Découvrez les Saisons d’Arcimboldo sous un jour nouveau

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, Le Printemps (détail), 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre.

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, Le Printemps (détail), 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © Grand Palais-Rmn (musée du Louvre) / Adrien Didierjean

Après plus de huit mois de restauration, les Saisons d’Arcimboldo ont regagné leur place parmi les chefs-d’oeuvre de la peinture italienne dans la Grande Galerie du Louvre et suscitent plus que jamais la curiosité des visiteurs du musée. L’intervention, menée au Centre de recherche et de restauration des musées de France par Roberto Merlo de l’atelier Arcanes, a redonné aux quatre tableaux une meilleure lisibilité. L’opération majeure a consisté à retirer des repeints ajoutés au XVIIIe ou au XIXe siècle, comme les guirlandes de fleurs qui recouvraient les bords des compositions et en dissimulaient des détails. Elle a restitué le fond noir, uni et profond, sur lequel les figures se détachent de manière presque sculpturale. La restauration a également permis de retrouver le parfait alignement des têtes et des jeux de regards, et de recréer ainsi le dialogue entre les oeuvres qui avait été rompu au gré des modifications successives des formats des tableaux depuis le XVIIIe siècle. Elle met en lumière la subtilité de l’art de Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), peintre d’origine milanaise qui assuma la fonction de portraitiste de cour auprès de l’empereur Ferdinand Ier de Habsbourg, puis de son fils Maximilien II. Sa virtuosité dans la composition de têtes de fantaisie, résultat d’un savant assemblage d’animaux, de végétaux ou d’éléments divers destiné à créer l’étonnement et l’admiration des spectateurs, lui valut une grande célébrité… toujours d’actualité. 

La fraîcheur retrouvée du Printemps

La restauration a rendu à l’oeuvre la clarté et la brillance de la palette d’Arcimboldo… à l’exception notable du pigment bleu de smalt qui a définitivement viré au brun. Les teintes bleutées originelles de certaines fleurs qui ornaient la chevelure du Printemps et surtout la couleur du grand iris, placé au niveau de son buste, en sont altérées de manière irrémédiable. En revanche, les mille autres nuances chromatiques des végétaux ont retrouvé leur éclat.

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, Le Printemps, 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre.

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, Le Printemps, 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © Grand Palais-Rmn (musée du Louvre) / Adrien Didierjean

L’Été, une allégorie politique

Reprenant les codes du portrait des empereurs romains représentés de profil, Arcimboldo les adapte pour magnifier la puissance du Saint Empire, en suggérant qu’elle s’inscrit dans un temps infini, perpétuellement renouvelé selon le cycle éternel de la nature. Le jeu de correspondance avec les quatre âges de la vie, mais aussi les quatre tempéraments associés aux saisons (sanguin, colérique, mélancolique et flegmatique), amplifie encore cette dimension universelle.

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, L’Été, 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre.

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, L’Été, 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © Grand Palais-Rmn (musée du Louvre) / Adrien Didierjean

L’Automne, une multiplicité d’interprétations

L’iconographie complexe des Saisons a suscité les interprétations les plus variées au fil des siècles. Loin d’une triomphante célébration politique, Roland Barthes en livre une lecture plus contrastée : « Les effets remués en nous par l’art d’Arcimboldo sont souvent répulsifs. […] L’Hiver, composé d’écorces mortes, a le visage couvert de pustules, de squames ; on le dirait atteint d’une maladie de peau dégoûtante. […] Le visage de L’Automne n’est qu’une addition de tumeurs. […] La chair arcimboldesque est toujours excessive ».

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, L’Automne, 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre.

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, L’Automne, 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © Grand Palais-Rmn (musée du Louvre) / Adrien Didierjean

L’Hiver, un cadeau diplomatique

La restauration a mis au jour l’intégralité des armoiries de Saxe formées des deux épées croisées de Meissen représentées sur l’épaule de L’Hiver. En les reliant à la date de 1573 inscrite sur L’Été, elles ont permis d’identifier les tableaux avec la commande de Maximilien II destinée à Auguste de Saxe. L’empereur, qui possédait une première série des Saisons datée de 1563, en fit réaliser plusieurs autres afin de servir de cadeaux diplomatiques. Une troisième version fut ainsi peinte pour Philippe II d’Espagne.

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, L’Hiver, 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre.

Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), Les Quatre Saisons, L’Hiver, 1573. Huile sur toile, 76 cm x 63,5 cm environ. Paris, département des Peintures du musée du Louvre. Photo service de presse. © Grand Palais-Rmn (musée du Louvre) / Adrien Didierjean