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Un Klimt redécouvert, un Velázquez saisissant et un nautile extravagant : les incontournables de la TEFAF Maastricht 2025

Gustav Klimt (1862-1918), Prince William Nii Nortey Dowuona (détail), 1897. Huile sur toile, 65,5 x 54 cm. Vienne, W&K – Wienerroither & Kohlbacher.

Gustav Klimt (1862-1918), Prince William Nii Nortey Dowuona (détail), 1897. Huile sur toile, 65,5 x 54 cm. Vienne, W&K – Wienerroither & Kohlbacher.

« Il n’existe que deux peintres : Velázquez et moi », aurait un jour affirmé Klimt à son mécène Lederer. Alors qu’à Maastricht la 38e édition de l’incontournable foire néerlandaise bat son plein, cette assertion trouve cette année un étonnant écho dans les allées feutrées du MECC, tant semblent y résonner les noms du maître du Siècle d’or espagnol et de la figure emblématique de la Sécession viennoise. La raison ? La présentation de deux portraits exceptionnels : d’une part, celui d’une austère et fervente mère missionnaire, immortalisée par le jeune Diego Velázquez alors qu’elle s’apprête à embarquer pour les Amériques afin de fonder le premier couvent de femmes du Nouveau Monde (Stuart Lochhead Sculpture, Londres) ; d’autre part, celui d’un prince africain venu de son lointain Ghana à l’occasion de l’organisation à Vienne, en 1897, d’une exposition ethnographique au cours de laquelle il fait la connaissance de Gustav Klimt (W&K – Wienerroither & Kohlbacher, Vienne). Deux grands voyageurs qu’en apparence tout oppose, mais dont les destins se croisent, pour quelques jours seulement, à Maastricht, aux côtés des trésors rassemblés par quelque 266 exposants issus de 21 pays. Découvrez en images notre sélection, quotidiennement enrichie, d’œuvres phares qui illuminent cette édition 2025.

Un très rare panneau de cassone

Objet ou peinture ? Ou les deux ? Sur le stand de la galerie G.Sarti, il était difficile de ne pas avoir une pensée pour son fondateur, Giovanni Sarti, disparu en septembre 2024. La très belle sélection d’œuvres présentées était à la fois un hommage à son œil et au courage de Claire Sarti, qui continue haut la main à faire vivre la galerie. Ce panneau de cassone (coffre de mariage apporté par l’épouse), dans un état exceptionnel, est attribué au peintre florentin Bernardo di Stefano Rosselli. Il illustre la victoire d’un général romain contre l’armée macédonienne, en 168 avant notre ère, et montre sa glorieuse procession au troisième jour de sa victoire : des cavaliers sonneurs de trompette, des bœufs aux cornes recouvertes d’or pour leur sacrifice proche ; le roi vaincu et ses deux jeunes enfants cheminant à pied précèdent le char de Lucius Æmilius Paulus. J.F.

Bernardo di Stefano Rosselli (1450-1526), Le triomphe de Lucius Aemelius Paulus après la bataille de Pydna, vers 1470. Tempera et feuille d’or sur panneau, 44 x 148 cm (panneau seul). Paris, galerie G.Sarti.

Bernardo di Stefano Rosselli (1450-1526), Le triomphe de Lucius Aemelius Paulus après la bataille de Pydna, vers 1470. Tempera et feuille d’or sur panneau, 44 x 148 cm (panneau seul). Paris, galerie G.Sarti.

Une extraordinaire tapisserie suisse

Ce panneau de tapisserie exposé chez De Witt ornait un devant d’autel et formait le registre inférieur d’une composition plus vaste conservée à la Burrel Collection de Glasgow. Divisé en quatre scènes distinctes – Le Portement de Croix, La Crucifixion, La Lamentation et La Mise au tombeau –, le panneau s’organise néanmoins comme une frise, avec un fond continu de paysage : à gauche, Jérusalem, puis dans le lointain une chaîne de montagnes. Si l’auteur des cartons demeure inconnu, il a cependant tiré son inspiration des gravures contemporaines d’artistes allemands, telles que La petite Passion de Dürer (gravure sur bois, 1509-1511) ou une série de gravures sur bois d’Hans Schäufelein (Speculum passionis domini nostri Ihesu Christi, publiées en 1507). Le style naïf des figures ne doit pas occulter l’extraordinaire qualité du tissage, qui se plie, comme autant de morceaux d’un puzzle, au détail de chaque personnage, avec l’emploi de fils d’argent, de cheveux humains et d’effets de relief (technique du crapautage). À l’aube du XVIe siècle, ce panneau offre un très rare témoignage de la production de tapisserie du nord de la Suisse (Bâle ?) ou de la région du Haut-Rhin. J.F.

