New York, Anvers, Vienne : ces expositions qui vont vous donner envie de voyager pendant les fêtes

Vincent Van Gogh (1853-1890), La Nuit étoilée, 1888. Huile sur toile, 73 x 92 cm. Paris, musée d'Orsay.

Vincent Van Gogh (1853-1890), La Nuit étoilée, 1888. Huile sur toile, 73 x 92 cm. Paris, musée d'Orsay. Photo service de presse. © Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Après vous avoir proposé notre sélection d’expositions incontournables à Paris et en régions, cap sur les chefs-d’œuvre qui rayonnent au-delà de nos frontières. Van Gogh illumine Londres pour le bicentenaire de la National Gallery, Sienne brille de tout son éclat au Metropolitan Museum of Art de New York, tandis que le maniérisme de Van Heemskerck s’impose aux Pays-Bas.

La National Gallery célèbre son 200e anniversaire avec Van Gogh 

Œuvres mythiques du postimpressionnisme, la série des Tournesols que Van Gogh réalise à l’été 1888 est dispersée dès l’année suivante. L’une des six toiles, envoyée à Theo, sera acquise en 1924 par la National Gallery de Londres, tandis qu’une autre, conservée par M. et Mme Ginoux, rejoint en 1935 les États-Unis puis entre dans les collections du Philadelphia Museum of Art. Le musée londonien les réunit le temps d’une exposition, en s’inspirant d’une lettre de l’artiste à son frère en mai 1889. Les deux Tournesols encadrent La Berceuse, un portrait d’Augustine Roulin également peint à Arles (la version du Museum of Fine Arts de Boston). Regroupées autour de cet étonnant triptyque, plus de cinquante œuvres exécutées dans le Sud de la France explorent le goût de Van Gogh pour le travail sériel et la dimension poétique, voire symbolique, qu’il confère aux motifs dont il s’empare.

Vincent van Gogh (1853-1890), Tournesols, 1888. Huile sur toile, 92,1 x 73 cm. Londres, The National Gallery.

Vincent van Gogh (1853-1890), Tournesols, 1888. Huile sur toile, 92,1 x 73 cm. Londres, The National Gallery. Photo service de presse. © The National Gallery, London

« Van Gogh : poètes et amants », jusqu’au 19 janvier 2025 à la National Gallery, Trafalgar Square, Londres. Tél. 00 44 20 77 47 28 85. www.nationalgallery.org.uk

Catalogue, National Gallery Global, 256 p., 35 £.

Van Heemskerck, un génie du maniérisme révélé aux Pays-Bas

Le Néerlandais Maarten van Heemskerck (1498-1574) fait l’objet d’une toute première rétrospective à l’occasion du 450e anniversaire de son décès. Pas moins de 134 œuvres de sa main (soit la moitié du corpus connu à ce jour) ont pu être rassemblées pour cet exceptionnelle exposition déployée sur trois sites. À Haarlem où Van Heemskerck a commencé sa formation puis travaillé dans l’atelier de Jan van Scorel, le Frans Hals Museum dévoile ses premiers portraits de commanditaires aisés et scènes religieuses, à l’instar du Saint Luc peignant la Vierge de 1532 tout juste restauré. C’est justement cette année-là que le jeune artiste prend le chemin de Rome où il reste quatre ans. Le Stedelijk Museum d’Alkmaar revient sur ce séjour décisif au gré de nombreux dessins et études d’après des monuments et sculptures de l’Antiquité ou de la Renaissance prêtés par le Kupferstichkabinett de ­Berlin. Peints 20 ans après ce voyage, les douze panneaux en grisaille de la série des Hommes forts, réunis pour la première fois depuis 75 ans, mettent en exergue l’influence durable de Michel-Ange ou ­Bandinelli. Enfin, le Teylers Museum de Haarlem expose plus de soixante estampes dont la fameuse série des Huit Merveilles du monde antique, manifestant le rôle crucial de Van Heemskerck dans le domaine de la gravure néerlandaise.

