Le Grand Palais, nouvel écrin de prestige pour FAB Paris
FAB Paris joue gros cette année avec une seconde édition qui investira le site majestueux du Grand Palais tout juste rénové, l’occasion de renouer avec le faste qui fit la réputation internationale de la Biennale des Antiquaires. 100 galeries incluant 25 nouveaux entrants et un tiers de galeries étrangères exposeront leurs plus belles pièces du 22 au 27 novembre 2024. La manifestation aura pour invitée d’honneur la Villa Ephrussi de Rothschild et offrira une vitrine au « Plus Grand Musée de France » de la Sauvegarde de l’Art Français, campagne de mécénat lancée en 2013 avec le concours des étudiants des écoles et des universités à travers toute la France, destinée à faire participer la société civile à la restauration des trésors de nos communes. Découverte en avant-première des trésors à admirer dès demain sous la verrière du Grand Palais.
Hommage à la grande peinture italienne
Si la peinture ancienne n’est plus omniprésente au sein de la foire, des exposants tels que la prestigieuse galerie romaine Apolloni font honneur à leur réputation en présentant des œuvres de grands maîtres. Ce paysage de Francesco Albani dit L’Albane (1578-1660), dont une autre version est conservée au Louvre, fait partie de la série que l’artiste bolonais, formé au naturalisme des Carrache, consacra aux quatre saisons. Ce cinquième et dernier cycle des paysages de l’Albane a été répertorié pour la première fois en 1670 dans l’inventaire du marquis Santacroce, éminente famille comptant plusieurs cardinaux aux XVIe et XVIIe siècles.
Rares sculptures siciliennes baroques
La galerie Sismann nous transporte au cœur de la Sicile traditionnelle avec deux monumentales figures sculptées de la fin du XVIe siècle, visibles d’ordinaire essentiellement dans les églises et chapelles privées de l’île. La Vierge et l’Ange Gabriel de cette Annonciation ont été réalisés en bois polychrome et doré – la polychromie étant systématique dans les sculptures religieuses à l’époque. Ce type d’œuvres avait pour vocation de susciter une émotion forte, transportant les fidèles avec ferveur dans le mystère de la foi. Typique de l’art baroque, cette Annonciation constitue un rare témoignage de cette sculpture sicilienne qui réinterprète avec finesse l’héritage artistique des Gagini, la plus célèbre dynastie de sculpteurs de la Renaissance italienne.
Le goût Rothschild en majesté
Synonyme de luxe, d’élégance, de raffinement, le goût Rothschild imprègne le stand de la galerie Steinitz. Cette dernière présente un rare ensemble de trois vases montés en porcelaine de Chine ayant fait partie des collections du baron et de la baronne Guy et Marie-Hélène de Rothschild ; ils ornaient la bibliothèque de l’hôtel Lambert sur l’Ile Saint-Louis. Les porcelaines à couverte monochrome « petit bleu » ou « clair de lune » furent extrêmement rares aux XVIIIe siècle et, de fait, elles sont très recherchées. Considérées comme éminemment précieuses, elles nécessitaient des montures sur mesure, obligeant les marchands merciers à faire appel aux fondeurs-ciseleurs les plus réputés de l’époque, tel Jean-Claude Chambellan Duplessis dont on peut ici admirer le travail.
La splendeur d’un secrétaire de Weisweiler
Le secrétaire à abattant en laque du Japon, d’un raffinement extrême, présenté par la galerie Léage, possède une provenance et une histoire exceptionnelles. Faisant partie de la collection du baron Alphonse de Rothschild à l’hôtel Saint-Florentin, ce meuble fut confisqué aux Rothschild par l’ERR, organisme responsable des spoliations d’œuvres d’art par les nazis pendant l’Occupation. Il leur fut restitué en mars 1946 grâce aux efforts des Monuments Men, avant d’intégrer quelques années plus tard une autre grande collection privée. Sa ligne et son ornementation sont caractéristiques des commandes passées à l’ébéniste Adam Weisweiler (1746-1820) par l’un des plus importants marchands-merciers de l’époque, Dominique Daguerre (actif dès 1772), dans les dernières années de l’Ancien Régime.
La passion de Gérôme pour le règne animal
Tapi sur un promontoire rocheux, le félin semble guetter la caravane qui passe en contrebas dans le désert. Cette toile présentée par la galerie Terrades témoigne de la fascination de l’artiste pour les grands félins à partir de 1850, tout autant que de la technique quasi photographique de ce maître de la peinture orientaliste. Gérôme a en effet passé des heures à observer les félins au parc zoologique du Jardin des Plantes et il les a également côtoyés en liberté lors de ses fréquents voyages en Orient. À partir des années 1880, le peintre consacre plusieurs œuvres à la représentation de fauves et l’image du félin à l’affût sur un rocher devient l’un de ses motifs récurrents, à l’instar du superbe Lion aux aguets du musée de Cleveland.
Quand l’artisanat devient art
Ce Pigeon en bois satiné de Gaston Étienne Le Bourgeois, daté vers 1935, est présenté par la galerie Xavier Eeckhout. Il fut probablement à l’origine un départ de rampe d’escalier, comme l’artiste en a souvent réalisé. Fils d’un sculpteur sur pierre au service des Monuments historiques, Le Bourgeois (1880-1956) se définissait lui-même comme un artiste-artisan tel qu’il en existait au Moyen Âge. Selon ses mots, « la sculpture, c’est la récompense, c’est la chanson d’un homme qui a fini son labeur ». Repéré par Jacques Doucet au Salon des artistes décorateurs auquel il participa plusieurs fois, Le Bourgeois se vit consacrer sa première exposition personnelle au musée des Arts décoratifs en 1921.
La période américaine d’André Masson
Entre 1941 et 1945, André Masson (1896-1987) est installé dans un petit village du Connecticut. Émerveillé par la force des phénomènes atmosphériques en présence, il éprouve alors le besoin de trouver un nouveau mode d’expression artistique, dans « ce pays plus cosmique que la France, par le climat, les météores, la foudre, la puissance de la terre ». L’œuvre présentée par la galerie Jean-François Cazeau, datée de 1942, est représentative de ce travail exprimant une nouvelle fusion entre l’Homme et la Terre. L’utilisation de matériaux comme le sable ainsi que l’importance accordée à la couleur sont caractéristiques de cette courte période américaine.
« FAB Paris », du 22 au 27 novembre 2024 au Grand Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. https://fabparis.com