Christie’s proposera à Londres le 2 juillet prochain un exceptionnel Repos pendant la fuite en Égypte de la main de Titien au destin rocambolesque. Estimation : entre 15 et 25 millions de livres.
Offert au feu des enchères durant la Old Masters Week, ce tableau est exceptionnel à plus d’un titre.
Un artiste de 20 ans
Il s’agit tout d’abord d’une des dernières toiles en mains privées du grand maître vénitien de la Renaissance. Peinte lorsque l’artiste avait à peine 20 ans, elle porte la marque de l’influence de Giorgione, disciple comme Titien de Giovanni Bellini, par la douceur poétique et le sentiment d’harmonie atmosphérique qui s’en dégagent. Cette œuvre possède en outre une histoire des plus mouvementées. Documentée pour la première fois chez un marchand d’épices à Venise au début du XVIIe siècle, elle a transité au cours des siècles par diverses capitales européennes, été volée deux fois, et fut retrouvée il y a 30 ans dans un sac plastique à un arrêt de bus !
Une périple européen
Elle quitte d’abord l’Italie pour l’Angleterre, achetée en 1638 par le 1er duc de Hamilton qui sera exécuté au cours de la première guerre civile anglaise. Les collections de ce dernier sont alors acquises par l’archiduc Léopold Guillaume d’Autriche, avant de rejoindre les cimaises du palais du Belvédère. Mais en 1809, lors du passage des troupes napoléoniennes, le Titien est emporté vers Paris. Après un bref retour à Vienne, il entre en 1878, à l’occasion d’une vente Christie’s, en possession de John Alexander Thynne, 4e marquis de Bath, qui le place dans son château de Longleat House dans le Wiltshire où il sera dérobé en 1995. Ce n’est que sept ans plus tard que le détective Charles Hill, véritable « détective de l’art », retrouve cette œuvre insigne près d’un arrêt de bus du sud-ouest de Londres.
Nathalie Mandel