Que voir à Paris en cet automne 2024 ? Notre sélection d’expositions incontournables

Bruno Liljefors, Cinq études d’animaux dans un cadre : Pinsons et libellules (détail), 1885. Huile sur panneau, 33 x 25,5 cm. Stockholm, Nationalmuseum.

Bruno Liljefors, Cinq études d’animaux dans un cadre : Pinsons et libellules (détail), 1885. Huile sur panneau, 33 x 25,5 cm. Stockholm, Nationalmuseum. Photo service de presse. © Stockholm, Nationalmuseum / Photo Cecilia Heisser

Du décor sculpté de Notre-Dame à la peinture suédoise en passant par le modernisme brésilien, Paris se met en quatre pour vous offrir un vaste et séduisant panorama artistique en cet automne 2024.

Lumière nordique au musée d’Orsay

Harriet Backer (1845-1932), la plus renommée des peintres norvégiennes au tournant du XIXe et du XXe siècle, se voit consacrer sa première rétrospective en France. L’artiste connut un grand succès avec ses paysages et ses représentations du monde rural, et en particulier avec ses vues d’églises traditionnelles en bois. Influencée aussi bien par l’impressionnisme que par le naturalisme, elle mit au point une synthèse très personnelle des deux courants et fut très admirée pour sa virtuosité dans le rendu des variations de la lumière, obtenu grâce à des vibrations chromatiques souvent comparées à des accords musicaux.

Harriet Backer (1845-1932), Intérieur, le soir, 1896. Huile sur toile, 54 x 66 cm. Oslo, National Museum.

Harriet Backer (1845-1932), Intérieur, le soir, 1896. Huile sur toile, 54 x 66 cm. Oslo, National Museum. Photo service de presse. © National Museum / Børre Høstland

« Harriet Backer (1845-1932). La musique des couleurs », jusqu’au 12 janvier 2025 au musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris. Tél. 01 40 49 48 14. www.musee-orsay.fr

Catalogue, coédition musées d’Orsay et de l’Orangerie / Flammarion, 184 p., 39 €.

Pollock et Picasso au musée Picasso

Le musée Picasso revient sur les débuts de la carrière de Jackson Pollock (1912-1956) et en particulier sur l’influence de l’œuvre de Picasso que le jeune artiste découvre lors de la grande rétrospective organisée en 1939 au Museum of Modern Art de New York. Fasciné par Les Demoiselles d’Avignon et la Jeune Fille devant un miroir, il s’en inspire pour réaliser des dessins de figures hybrides, également marqués par l’art traditionnel des peuples américains. Cette double référence le conduit progressivement sur la voie des drippings, les compositions picturales expérimentales qui feront sa célébrité.

Jackson Pollock (1912-1956), The Moon Woman, 1942. Huile sur toile. Collection Peggy Guggenheim.

Jackson Pollock (1912-1956), The Moon Woman, 1942. Huile sur toile. Collection Peggy Guggenheim. Photo service de presse. © Pollock-Krasner Foundation / Adagp, Paris 2024

« Jackson Pollock. Les premières années (1934-1947) », jusqu’au 19 janvier 2025 au musée national Picasso-Paris, 5 rue de Thorigny, 75003 Paris. Tél. 01 85 56 00 36. www.museepicassoparis.fr

