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Salon du dessin 2025 : notre sélection d’œuvres à découvrir en avant-première

Pierre Nicolas Legrand de Lérant (1758-1829), Esquisse préparatoire à la Mort et apothéose de l’Amiral Nelson à la bataille de Trafalgar, vers 1805-1818. Pierre noire et rehauts de sanguine, 27,5 x 38,3 cm.

Pierre Nicolas Legrand de Lérant (1758-1829), Esquisse préparatoire à la Mort et apothéose de l’Amiral Nelson à la bataille de Trafalgar, vers 1805-1818. Pierre noire et rehauts de sanguine, 27,5 x 38,3 cm. © galerie Michel Descours

Rendez-vous international incontournable, le Salon du dessin célèbre cette année sa 33e édition au palais Brongniart.

Plusieurs nouvelles galeries importantes y sont accueillies : la galerie londonienne Stern Pissarro, le poids lourd de l’art contemporain Michael Werner, la Britannique James Butterwick qui fait autorité en matière d’avant-gardes ukrainiennes et russes, la Galleria d’Arte Maggiore spécialiste de l’art italien du XXe siècle, le Munichois Florian Sundheimer ou encore les enseignes françaises Larock-Granoff et F. Baulme Fine Arts. En restant fidèle au nombre constant de 39 exposants, le salon inclut une proportion croissante de galeries étrangères (19, soit 2 de plus que l’année dernière).

L’invité d’honneur

En 2025, l’invité d’honneur est le musée des Beaux-Arts de Reims, actuellement fermé pour travaux de rénovation et d’expansion, qui expose un florilège de 46 feuilles parmi les plus insignes de son cabinet d’arts graphiques ; on retiendra tout particulièrement les treize magnifiques portraits de Lucas Cranach le Jeune. De même qu’en 2024, la Tavolozza Foundation, créée en 2001 par la collectionneuse de dessins Katrin Bellinger, est également invitée avec une nouvelle sélection sur le thème du voyage.

Le prix

Comme à l’accoutumée, la manifestation sera ponctuée par la remise du prix du dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain dont le 18e lauréat sera annoncé le 27 mars.

Jules-Frédéric Bouchet (1799-1860), Fantaisies architecturales : l’atrium de la maison de campagne de Pline le Jeune, 1850. Plume, encre de Chine et aquarelle, 53,5 x 43 cm.

Jules-Frédéric Bouchet (1799-1860), Fantaisies architecturales : l’atrium de la maison de campagne de Pline le Jeune, 1850. Plume, encre de Chine et aquarelle, 53,5 x 43 cm. © galerie Terrades – Paris

Voyage et découvertes

Les XVIIIe Rencontres internationales comprenant deux journées d’études poursuivent leur exploration de la thématique des dessins de voyage pour la période allant, cette fois, du XVIIIe siècle à nos jours. Cette grande Semaine du dessin proposera pour la 25e année consécutive un parcours de visites inédites dans les cabinets d’arts graphiques d’une vingtaine de musées et institutions, pour le plus grand plaisir des amateurs.

Pour les enfants

Très attendu par les enfants, le concours de dessin organisé en partenariat avec le magazine Le Petit Léonard invite à imaginer de nouveaux vitraux pour la cathédrale Notre-Dame de Paris. Enfin les passionnés d’art contemporain ne manqueront pas de se rendre au salon Drawing Now qui se tient au même moment au Carreau du Temple. 

Une allégorie de la Forge ?

Récemment redécouvert, ce précieux dessin de David Vinckboons n’était jamais apparu sur le marché. Décrivant ce qui pourrait s’apparenter à une scène de genre, il peut s’interpréter comme une allégorie de la Forge car y apparaissent divers éléments ayant trait au métal (balustrade, grille en fer, couteau et un forgeron au travail). Ce petit tondo exécuté à l’encre brune fait partie d’un ensemble de dessins d’emblèmes commandés à l’artiste par le théologien protestant et peintre héraldique Paulus de Kempenaer, probablement dans l’intention d’une publication gravée. Réfugiés dans les Pays-Bas du Nord accueillant les communautés de réformés, les deux artistes ont étroitement collaboré en 1612-1613. Des annotations manuscrites de Kempenaer sont d’ailleurs visibles sur la marge du dessin et au verso. 