Quatre scènes de la Passion (détail), Suisse, vers 1510-1530. Laine, lin, fil de métal et cheveux humains, 53 x 227 cm. De Witt, Fine Tapestries, Mechelen, Belgique.

Quatre scènes de la Passion (détail), Suisse, vers 1510-1530. Laine, lin, fil de métal et cheveux humains, 53 x 227 cm. De Witt, Fine Tapestries, Mechelen, Belgique.

Une Sainte Dorothée caravagesque

Alors que sainte Dorothée de Césarée était conduite au martyre, un homme se moqua d’elle et de sa foi en lui demandant de lui envoyer des fruits et des fleurs du jardin céleste. Dorothée le lui promit… et le miracle se produisit. C’est pourquoi ces cadeaux divins sont devenus ses attributs. Peintre romain recherché, Antiveduto Gramatica (1569-1626) a représenté la jeune sainte avec un clair-obscur et un naturalisme caravagesques. Sans son auréole, Dorothée pourrait n’être qu’une élégante romaine, dont l’expression reflète l’innocence et la modestie. L’élève a ici influencé le maître, Caravage ayant travaillé dans l’atelier de Gramatica lors de son arrivée à Rome. Brillamment exécutée et dotée d’un chromatisme subtil, cette toile proposée chez Lullo Pampoulides occupe une place de choix dans le corpus de l’artiste : dans sa monographie publiée en 1995, Gianni Papi l’avait choisie pour orner sa couverture. L.C.

Prix demandé : 380 000 €

Antiveduto Gramatica (1569-1626), Sainte Dorothée de Césarée, vers 1615. Huile sur toile, 81,2 x 63 cm. Londres, Lullo Pampoulides.

Antiveduto Gramatica (1569-1626), Sainte Dorothée de Césarée, vers 1615. Huile sur toile, 81,2 x 63 cm. Londres, Lullo Pampoulides.

Une Annonciation attribuée à Mellin

Cette Annonciation du XVIIe siècle est-elle une œuvre de Charles Mellin (1597-1649) ? C’est l’attribution proposée à Maastricht par la galerie Porcini, qui présente sur son stand cette toile récemment apparue sur le marché. L’historien de l’art Giuseppe Porzio la situe dans l’entourage de Simon Vouet à Rome et relève des similitudes, notamment pour la figure de l’ange, avec des tableaux de Mellin conservés au musée des Beaux-Arts de Valenciennes et au Museo di Capodimonte. Il s’agit, quoi qu’il en soit, d’une belle toile, récemment restaurée, dont l’auteur est à chercher dans le milieu des peintres français ayant œuvré à Rome au début du XVIIe siècle. L.C.

Charles Mellin (vers 1598-1649) (attribuée à), L’Annonciation. Huile sur toile, 119,5 x 169 cm. Naples, galerie Porcini

Charles Mellin (vers 1598-1649) (attribuée à), L’Annonciation. Huile sur toile, 119,5 x 169 cm. Naples, galerie Porcini

Un austère mais puissant Velázquez

C’est sur le stand de la galerie Stuart Lochhead Sculpture, dont le nom annonce pourtant le domaine de prédilection, qu’a pris place, dissimulée dans une alcôve, la vénérable mère Jerónima de la Fuente (1555-1630).

Âgée de 66 ans, la religieuse fait halte à Séville entre les mois de juin et d’août 1620 avant de rejoindre Cadix où l’attend une véritable odyssée : traverser l’Atlantique pour gagner Manille via le Mexique. Avant de quitter définitivement le Vieux Continent, cette moniale charismatique à la personnalité affirmée, que l’on vénère déjà comme une sainte, entend laisser d’elle une image édifiante. Alors âgé d’une vingtaine d’années, le jeune Velázquez lui a peut-être été recommandé par Francisco Pacheco, son maître et beau-père.

Diego Velázquez (1599-1660), Portrait de Mère Jerónima de la Fuente (1555-1630), vers 1620. Huile sur toile, 162,5 x 105 cm. Londres, Stuart Lochhead Sculpture.