La masculinité selon Caillebotte au musée d’Orsay

Récemment entrée dans les collections du musée ­d’Orsay, la Partie de bateau de Caillebotte est au cœur de la grande exposition organisée à l’occasion des 130 ans du décès de l’artiste. Comme le Jeune Homme à sa fenêtre prêté par le J. Paul Getty ­Museum et Rue de Paris ; temps de pluie venu de l’Art ­Institute de Chicago, ce tableau permet de relire l’œuvre du peintre en tenant compte des dernières recherches sur la redéfinition de la masculinité au XIXe siècle. Un nouvel idéal moderne et viril apparaît ainsi au fil des tableaux de Caillebotte qui, en grande majorité, mettent en scène des personnages masculins, contrairement aux toiles de Degas, Manet et Renoir qui représentent principalement des figures féminines ou des scènes de sociabilité mixtes. Le musée d’Orsay rend également hommage à la générosité de Caillebotte qui légua à l’État sa grande collection de peintures impressionnistes, composée d’œuvres majeures comme le Bal du moulin de la galette de Renoir, Le Balcon de Manet et La Gare Saint-Lazare de Monet. Ces tableaux, ordinairement dispersés dans plusieurs salles, sont exceptionnellement réunis pour démontrer l’ampleur de ce don qui permit à la modernité picturale d’entrer dans les collections nationales.

Gustave Caillebotte (1848-1894), Partie de bateau (Canotier au chapeau haut de forme), vers 1877-1878. Huile sur toile, 89,5 x 116,7 cm. Paris, musée d’Orsay.

Gustave Caillebotte (1848-1894), Partie de bateau (Canotier au chapeau haut de forme), vers 1877-1878. Huile sur toile, 89,5 x 116,7 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo service de presse. © musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Sophie Crépy

« Caillebotte. Peindre les hommes », jusqu’au 19 janvier 2025 au musée d’Orsay, Esplanade Valéry Giscard d’Estaing, 75007 Paris. Tél. 01 40 49 48 14. www.musee-orsay.fr

Catalogue, coédition musée d’Orsay / Hazan, 256 p., 45 €.

Tarsila do Amaral de retour à Paris au musée du Luxembourg

Le musée du Luxembourg offre à Tarsila do Amaral (1886-1973) sa première rétrospective en France. Cette figure centrale du modernisme brésilien, qui vécut entre São Paulo et Paris, contribua à forger la culture visuelle d’un pays en pleine transformation. Influencée à la fois par les arts précoloniaux du Brésil et par le cubisme découvert en France, elle tenta d’élaborer une synthèse afin d’atteindre un « primitivisme » idéalisé. Son œuvre singulier traduit son amour des paysages brésiliens, rendus par des couleurs vives et des lignes claires, qui contrastent avec de mystérieuses visions oniriques.

Tarsila do Amaral (1886-1973), Carte postale, 1929. Huile sur toile, 127,5 x 142,5 cm. Collection particulière.

Tarsila do Amaral (1886-1973), Carte postale, 1929. Huile sur toile, 127,5 x 142,5 cm. Collection particulière. Photo service de presse. © Collection particulière, Rio de Janeiro / photo Jaime Acloll © Tarsila do Amaral Licenciamento e Empreendimentos S.A.

« Tarsila do Amaral. Peindre le Brésil moderne », jusqu’au 2 février 2025 au musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris. Tél. 01 40 13 62 00. www.museeduluxembourg.fr

Catalogue, Grand Palais RMN éditions, 208 p., 40 €.

Vent de folie au musée du Louvre

De Bosch à Goya en passant par Bruegel, les multiples figures du fou se déclinent en peinture, en gravure, en sculpture, mais aussi dans les décors intérieurs, sur les vitraux et les tapisseries, dans les enluminures des manuscrits, sans oublier les objets du quotidien, comme les gobelets ou les cartes de tarot. Elles donnent à voir autant de représentations, parfois subversives, de la marginalité et de l’altérité qui questionnent ou contestent l’ordre établi. Le parcours en 300 œuvres montre l’importance de ce phénomène dans l’art européen, en particulier aux alentours de 1500, au moment de la publication de La Nef des fous de Brant et de l’Éloge de la folie d’Érasme.

D’après Hieronymus Bosch (1453 ?-1516), Le Concert dans l’œuf. Huile sur toile, 108 x 126 cm. Lille, palais des Beaux-Arts.

