 1759. Plâtre, carton, papier, bronze doré et métal ferreux, H. 75 ; diam. 64 cm Paris, bibliothèque de l’Observatoire de Paris. © Bibliothèque de l’Observatoire de Paris

Expéditions, science et exotisme

Dans les années 1720 et jusqu’au milieu du siècle, sciences « économiques » et sciences « naturelles » s’associent étroitement à la faveur de la prospection menée dans les mines françaises ou dans les colonies américaines comme au Missouri ou en Louisiane. Les secrets des chimistes en matière de monnaie, leur connaissance des métaux encouragent la recherche de gisements miniers aussi rentables que celui de Potosí en Bolivie. Surtout, les empires attirent les expéditions scientifiques où la découverte de la flore exotique tient une place majeure. L’engouement pour l’exotisme a en effet pris des proportions considérables à Versailles, avec la mise au point des serres chaudes. Lorsque Louis XV confie à Bougainville une expédition vers le continent austral en 1766, Philibert Commerson, naturaliste infatigable, se voit proposer d’embarquer pour ce voyage autour du monde. Chargé d’y faire des recherches d’histoire naturelle, il prend place au sein de l’équipage de La Boudeuse et de L’Étoile au départ de Nantes, le 15 décembre : il parcourt l’Amérique du Sud, découvrant à son passage à Rio de Janeiro le bougainvillier, et fait escale dans de nombreuses îles du Pacifique, dont Tahiti, la « nouvelle Cythère ». Les nombreuses récoltes de Commerson, ses notes, ses dessins accumulés lors de son périple sont envoyés en France par Jeanne Barret, sa servante, embarquée sous un déguisement d’homme, et qui devient ainsi la première femme à faire le tour du monde. Ce riche ensemble de données rejoint bientôt le cabinet du roi. Prestigieux reflet des découvertes et cultures exotiques royales, la collection des vélins du roi, initiée au siècle précédent, s’enrichit sous Louis XV grâce aux talents de Claude Aubriet et Madeleine de Basseporte. Ananas, cactus et autres poissons exotiques y font ainsi leur apparition. Ils offrent aujourd’hui l’un des plus beaux témoignages de la convergence entre exigence scientifique, curiosité et considérations esthétiques à la cour de Louis XV.

Les vélins du roi

Vingt pièces issues de la prestigieuse collection des vélins du roi, conservée au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, sont réunies à l’exposition. S’il ne fut pas l’initiateur de cette vaste entreprise consistant à faire représenter par des peintres spécialisés des sujets d’histoire naturelle sur un support d’exception (la peau de veau mort-né), Louis XV était passionné de botanique et savait en outre que l’accroissement de la collection initiée par Gaston d’Orléans et poursuivie par Louis XIV servirait la gloire du royaume. Conformément à l’esprit encyclopédique du temps, chaque nouvelle planche venait en effet consigner et décrire avec une grande exactitude scientifique les curiosités ramenées des voyages lointains ou nouvellement cultivées dans les serres et jardins royaux. Louis XV veilla à son tour à confier ce soin à des peintres supérieurement doués, logés au Jardin des Plantes : Claude Aubriet (1707-1742) et Madeleine de Basseporte (1742-1780), assistés de leurs élèves et travaillant sous le contrôle des professeurs du Jardin du roi. Plusieurs centaines de vélins furent ainsi réalisés sous son règne.

Claude Aubriet, Cerei scandentis minoris polygoni articulati flos et fructus. Cactus grandiflorus (Linné) Amérique méridionale, 1707-42. Gouache sur papier, 46 x 33 cm environ. Paris, Muséum national d’histoire naturelle, collection des vélins, portefeuille 49, folio 64.

Claude Aubriet, Cerei scandentis minoris polygoni articulati flos et fructus. Cactus grandiflorus (Linné) Amérique méridionale, 1707-42. Gouache sur papier, 46 x 33 cm environ. Paris, Muséum national d’histoire naturelle, collection des vélins, portefeuille 49, folio 64. Source : MNHN, photo T. Querrec (RMN)

Madeleine de Basseporte, Aloe rubescens (De Candolle) Inde, 1742-80. Gouache sur vélin, 46 x 33 cm environ. Paris, Muséum national d’histoire naturelle, collection des vélins, portefeuille 8, folio 33.

Madeleine de Basseporte, Aloe rubescens (De Candolle) Inde, 1742-80. Gouache sur vélin, 46 x 33 cm environ. Paris, Muséum national d’histoire naturelle, collection des vélins, portefeuille 8, folio 33. Source : MNHN, photo T. Querrec (RMN)

« Louis XV. Passions d’un roi », jusqu’au 19 février 2023 au château de Versailles, place d’Armes 78000 Versailles. Tél. 01 30 83 75 05. www.chateauversailles.fr

Catalogue sous la direction de Yves Carlier et Hélène Delalex, In Fine / Château de Versailles, 496 p., 49 €.