Diego Velázquez (1599-1660), Portrait de Mère Jerónima de la Fuente (1555-1630), vers 1620. Huile sur toile, 162,5 x 105 cm. Londres, Stuart Lochhead Sculpture.

En importation temporaire

Deux versions très similaires de ce portrait sont identifiées : l’une est conservée au Prado depuis 1944 ; la présente provient de la collection Fernández de Araoz (Madrid) et est présentée à Maastricht en importation temporaire. Le peintre adopte ici la formule du portrait hagiographique : la Franciscaine, Bible et crucifix en mains, est figurée avec un phylactère sur lequel se lit un extrait des Psaumes. Considéré par erreur comme apocryphe par les restaurateurs, le texte fut supprimé de la version du Prado mais demeure ici intact. Le tableau n’en est pas à son premier franchissement des Pyrénées : il trônait en 2015 au Grand Palais au sein de la première grande rétrospective française consacrée à Velázquez.

De Velázquez à Michel-Ange

À proximité de la toile est proposé un clin d’oeil au crucifix que tient fermement la religieuse dans sa main. Il s’agit d’une sculpture en bronze exécutée d’après un modèle conçu par Michel-Ange durant ses dernières années romaines. Probablement inspiré par son amitié avec la poétesse et mécène Vittoria Colonna et marqué par son décès prématuré, l’artiste imagine ce modèle archétypal de crucifix à quatre clous, qui deviendra une norme iconographique dans l’Espagne baroque et ses colonies. O.P.-M.

Vue du stand de Stuart Lochhead Sculpture, TEFAF 2025.

Vue du stand de Stuart Lochhead Sculpture, TEFAF 2025. © Jaron James

Le plus célèbre des nautiles amstellodamois

Les céphalopodes marins du genre Nautilus ont été, dès le XVIe siècle, prétextes à la création d’objets d’art somptueux, dont les orfèvres hollandais, en particulier, se firent une spécialité. Fleurons des cabinets de curiosités, ces chefs-d’œuvre se caractérisent par une coquille souvent dépouillée de sa couche externe pour révéler l’éclat de sa nacre, parfois gravée, et mise en valeur par d’extraordinaires montures d’orfèvrerie. La coupe nautile présentée par la galerie Kugel, montée sur vermeil, est l’œuvre de Jacob Claesz de Grebber : appartenant à une famille très réputée d’orfèvres de Delft, il était venu s’installer à Amsterdam. Réalisée en 1628, sa coupe est sommée d’un triton ailé portant une néréide sur son dos, tandis que son couvercle est formé de Neptune tenant les rênes d’un cheval marin et brandissant son trident. Des taureaux marins, alternant avec des coquilles, servent de base à son piètement et supportent un escargot marin chevauché par un triton ithyphallique. Les de Grebber étaient célèbres dans toute l’Europe pour la fantaisie et l’exubérance décorative de leurs coupes nautiles. Celle de Jacob Claesz eut même les honneurs de la peinture : on la retrouve sur une nature morte hollandaise attribuée à Gerrit Willemsz Heda et conservée à la National Gallery de Londres. J.F.

Jacob Claesz. de Grebber, coupe nautile avec une monture en vermeil, Amsterdam, 1628. H : 40,5 cm. Paris, galerie Kugel.

Jacob Claesz. de Grebber, coupe nautile avec une monture en vermeil, Amsterdam, 1628. H : 40,5 cm. Paris, galerie Kugel.

Un souvenir d’une galerie disparue ?

Cette composition de Jacques Blanchard (1600-1638) montre la déesse Vénus suppliant Adonis de ne pas partir chasser. Les diagonales de la composition guident le regard du spectateur vers le visage des deux amants, avec cette palette de couleurs douces et vibrantes caractéristique de celui que l’on surnommait le Titien français. Si la provenance exacte de la composition n’est pas connue, son format presque carré et son sujet laissent supposer que l’œuvre faisait partie d’une série de toiles de même format décorant l’hôtel parisien de Louis Le Barbier et dont la sixième représentait Vénus et Adonis. Conseiller, secrétaire et maître d’hôtel du roi, il avait commandé à Blanchard pour sa demeure de la rive gauche (aujourd’hui disparue mais qui se trouvait sur l’actuel quai Voltaire), le décor d’une petite galerie composé de 8 toiles de format carré et de 6 autres de format plus en hauteur, dont L’Apollon et Daphné acquis récemment par le musée du Grand Siècle. Le thème en était les Amours des dieux. J.F.