D’après Hieronymus Bosch (1453 ?-1516), Le Concert dans l’œuf. Huile sur toile, 108 x 126 cm. Lille, palais des Beaux-Arts. Photo service de presse. © RMN-Grand Palais (palais des Beaux-Arts, Lille) / Stéphane Maréchalle

« Figures du fou. Du Moyen Âge aux romantiques », jusqu’au 3 février 2025 au musée du Louvre, hall Napoléon, rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. 01 40 20 53 17. www.louvre.fr

Catalogue, coédition musée du Louvre / Gallimard, 448 p., 45 €.

Immersion dans une forêt suédoise au Petit Palais

Après Carl Larsson et Anders Zorn (cf. EOA n° 538, pp. 40-47), le Petit Palais expose pour la première fois en France un autre grand nom de la peinture suédoise : Bruno Liljefors. Il nous entraîne au cœur de la nature nordique, sur la piste de lièvres courant dans la neige ou de renards dissimulés dans les sous-bois. Par sa virtuosité picturale, l’artiste retranscrivit avec une extrême précision le vol des oies sauvages, les parades amoureuses des tétras, les évolutions des eiders et des balbuzards pêcheurs… Son approche scientifique renouvela profondément la peinture animalière au tournant du XIXe et du XXe siècle.

Bruno Liljefors, Cinq études d’animaux dans un cadre : Pinsons et libellules, 1885. Huile sur panneau, 33 x 25,5 cm. Stockholm, Nationalmuseum.

Bruno Liljefors, Cinq études d’animaux dans un cadre : Pinsons et libellules, 1885. Huile sur panneau, 33 x 25,5 cm. Stockholm, Nationalmuseum. Photo service de presse. © Stockholm, Nationalmuseum / Photo Cecilia Heisser

« Bruno Liljefors. La Suède sauvage », jusqu’au 16 février 2025 au Petit Palais – musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. Tél. 01 53 43 40 00. www.petitpalais.paris.fr

Catalogue, Paris Musées, 160 p., 35 €.

Des zombis au musée du quai Branly

Les zombis envahissent le musée du quai Branly ! À la croisée du monde des morts et des vivants, ces êtres effrayants qui sèment la terreur dans les films d’épouvante font l’objet d’une grande exposition cherchant à revenir aux sources originelles de ce phénomène dans le vaudou haïtien. Liée aux routes transatlantiques de l’esclavage, la figure du zombi provient initialement d’un syncrétisme complexe, né de la rencontre des croyances magico-religieuses de l’Afrique sub-saharienne et des Caraïbes. Statuettes, costumes et objets rituels, comme les sculptures enclouées ou les miroirs repousse-maléfices, évoquent cette tradition polymorphe et sa postérité dans la culture populaire.

Statuette magique (nkisi), République démocratique du Congo, avant 1886. Bois, miroir, argile, résine, matières animales, végétales et minérales, pigments.

Statuette magique (nkisi), République démocratique du Congo, avant 1886. Bois, miroir, argile, résine, matières animales, végétales et minérales, pigments. Photo service de presse. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

« Zombis. La mort n’est pas une fin ? », jusqu’au 16 février 2025 au musée du quai Branly – Jacques Chirac, 37 quai Branly, 75007 Paris. Tél. 01 56 61 70 00. www.quaibranly.fr

Catalogue, coédition musée du quai Branly – Jacques Chirac / Gallimard, 216 p., 36 €.

Ribera en pleine lumière au Petit Palais

Dans la lignée de « Luca Giordano (1634-1705), le triomphe de la peinture napolitaine » (cf. L’Objet d’Art hors-série n° 145) et « Les Bas-fonds du Baroque, la Rome du vice et de la misère », le Petit Palais consacre une nouvelle exposition aux évolutions picturales dans l’Italie du XVIIe siècle. Il entend bien prouver que Jusepe de Ribera (1591-1652), surtout connu pour son « ténébrisme » inspiré par Caravage, fut l’un des plus grands peintres de l’âge baroque. Grâce aux dernières recherches scientifiques qui ont conduit à la redécouverte d’un ensemble exceptionnel d’œuvres datant de son séjour romain, comme Le Jugement de ­Salomon (galerie Borghèse), Le Christ parmi les docteurs (musées de Langres) et Le Reniement de saint Pierre (galerie Corsini), le parcours propose pour la première fois de retracer l’ensemble de sa carrière. Il suit l’évolution de cet artiste espagnol qui fit carrière à Rome, puis à Naples où il s’établit définitivement. La puissance dramatique de ses tableaux, l’intensité du clair-obscur et de la gestuelle théâtrale, le réalisme sans concession firent de Ribera l’un des artistes les plus prisés de son temps.

