Christie’s et Artcurial à l’heure du Salon du dessin

La sélection de la vente annuelle de dessins anciens et du XIX^e siècle de Christie’s propose un large éventail d’œuvres sur papier, soit une centaine de lots dont certains empiètent même sur le XX^e siècle, auquel est adjoint pour la seconde année consécutive un groupe de terres cuites. La dynastie des Tiepolo est à l’honneur avec un dessin au lavis brun de Gian Domenico, Paysage avec une vache et d’autres animaux (30 000/40 000 €) où l’artiste décrit différentes espèces sans se soucier des proportions.

Très riche, la section française – en particulier le XVIII^e siècle –, présente une grande sanguine d’Hubert Robert, caractéristique de son séjour romain, figurant les ruines du portique d’Octavie (15 000/20 000 €), une élégante Étude d’homme agenouillé de Charles-Joseph Natoire, préparatoire au dessin aquarellé L’École du modèle conservé au Courtauld Institute à Londres, ou encore une délicate tête féminine par Élisabeth Vigée-Le Brun (10 000/15 000 €). Parmi les œuvres plus récentes, notons une belle aquarelle de Sam Szafran, Malakoff, Boulevard Montparnasse (35 000/45 000 €), appartenant à une série dédiée aux toits de Paris, vraisemblablement réalisée depuis la fenêtre de l’atelier de l’artiste à Malakoff. Du côté des sculptures, on remarquera une Cariatide en bois et cire de Jean-Baptiste Carpeaux, constituant peut-être une étude pour le groupe sculpté réalisé pour la façade de l’hôtel de ville de Valenciennes (15 000/25 000 €).

Sam Szafran (1934-2019), Malakoff, Boulevard Montparnasse. Graphite et aquarelle, 31 x 47 cm. Estimé : 35 000/45 000 €. Photo service de presse. © Christie’s Images Ltd, 2025 © Adagp, Paris, 2025

Parmi la quarantaine de dessins inédits proposés dans la vente d’Artcurial, on retiendra trois portraits au crayon de Jean-Auguste-Dominique Ingres campant des membres de la famille Marcotte d’Argenteuil, notamment Charles Marcotte d’Argenteuil assis de profil, à mi-corps (120 000/150 000 €), grand mécène que l’artiste avait rencontré à Rome lorsqu’il était pensionnaire à la Villa Médicis ; sa femme, née Louise Becquet de Layens (150 000/200 000 €), et sa mère, à l’âge de 85 ans (70 000/100 000 €), furent également dessinées par l’artiste. Proposées pour la première fois, ces œuvres sont demeurées dans la descendance directe des modèles jusqu’à aujourd’hui.

Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), Portrait de Charles Marcotte d’Argenteuil assis de profil, à mi-corps, 1811, retouché par l’auteur en 1835. Crayon noir, estompe. Estimé : 120 000/150 000 €. Photo service de presse. © Artcurial

Une dizaine de feuilles, provenant des héritiers du marchand et collectionneur Maurice Gobin (1883-1962), seront également mises à l’encan ; on notera un remarquable pastel par Claude Monet figurant la mer déchaînée à Étretat (250 000/300 000 €) et une aquarelle de Théodore Géricault dévoilant un cheval de trait vu par la croupe, avec au verso trois personnages à Londres (100 000/150 000 €). Un Léopard en colère de Jean-Baptiste Oudry (30 000/ 50 000 €) ainsi qu’un Cheval défiant un serpent par Eugène Delacroix (30 000/40 000 €) ne manqueront pas eux aussi de séduire les amateurs, en cette période de l’année où Paris devient la capitale mondiale du dessin.