Maarten van Heemskerck (1498-1574), Autoportrait avec le Colisée, vers 1553. Huile sur panneau, 42,2 x 54 cm. Cambridge, The Fitzwilliam Museum.

Maarten van Heemskerck (1498-1574), Autoportrait avec le Colisée, vers 1553. Huile sur panneau, 42,2 x 54 cm. Cambridge, The Fitzwilliam Museum. Photo service de presse. © photo Andrew Normant

« Maarten van Heemskerck », jusqu’au 19 janvier 2025 au Frans Hals Museum et au Teylers Museum, Haarlem, et au Stedelijk Museum, Alkmaar. Tél. 00 31 (0)6 295 32 686. www.discovervanheemskerck.nl

Catalogue, WBOOKS, 304 p., 39,95 €.

À l’aube de la Renaissance siennoise à New York

Si Florence apparaît comme l’épicentre de la première Renaissance, Sienne a pourtant vu naître certains des plus grands artistes du XIVe siècle : les frères ­Lorenzetti, Duccio et Simone Martini eurent, au même titre que Giotto ou Andrea Pisano, une influence considérable sur la peinture européenne. Le Metropolitan Museum met magistralement en lumière cette école en réunissant une centaine de tableaux, sculptures, précieux textiles et objets de ferronnerie, grâce au concours de la National Gallery de Londres et d’une douzaine d’autres institutions. Si les Florentins se distinguent par l’attention portée aux corps, aux émotions et à la perspective, les Siennois privilégient un style élégant, à la fois décoratif et spirituel, encore empreint de l’influence byzantine. En témoignent l’impressionnante Maestà de Duccio, l’Annonciation peinte par Ambrogio Lorenzetti pour le Palazzo Pubblico de Sienne, ou encore le Polyptyque Orsini de Simone Martini, éblouissant retable portatif en quatre panneaux aujourd’hui dispersés dans trois musées. Ce dialogue fécond souligne l’émulation qui régnait au sein de cette fabuleuse génération d’artistes siennois, tragiquement décimée par la peste noire au mitant du siècle.

Pietro Lorenzetti (vers 1280-1348), La Crucifixion, vers 1340. Tempera et feuille d’or sur bois, 35,9 x 25,7 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art.

Pietro Lorenzetti (vers 1280-1348), La Crucifixion, vers 1340. Tempera et feuille d’or sur bois, 35,9 x 25,7 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art. Photo service de presse. © New York, The Metropolitan Museum of Art

« Sienne, l’avènement de la peinture, 1300-1350 », jusqu’au 26 janvier 2025 au Metropolitan Museum of Art, 1000 5e Avenue, New York. Tél. 00 212 570 3951. www.metmuseum.org

Catalogue, 312 p., 48,95 $.

Gallen-Kallela, itinéraire d’un héros finlandais à Vienne

Akseli Gallen-Kallela (1865-1931), qui a récemment fait l’objet d’expositions à Orsay (cf. L’Objet d’Art n° 477, p. 6 et Dossiers de l’Art n° 192) puis au musée Jacquemart-André, est assurément le plus grand peintre finlandais. En représentant la réalité de son pays dans ses aspects les plus banals, mais aussi dans ce qu’il a de plus élevé, notamment en illustrant la grande épopée nationale, le Kalevala, cet artiste incarne le farouche désir d’émancipation de tout un peuple. En grand voyageur qu’il était, il s’est également formé à l’étranger, notamment à Paris, Berlin, Londres, mais aussi à Vienne, où il expose dès 1901 aux côtés de membres de la Sécession. C’est sur cet itinéraire que le musée du Belvédère revient, nous faisant découvrir la magie d’une Finlande où se côtoient le fantastique des grands mythes nordiques et le réalisme parfois cru du quotidien des paysans, sous forme d’hommage à un artiste à la modernité manifeste.

Akseli Gallen-Kallela (1865-1931), Première leçon, vers 1887-1889. Huile sur toile, 117 x 98 cm. Helsinki, National Gallery.