Prix demandé : 1 350 000 €

Jacques Blanchard (1600-1638), Vénus et Adonis partant chasser. Huile sur toile, 151 x 158 cm. Londres, Stair Sainty Gallery.

Jacques Blanchard (1600-1638), Vénus et Adonis partant chasser. Huile sur toile, 151 x 158 cm. Londres, Stair Sainty Gallery.

Surréaliste avant l’heure

L’étrangeté de ce tableau et la fascination qu’il provoque n’ont rien d’intentionnel. Les raisons sont au contraire très prosaïques : à la fin du XVIIe siècle, le prix du chêne s’était envolé et les peintres qui travaillaient sur bois pratiquaient le réemploi. Près de trente ans après la réalisation du portrait d’un jeune homme inconnu sur ce panneau, un autre artiste l’a recouvert de peinture pour en faire le support d’une marine. Lors de son passage aux enchères chez Christie’s en 1952, aucune mention n’était faite du portrait, qui n’a donc été révélé que récemment. Les noms des auteurs sont hypothétiques, mais il pourrait s’agir de deux peintres amstellodamois, Isaak Luttichuys (1616-1673) pour le portrait et Ludolf Backhuysen (1630-1708) pour la marine. L.C.

Prix demandé : 120 000 €

Attribué à Isaak Luttichuys (vers 1616-1776) et Ludolf Backhuysen (1630-1708), Bateaux sur une mer agitée, peints sur le portrait fragmentaire d’un jeune homme, vers 1655-1660 (portrait) et 1685-1690 (marine). Huile sur bois, 26,5 x 33 cm. Londres, galerie Dickinson.

Attribué à Isaak Luttichuys (vers 1616-1776) et Ludolf Backhuysen (1630-1708), Bateaux sur une mer agitée, peints sur le portrait fragmentaire d’un jeune homme, vers 1655-1660 (portrait) et 1685-1690 (marine). Huile sur bois, 26,5 x 33 cm. Londres, galerie Dickinson.

Drölling fils par Drölling père

La famille Drölling comptait trois artistes : le père, Martin, son fils Michel-Martin, et sa fille, Louise-Adéone. Alors que le Louvre vient d’acquérir un rare portrait d’enfant de la main de Michel-Martin, il est touchant de le voir lui-même dans l’enfance, posant pour son père. Peintre de scènes de genre, Martin Drölling (1752-1817) était particulièrement recherché pour ses portraits. Dévoilé chez Stephen Ongpin, ce charmant dessin à la sanguine, où la main gauche qui s’apprête à tourner la page fait l’objet d’une grande attention, prépare un petit portrait peint conservé dans une collection particulière, montrant le jeune garçon devant une fenêtre ouverte sur la place Vendôme, à Paris. Le fils apparaît souvent dans les tableaux du père, non seulement dans des portraits individuels ou familiaux, mais aussi comme modèle pour ses scènes de genre. L.C.

Prix demandé : 30 000 €

Martin Drölling (1752-1810), Le fils de l’artiste, Michel-Martin, lisant, avec deux études de sa main gauche, vers 1800. Sanguine et crayon noir sur papier vergé, 227 x 160 mm. Londres, Stephen Ongpin Fine Art.

Martin Drölling (1752-1810), Le fils de l’artiste, Michel-Martin, lisant, avec deux études de sa main gauche, vers 1800. Sanguine et crayon noir sur papier vergé, 227 x 160 mm. Londres, Stephen Ongpin Fine Art.

Charles Cordier en 2D

Dominant le stand de la galerie Nicolas Bourriaud, ce grand médaillon en terre cuite, serti dans son cadre en stuc d’origine, pourrait être le troisième d’une série décorative exécutée vers 1877-1890 par Charles Cordier (1827-1905). Deux médaillons similaires appartenant à une collection particulière new-yorkaise sont déjà connus, figurant vraisemblablement Flore et Zéphyr. La jeune fille représentée ici, couronnée de fleurs et surmontée d’un épi de maïs, pourrait être Cérès et constituer une allégorie de l’Été, si l’on considère que Flore et Zéphyr personnifient respectivement le Printemps et l’Automne. Plus rares que les bustes, mais néanmoins bien présents dans son corpus, les médaillons de Cordier illustrent le même intérêt pour la représentation d’une grande diversité de femmes et d’hommes. L.C.