David Vinckboons (1576- vers 1632), Allégorie de la Forge, vers 1613. Plume et encre brune, pinceau et encre brune, lavis brun rehaussé de blanc, lignes d’encadrement à l’encre dorée sur papier préparé vert, 13,8 x 13,1 cm.

David Vinckboons (1576- vers 1632), Allégorie de la Forge, vers 1613. Plume et encre brune, pinceau et encre brune, lavis brun rehaussé de blanc, lignes d’encadrement à l’encre dorée sur papier préparé vert, 13,8 x 13,1 cm. © Onno van Seggelen Fine Arts – Rotterdam

L’art du portrait sous le Consulat

Originaire de Dijon, le jeune Claude Hoin partit se former à Paris auprès de Jean-Baptiste Greuze. Talentueux dessinateur, il eut beaucoup de succès en tant que portraitiste utilisant souvent la technique du pastel, comme c’est le cas pour l’effigie de cet homme au regard vif, datée de 1802. Étonnamment, la période révolutionnaire apporta à l’artiste une abondante clientèle, émanant d’un milieu intellectuel ou bourgeois aisé. Hoin fréquente alors la société littéraire et artistique de l’Athénée des Arts, mais décide de repartir dans sa ville natale au cours de l’année 1802, où il restera jusqu’à la fin de vie. En 1811, il réalise l’une de ses plus grandes ambitions en devenant conservateur du musée des Beaux-Arts de Dijon, poste qu’il occupera jusqu’à son décès en 1817.

Claude Hoin (1750-1817), Portrait de jeune homme en buste, 1802. Pastel sur papier marouflé sur toile, 39 x 31 cm.

Claude Hoin (1750-1817), Portrait de jeune homme en buste, 1802. Pastel sur papier marouflé sur toile, 39 x 31 cm. © galerie Didier Aaron

Le Carnaval de Rome par Ippolito Caffi

Récemment redécouverte par la galerie romaine Antonacci, cette aquarelle inédite d’Ippolito Caffi décrit un événement phare du carnaval de Rome, la course de chevaux libres, dite course de Barberi qui avait lieu le long de la via del Corso, entre la Piazza del Popolo et la Piazza Venezia. Extrêmement populaire, le carnaval de Rome fut jusqu’à la fin du XIXe siècle l’une des manifestations les plus spectaculaires et les plus festives d’Europe. Sa course de chevaux libres a été immortalisée par de nombreux peintres, de Théodore Géricault à Horace Vernet ; elle fut même relatée par Alexandre Dumas dans un passage du Comte de Monte-Cristo. Mais l’aquarelle de Caffi a la particularité de traiter un épisode rarement représenté, celui des derniers préparatifs avant le départ de la course. L’artiste choisit ici de transcrire l’excitation du moment, en montrant l’attelage des Gardes suisses finissant de faire place nette avant le passage des chevaux.

Ippolito Caffi (1809-1866), Préparatifs pour le départ de la course de chevaux libres Piazza del Popolo. Crayon, encre et aquarelle sur papier, 19 x 22,6 cm.

Ippolito Caffi (1809-1866), Préparatifs pour le départ de la course de chevaux libres Piazza del Popolo. Crayon, encre et aquarelle sur papier, 19 x 22,6 cm. © galerie Paolo Antonacci

L’Antiquité rêvée de Jules-Frédéric Bouchet

Architecte, Jules-Frédéric Bouchet, connu pour avoir conçu le tombeau de Napoléon aux Invalides, fut aussi un dessinateur de talent. Les présentes fantaisies architecturales furent exposées au Salon de 1850 auquel il participa régulièrement à partir des années 1830. Passionné par les antiquités romaines, Bouchet réalisa avec brio des illustrations poétiques de la villa de campagne de Pline le Jeune, érigée à Laurente près de Rome vers 100 après J.-C. L’artiste s’appuya sur la description faite par Pline lui-même dans une célèbre lettre adressée à un certain Gallus. D’une grande précision, ces aquarelles qui reflètent le goût de l’époque pour les reconstitutions d’intérieurs antiques décrivent, pour l’une, l’atrium, pièce centrale ouverte sur l’extérieur de la demeure romaine, et pour la seconde, le tablinum ou pièce de réception. 

Jules-Frédéric Bouchet (1799-1860), Fantaisies architecturales : le tablinum de la maison de campagne de Pline le Jeune, 1850. Plume, encre de Chine et aquarelle, 53,5 x 43 cm.