Akseli Gallen-Kallela (1865-1931), Première leçon, vers 1887-1889. Huile sur toile, 117 x 98 cm. Helsinki, National Gallery. Photo service de presse. © Foto : Finnische Nationalgalerie, Helsinki / Hannu Pakarinen

« Akseli Gallen-Kallela », jusqu’au 2 février 2025 au musée du Belvédère, Vienne. Tél. 00 43 1 795 57 177. www.belvedere.at/en

Catalogue, Belvédère, 176 p.

Rivalités florentines à Londres

À partir d’une quarantaine de peintures, sculptures et dessins remarquables, la Royal Academy nous entraîne à Florence autour de l’année 1504 : alors que Léonard travaille à la fresque de la Bataille d’Anghiari pour le Palazzo Vecchio, Michel-Ange achève son monumental David, tandis que Raphaël, tout juste âgé de 21 ans, vient d’arriver dans la cité. L’exposition explore la rivalité artistique qui s’exacerbe alors entre les deux aînés, et l’influence déterminante que leurs œuvres ont sur le jeune Raphaël. Ce dernier perfectionne encore son style et livre bientôt quelques-uns de ses chefs-d’œuvre, parmi lesquels la Madone Bridgewater et La Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean, qui dialoguent magistralement avec le splendide Tondo Taddei (seul marbre de Michel-Ange conservé en Grande-Bretagne) ou le Carton de Burlington House, inestimable étude de Léonard trônant en majesté dans la galerie centrale.

Léonard de Vinci (1452-1519), Sainte Anne, la Vierge, l’Enfant Jésus et saint Jean-Baptiste enfant ou Carton de Burlington House, vers 1506-1508. Charbon et craie blanche sur papier, monté sur châssis, 141,5 x 104,6 cm. Londres, The National Gallery.

Léonard de Vinci (1452-1519), Sainte Anne, la Vierge, l’Enfant Jésus et saint Jean-Baptiste enfant ou Carton de Burlington House, vers 1506-1508. Charbon et craie blanche sur papier, monté sur châssis, 141,5 x 104,6 cm. Londres, The National Gallery. Photo service de presse. © National Gallery, London

« Michelangelo, Leonardo, Raphaël : Florence, c. 1504 », jusqu’au 16 février 2025 à la Royal Academy of Arts, Burlington House, Piccadilly, Londres. Tél. 00 44 20 7300 80 90. www.royalacademy.org.uk

Catalogue, 160 p., 40 £.

Ensor dans le feu de l’actualité à Anvers

Joyeusement grinçante, l’année James Ensor bat son plein cet automne à Anvers ! Le KMSKA, qui abrite la plus importante collection d’œuvres du peintre, crée l’événement en confrontant son travail avec celui des grands artistes auxquels il entendait se mesurer. Cette ambitieuse manifestation qui convoque entre autres Édouard Manet, Auguste Renoir ou Edvard Munch, s’attache à comprendre comment le Belge parvint à aller « au-delà de l’impressionnisme ». Les amateurs d’estampes ne manqueront pas de visiter « États d’imagination d’Ensor » au musée Plantin-Moretus : au plus près de l’acte créateur, le visiteur découvrira les sources d’inspiration du graveur et la manière dont il a expérimenté le médium. Les dialogues artistiques prennent un tour plus contemporain au Fotomuseum, où Cindy Sherman est rapprochée d’Ensor pour son sens aiguisé de la critique sociale, et au musée de la Mode où le peintre dialogue avec des artistes évoluant dans l’univers de la mode, autour des thèmes de la mascarade et du maquillage.

James Ensor (1860-1949), Autoportrait avec chapeau fleuri. Huile sur toile. Ostende, Mu.ZEE.

James Ensor (1860-1949), Autoportrait avec chapeau fleuri. Huile sur toile. Ostende, Mu.ZEE. Photo service de presse. © Adri Verburg

Toutes les informations sur www.visitflanders.com