Jusepe de Ribera (1591-1652), Saint Jérôme et l’ange du Jugement dernier, 1626. Huile sur toile, 262 x 164 cm. Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte. Su concessione del MiC – Museo e Real Bosco di Capodimonte. Photo service de presse. © Archivio dell’arte / Luciano et Marco Pedicini

Jusepe de Ribera (1591-1652), Saint Jérôme et l’ange du Jugement dernier, 1626. Huile sur toile, 262 x 164 cm. Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte. Su concessione del MiC – Museo e Real Bosco di Capodimonte. Photo service de presse. © Archivio dell’arte / Luciano et Marco Pedicini Photo service de presse. © GrandPalaisRMN ( musée de Cluny – musée national du Moyen Âge) / Michel Urtado

« Ribera (1591-1652). Ténèbres et lumière », jusqu’au 23 février 2025 au Petit Palais – musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. Tél. 01 53 43 40 00. www.petitpalais.paris.fr

Catalogue, Paris Musées, 304 p., 49 €.

Rétrospective pop à la Fondation Louis Vuitton

Le pop art est à l’honneur à la Fondation Louis Vuitton ! Pour fêter le 10e anniversaire de son ouverture au public, elle consacre une exposition à ce mouvement artistique majeur, emblématique des années 1960. Articulée autour de la figure centrale de Tom Wesselmann (1931-2004), elle lui associe une trentaine d’artistes partageant une même « sensibilité pop », de Marcel Duchamp à Jeff Koons, afin d’explorer l’évolution de cette esthétique qui mêle références artistiques et culture populaire. Les créations de ­Derrick Adams, Tomokazu Matsuyama et Mickalene Thomas, spécialement réalisées pour cet événement, montrent le renouveau permanent du pop art.

Tom Wesselmann (1931-2004), Sunset nude with the dream, 2004. Huile sur toile, 205,7 x 181,6 cm. Collection particulière.

Tom Wesselmann (1931-2004), Sunset nude with the dream, 2004. Huile sur toile, 205,7 x 181,6 cm. Collection particulière. Photo service de presse. © Fondation Louis Vuitton / Jeffrey Sturges © Adagp, Paris, 2024

« Pop forever. Tom Wesselmann &… », jusqu’au 24 février 2025 à la Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris. Tél. 01 40 69 96 00. www.fondationlouisvuitton.fr

Le décor sculpté de Notre-Dame au musée de Cluny

Alors que le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris touche à sa fin, le musée de Cluny, principal lieu de conservation des sculptures de la cathédrale, consacre une exposition à ces œuvres médiévales exceptionnelles. Il présente les résultats du grand programme d’étude et de restauration mené depuis 2022 en partenariat avec l’Inrap, et dévoile pour la première fois au public une trentaine de fragments du jubé édifié dans les années 1230 et mis au jour lors des récentes recherches archéologiques préventives.

La Résurrection des morts : ange sonnant de la trompe et trois ressuscités sortant de leur tombeau, Notre-Dame de Paris, portail du Jugement dernier, extrémité gauche du linteau, vers 1240. Calcaire lutérien, traces de polychromie. Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge.