Jules-Frédéric Bouchet (1799-1860), Fantaisies architecturales : le tablinum de la maison de campagne de Pline le Jeune, 1850. Plume, encre de Chine et aquarelle, 53,5 x 43 cm. © galerie Terrades – Paris

www.galerieterrades.com

Un jeune modèle italien plein de grâce

La galerie allemande Martin Moeller présente régulièrement sur son stand des œuvres d’Adolph von Menzel qui fut un insigne dessinateur. L’artiste avait pour habitude de réaliser de nombreux dessins préparatoires pour ses tableaux et le présent portrait du jeune Lorenzo Cocozza ne fait pas exception à la règle. Le garçon âgé de 13 ans en 1883 a, en effet, servi de modèle pour plusieurs personnages décrits dans l’ambitieux tableau Piazza d’Erbe à Vérone (collections nationales d’art de Dresde) qui demanda au peintre plus de deux ans de travail. Menzel recherchait des modèles authentiquement italiens et il en rencontrait fréquemment dans ce qu’on appelait « la colonie italienne » de Berlin. C’est là qu’il fit la connaissance de l’influente Maria Cocozza, qui posa régulièrement dans son atelier. Son jeune frère Lorenzo devint rapidement l’un des modèles favoris du peintre.

Adolph von Menzel (1815-1905), Portrait de Lorenzo Cocozza de profil et études de ses jambes, Berlin, 1883. Crayon sur papier blanc, 21,4 x 12,3 cm.

Adolph von Menzel (1815-1905), Portrait de Lorenzo Cocozza de profil et études de ses jambes, Berlin, 1883. Crayon sur papier blanc, 21,4 x 12,3 cm. © Martin Moeller & Cie – Hambourg

moellerart.net

La vie en bleu d’Henri-Edmond Cross

De son vrai nom Delacroix, Henri-Edmond Cross est un artiste originaire de Douai, contrairement à ce que pourrait laisser supposer son nom qu’il choisit d’angliciser pour se démarquer de son illustre prédécesseur. À partir du milieu des années 1880, il devient l’un des disciples de Georges Seurat et adopte sa technique divisionniste. Il se lie aussi d’amitié avec Paul Signac à l’occasion d’un voyage dans le Sud et, à son contact, il éclaircit sa palette. Coloriste audacieux, Cross n’hésite pas à modifier radicalement les couleurs au gré de son imagination. Le sujet devient prétexte à de pures harmonies de ligne et de couleurs ainsi que le montre cette aquarelle datable vers 1905 et réalisée dans une éclatante symphonie de bleus. 

Henri-Edmond Cross (1856-1910), La couture. Aquarelle sur papier, 12 x 17 cm.

Henri-Edmond Cross (1856-1910), La couture. Aquarelle sur papier, 12 x 17 cm. © galerie La Présidence

presidence.fr

Le futurisme belge incarné par Jules Schmalzigaug

Cette puissante aquarelle a figuré dans l’exposition « Futurismo ! » consacrée très récemment à Jules Schmalzigaug au KMSKA d’Anvers. Le peintre anversois a été le premier et le principal artiste de l’avant-garde belge à s’intéresser au futurisme italien, qu’il a découvert à Paris en 1912. L’écho que ce mouvement fait à la vie moderne, à travers sa volonté de capter l’essence du mouvement, le passionne. Voyageant en Italie, Schmalzigaug tombe sous le charme de Venise où il s’installe en 1912 et connaît une période de travail féconde. Influencé par les œuvres d’Umberto Boccioni et de Giacomo Balla, il crée des compositions mêlant des formes abstraites à des vibrations inspirées par le rythme et la lumière qui lui valent de participer à l’exposition internationale du futurisme à Rome en 1914. 

Jules Schmalzigaug (1882-1917), Dynamic Movement – Venice-The Hague, 1914-1915. Aquarelle et crayon sur papier, 47 x 60 cm.

Jules Schmalzigaug (1882-1917), Dynamic Movement – Venice-The Hague, 1914-1915. Aquarelle et crayon sur papier, 47 x 60 cm. © galerie Ronny Van de Velde, Antwerp

www.ronnyvandevelde.com

33e édition du Salon du dessin, du 26 au 31 mars 2025 au palais Brongniart, place de la Bourse, 75002 Paris. Détails et programmation complète sur www.salondudessin.com