Inde, Chine, Japon : splendeur des bronzes d’Asie
Depuis le troisième millénaire avant notre ère, les fondeurs asiatiques produisent des chefs-d’œuvre. Le Rijksmuseum, qui conserve une belle collection de cuivres et bronzes d’Asie sur lesquels ont été menées des recherches approfondies ces dernières années, en présente de manière exceptionnelle une sélection éblouissante.
Pour la première fois, le public peut ainsi admirer une acquisition récente, un cuivre doré et peint tibétain représentant la divinité Guhyasamaja enlaçant sa parèdre pour devenir le bouddha Akshobhya. L’arrivée de ce Guhyasamaja Akshobhya (première moitié du XVe siècle) a donné l’occasion d’organiser autour de lui une exposition de près de soixante-quinze statues et objets d’Asie issus de ses collections ainsi que de six grands musées asiatiques (une quinzaine de sculptures viennent pour la première fois en Europe), de musées européens et de collections privées.
Chefs-d’œuvre millénaires
Une scénographie élégante et aérée permet d’observer sous tous ses aspects chacun de ces chefs-d’œuvre créés depuis le troisième millénaire avant notre ère dans les actuels Inde, Pakistan, Viêt Nam, Thaïlande, Indonésie, Népal, Chine, Japon et Corée. Ils sont présentés par thèmes (« Le Ciel et la Terre », « Lumière et reflet », « Parfum », etc.) mais certains trônent isolés au milieu d’une salle, acquérant ainsi une aura particulière. C’est le cas d’une figure anthropomorphe (vers 1500-1000 avant notre ère) provenant de la vallée du Gange, en Inde, et conservée au musée des Arts asiatiques de Nice, qui ouvre le parcours, et, plus loin, d’une lame de hallebarde cérémonielle chinoise (dynastie des Zhou occidentaux, vers 1045-771 avant notre ère) du musée Guimet.
L’une des plus anciennes statues de bronze d’Asie, fondue à la cire perdue, est Femme debout (vers 2500-1500 avant notre ère), appartenant à la culture encore mystérieuse de Mohenjo-Daro, au Pakistan. Près d’elle se trouve une hache cérémonielle chinoise (XIIIe siècle avant notre ère). Le catalogue présente un schéma du moule d’argile en deux parties qui a pu être utilisé pour la fondre, témoignage de la dextérité des métallurgistes de cette époque.
Un vase pour Sarah Bernhardt
La section suivante, qui rassemble des objets funéraires ainsi que des statues de dieux et déesses ou de créatures surnaturelles, est impressionnante. L’élégance des bronzes indiens fondus du Xe au XIIe siècle le dispute à celle du groupe Cheval et son palefrenier (II-IIIe siècle) provenant d’une tombe chinoise. Il était peint : l’intérieur des oreilles de l’équidé a gardé son rouge corail d’origine. Plus loin, parmi d’autres chefs-d’œuvre animaliers, sont présentés l’Éléphant Camondo du musée Guimet (Chine, vers les XIIe-XIe siècles avant notre ère), vase rituel destiné au vin ayant appartenu à Sarah Bernhardt, et un récipient en forme d’éléphant monté par un cornac (Java, XIVe-XVe siècle) du Rijksmuseum.
Les lampes à huile de Java ou d’Inde, les miroirs chinois et coréens (l’un d’eux, datant d’environ 1200, représente un bateau pris dans une tempête), des cloches de toutes les formes et un tambour du Viêt Nam (IVe siècle avant notre ère) concluent cette captivante exploration des arts d’Asie.
« Bronzes d’Asie. 4 000 ans de beauté », jusqu’au 12 janvier 2025 au Rijksmuseum, Museumstraat 1, 1071 XX Amsterdam. Tél. 00 31 20 67 47 000. www.rijksmuseum.nl/fr
Catalogue, en néerlandais et en anglais, coédition na010 / Rijksmuseum, 228 p., 35 €.