La Résurrection des morts : ange sonnant de la trompe et trois ressuscités sortant de leur tombeau, Notre-Dame de Paris, portail du Jugement dernier, extrémité gauche du linteau, vers 1240. Calcaire lutérien, traces de polychromie. Paris, musée de Cluny – musée national du Moyen Âge. Photo service de presse. © GrandPalaisRMN ( musée de Cluny – musée national du Moyen Âge) / Michel Urtado

« Faire parler les pierres. Sculptures médiévales de Notre-Dame », jusqu’au 16 mars 2025 au musée de Cluny – musée national du Moyen Âge, 28 rue Du Sommerard, 75005 Paris. Tél. 01 53 73 78 22. www.musee-moyenage.fr

Vibrations textiles à la Fondation Cartier 

Figure majeure du Fiber Art, Olga de Amaral (née en 1932 à Bogota) se voit consacrer sa première grande rétrospective en Europe à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Depuis ses premières créations textiles, l’artiste colombienne multiplie les expérimentations à partir des diverses techniques de tissage, tressage, nouage, et joue avec des matières comme le lin, le coton, le crin de cheval, et surtout la feuille d’or. Ses œuvres tridimensionnelles, à la fois peintures, sculptures, installations et architectures, ont contribué au renouveau du regard porté sur l’art textile, longtemps considéré comme mineur. Avec Sheila Hicks et Magdalena Abakanowicz, Olga de Amaral a ainsi participé au développement du Fiber Art. Inspirée aussi bien par l’art précolombien que par le modernisme et l’abstraction, découverts lors de ses études à ­l’Académie des arts de Cranbrook aux États-Unis, elle ne cesse d’interroger le pouvoir évocateur des couleurs, notamment dans sa série Brumas, composée de tissages aériens conçus comme des nuages ou des rideaux de pluie colorés.

Olga de Amaral (née en 1932), Bruma T, Bruma Q, Bruma R, 2014. Lin, gesso acrylique, papier japonais, et bois, 205 x 90 x 190 cm (chacun).

Olga de Amaral (née en 1932), Bruma T, Bruma Q, Bruma R, 2014. Lin, gesso acrylique, papier japonais, et bois, 205 x 90 x 190 cm (chacun). Photo service de presse. © Olga de Amaral, courtesy Lisson Gallery

« Olga de Amaral », jusqu’au 16 mars 2025 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, 75014 Paris. Tél. 01 42 18 56 50. www.fondationcartier.com

Catalogue, Éditions Fondation Cartier pour l’art contemporain, 300 p., 45 €.

Une chambre à soi au musée des Arts décoratifs

Un gigantesque trou de serrure donne accès à la nouvelle exposition du musée des Arts décoratifs consacrée à la notion d’intimité. Son parcours foisonnant réunit 470 œuvres, peintures, photographies, mais aussi objets d’arts décoratifs, de design et surtout du quotidien, qui retracent une histoire de l’intime du XVIIIe siècle à nos jours. Il montre comment la chambre, espace de réception sous l’Ancien ­Régime, devint progressivement la pièce privée par excellence. Cette évolution s’accompagna de la création de lieux spécifiquement destinés à la toilette. La généralisation de la salle de bain dans le courant du XXe siècle entraîna la disparition dans les chambres des brocs à eau et des tubs en métal. Alors que la notion d’intimité semblait s’être imposée comme une valeur fondamentale de la modernité, l’apparition des nouvelles technologies dans l’univers domestique remet aujourd’hui en cause les frontières entre public et privé. La dernière partie de l’exposition, intitulée « La chambre connectée », questionne l’intimité face aux réseaux sociaux et aux outils informatiques de surveillance.

Edgar Degas (1834-1917), Femme assise sur le bord d’une baignoire et s’épongeant le cou, 1880-1895. Peinture à l’huile et à l’essence sur papier marouflé sur toile, 52,2 x 67,5 cm.

Edgar Degas (1834-1917), Femme assise sur le bord d’une baignoire et s’épongeant le cou, 1880-1895. Peinture à l’huile et à l’essence sur papier marouflé sur toile, 52,2 x 67,5 cm. Photo service de presse. © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

« L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux », jusqu’au 30 mars 2025 au musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris. Tél. 01 44 55 57 50. www.madparis.fr

Catalogue, coédition musée des Arts décoratifs / Gallimard, 288 p., 49 €.