Fastes et beautés de la Chine impériale au musée Guimet
Dans le cadre de l’année franco-chinoise du tourisme culturel, le musée national des arts asiatiques – Guimet accueille un extraordinaire ensemble privé d’objets d’orfèvrerie de la dynastie Ming (1368-1644). Habituellement exposée au musée des Beaux-Arts de Qujiang (Xi’an, Chine), la collection Dong Bo Zhai est la propriété de Peter Viem Kwok. Ces objets uniques au monde ont été réalisés par le Bureau impérial d’orfèvrerie des Ming.
L’or n’a pas – à proprement parler – une origine chinoise. Ni dans son sous-sol qui en est pauvre, ni dans son usage. C’est par l’Asie centrale, la Perse et le monde des steppes qu’il est arrivé. Les agrafes de vêtements et les boucles de ceinture en bronze incrustées d’or, d’argent, de cuivre ou de pierres fines furent adoptées par la Chine dès la fin de l’âge de bronze. Dans cette société hautement hiérarchisée, seuls le bronze et le jade avaient auparavant la faveur, parce qu’ils symbolisaient le pouvoir et la richesse, donc le niveau social.
Les usages de l’or
Les dynasties Sui (581-618) et Tang (618-907) le placèrent au rang de métal noble en l’employant comme matériau constituant des objets rituels. Là aussi, cet usage venait de Perse, où les vases et les verseuses étaient en métal. Marco Polo remarqua que les Yuan (1271-1368) en faisaient grand usage. Au début de la dynastie Ming (1368-1644), dont le commerce était florissant, on l’utilisa aussi comme monnaie d’échange sur le marché international, à l’instar de l’argent. L’usage du précieux métal obéit alors encore à des diktats impériaux. À la fin des Ming et sous les Qing (1644-1911), l’or échappe à tout contrôle impérial et ne reçoit plus de restriction que le seul pouvoir d’achat de celui qui peut en posséder. Importé de l’étranger en masse, il comble alors les désirs de toute une classe « bourgeoise » florissante.
Un matériau idéal
Grâce à un point de fusion relativement bas – vers 1064 ° C – et à ses extraordinaires malléabilité et ductilité, l’or se plie à tous les procédés : martelage, étirage, ajourage, repoussage, granulation, incrustation, etc. Dorure, ciselure, filigrane, sertissage, rien ne lui résiste. L’exposition du musée Guimet le montre bien, certains artefacts présentant chacun quatre ou cinq techniques différentes.
Une virtuosité exceptionnelle
120 objets sont présentés : la première salle accueille les vases et les récipients ; la deuxième salle retrace, à travers des vidéos, l’histoire et les techniques de travail du métal ; enfin, les bijoux et parures sont disposés dans la rotonde. S’y déploient de magnifiques pièces destinées aux femmes, toutes travaillées avec virtuosité : bracelets, épingles à cheveux, boucles d’oreilles, la plupart montées de pierres fines ou précieuses. Un étonnant pendant d’écharpe – en réalité une boîte à senteurs – offre un motif de dragon en ajouré, sa chaînette agrémentée de rubis. Pour ce qui est de la vaisselle cérémonielle ou décorative, notons enfin une très élégante verseuse en or sertie de jade, de rubis et de saphirs, datée de l’année 1601 du règne de Wanli (1573-1620).
« L’or des Ming. Fastes et beautés de la Chine impériale (14e-17e siècle) », jusqu’au 13 janvier 2025 au musée national des arts asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna, 75116 Paris. Tél. 01 56 52 54 33. www.guimet.fr
Catalogue, coédition musée Guimet / In Fine éditions d’art, 216 p., 35 €.