Prix demandé : 65 000 €

Charles Cordier (1827-1905), Jeune Femme de profil (probablement Cérès), 1877-1890. Terre cuite, 80 x 72 x 39 cm. Paris, galerie Nicolas Bourriaud.

Charles Cordier (1827-1905), Jeune Femme de profil (probablement Cérès), 1877-1890. Terre cuite, 80 x 72 x 39 cm. Paris, galerie Nicolas Bourriaud.

Le portrait disparu de Gustav Klimt

En sommeil durant près d’un siècle, un portrait de Klimt refait surface à Maastricht, cristallisant l’intérêt des amateurs et des musées.

Cette histoire débute en 2023 par un tableau mal encadré et fortement encrassé, arborant un cachet de succession à peine visible, présenté par un couple à la galerie viennoise W&K – Wienerroither & Kohlbacher. Sollicité, Alfred Weidinger, auteur du catalogue raisonné de l’artiste, confirme leur pressentiment : il s’agit bien d’une œuvre du maître de la Sécession viennoise. Mieux : cette toile, considérée comme perdue, n’avait pas été vue depuis 1938.

Gustav Klimt (1862-1918), Prince William Nii Nortey Dowuona, 1897. Huile sur toile, 65,5 x 54 cm. Vienne, W&K – Wienerroither & Kohlbacher.

Gustav Klimt (1862-1918), Prince William Nii Nortey Dowuona, 1897. Huile sur toile, 65,5 x 54 cm. Vienne, W&K – Wienerroither & Kohlbacher.

Un Ghanéen à Vienne

Ce portrait immortalise les traits du jeune prince William Nii Nortey Dowuona, éminent émissaire de la tribu Osu au Ghana envoyé à Vienne à l’occasion d’une exposition ethnographique. C’est là qu’il fait la connaissance de Gustav Klimt, qui livre avec cette effigie l’unique représentation d’une personne noire de son corpus. « La composition et l’exécution picturale annoncent son évolution vers des éléments décoratifs qui caractériseront son œuvre ultérieure, analyse Alfred Weidinger. Ce portrait est directement lié à ses grands portraits des années suivantes, notamment celui de Sonja Knips (1898). » Une autre représentation du dignitaire africain, de la main de son ami Franz Matsch, est conservée au musée national d’Archéologie, d’Histoire et d’Art (MNAHA) du Luxembourg.

Franz Matsch (1861-1942), Portrait de William Nii Nortey Dowuona, prince du peuple Ga d'Osu dans la région du Grand Accra au Ghana, Afrique de l'Ouest, 4e quart du XIXe siècle. Huile sur toile, 65,4 x 53,3 cm. Luxembourg, musée national d’Archéologie, d’Histoire et d’Art (MNAHA).

Franz Matsch (1861-1942), Portrait de William Nii Nortey Dowuona, prince du peuple Ga d'Osu dans la région du Grand Accra au Ghana, Afrique de l'Ouest, 4e quart du XIXe siècle. Huile sur toile, 65,4 x 53,3 cm. Luxembourg, musée national d’Archéologie, d’Histoire et d’Art (MNAHA). © Tom Lucas

Un accord de restitution négocié

Probablement demeurée dans l’atelier de Klimt jusqu’à sa mort, l’œuvre est proposée aux enchères en 1923. On retrouve sa trace en 1928 dans l’exposition commémorant le 10e anniversaire de la disparition de l’artiste, documentée comme appartenant à Ernestine Werner Klein, propriétaire de la Villa Klimt à Vienne, dernier atelier occupé par l’artiste de 1911 à sa mort. L’annexion de l’Autriche par les troupes allemandes en 1938 oblige la collectionneuse d’origine juive à fuir son pays pour gagner Monaco. Lorsqu’elle retrouve sa demeure à la fin de la guerre, le tableau a disparu ; il restera dans l’ombre, jusqu’à sa récente redécouverte. Désormais restauré, il effectue aujourd’hui son retour dans la lumière à la faveur d’un accord de restitution négocié avec les héritiers d’Ernestine Werner Klein. O.P.-M.

Prix demandé : 15 millions d’euros

« TEFAF Maastricht », du 15 au 20 mars 2025 au MECC, Forum 100, 6229 GV Maastricht. Tél. 00 31 43 383 83 83. Détails et programmation complète sur www.tefaf.com