Violent braquage au musée Cognacq-Jay : des trésors du XVIIIe siècle dérobés

Au cœur de l'exposition, cette vitrine protégeait les précieuses tabatières.

Au cœur de l'exposition, cette vitrine protégeait les précieuses tabatières. Photo service de presse. © Fabrice Gaboriau

Une intrusion « d’une grande violence » a eu lieu le 20 novembre dernier au sein de ce musée parisien si cher au cœur des amateurs du siècle des Lumières. Aucune victime n’est à déplorer, mais les malfaiteurs ont pu s’emparer de sept inestimables tabatières présentées dans l’exposition « Luxe de poche ».

Mercredi 20 novembre, vers 10h30. Niché dans la paisible rue Elzévir, située dans le IIIe arrondissement de Paris, le musée Cognacq-Jay vient d’ouvrir ses portes au public. Quatre individus cagoulés et armés de haches et de battes de base-ball font alors violemment irruption entre les murs de cet hôtel particulier du XVIIe siècle tout entier dédié à l’art du XVIIIe siècle.

L'hôtel Donon abrite depuis 1990 le musée Cognacq-Jay.

L'hôtel Donon abrite depuis 1990 le musée Cognacq-Jay. Photo service de presse. © Pierre Antoine

Une funeste décision

Ils se précipitent à l’étage, dans les espaces de l’exposition « Luxe de poche » qui déploie une remarquable sélection d’objets précieux du siècle des Lumières et fracturent la vitrine qui constituait, pour quelques jours encore, l’écrin des prêts les plus insignes. L’exposition devait, en effet, fermer ses portes le 24 novembre car, victime de son succès, elle avait été prolongée de deux mois. Une décision qui se révèle aujourd’hui funeste.

L'une des tabatières dérobées, prêt de la collection Rosalinde & Arthur Gilbert.

L'une des tabatières dérobées, prêt de la collection Rosalinde & Arthur Gilbert. Photo service de presse. © Fabrice Gaboriau

Un désastre patrimonial

La perte est immense : les malfaiteurs s’emparent de sept précieuses tabatières, donc deux appartenant au musée du Louvre exécutées par Johann Christian Neuber et Daniel Baudesson, deux autres provenant des collections de la Couronne britannique – dont l’extraordinaire tabatière de Frédéric II de Prusse, ornée de près de 3 000 diamants sertis dans un décor de feuillage en or – et trois prêtées par le Victoria and Albert Museum.

Les sept tabatières emportées

Daniel Baudesson, tabatière, Berlin, 1760-1770. Paris, département des Objets d'art du musée du Louvre (OA 2142).

Daniel Baudesson, tabatière, Berlin, 1760-1770. Paris, département des Objets d'art du musée du Louvre (OA 2142). Photo service de presse. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola

Johann Christian Neuber, tabatière, Dresde vers 1763-1770. Paris, département des Objets d'art du musée du Louvre (OA 63).

Johann Christian Neuber, tabatière, Dresde vers 1763-1770. Paris, département des Objets d'art du musée du Louvre (OA 63). Photo service de presse. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Fabrique royale, tabatière de table, Berlin, entre 1770 et 1775. Londres, Royal Collection Trust (RCIN 9044).

Fabrique royale, tabatière de table, Berlin, entre 1770 et 1775. Londres, Royal Collection Trust (RCIN 9044). Photo service de presse. © The Royal Collection/ HM King Charles III

Tabatière La Naissance de Vénus, Anonyme, vers 1740. Londres, Royal Collection Trust (RCIN 4075).

Tabatière La Naissance de Vénus, Anonyme, vers 1740. Londres, Royal Collection Trust (RCIN 4075). © The Royal Collection/ HM King Charles III

Tabatière, anonyme, Berlin, vers 1765. Chrysoprase, or, cornaline, diamants, feuilles de métal, 5 x 10 x 7,8 cm. Londres, collection Rosalinde & Arthur Gilbert en dépôt au Victoria and Albert Museum (LOAN: GILBERT.412-2008).

Tabatière, anonyme, Berlin, vers 1765. Chrysoprase, or, cornaline, diamants, feuilles de métal, 5 x 10 x 7,8 cm. Londres, collection Rosalinde & Arthur Gilbert en dépôt au Victoria and Albert Museum (LOAN: GILBERT.412-2008). Photo service de presse. © Victoria and Albert Museum

Johann Christian Neuber, tabatière, vers 1780. Collection Rosalinde & Arthur Gilbert en dépôt au Victoria and Albert Museum (353-2008).

Johann Christian Neuber, tabatière, vers 1780. Collection Rosalinde & Arthur Gilbert en dépôt au Victoria and Albert Museum (353-2008). Photo service de presse. © Victoria and Albert Museum

Tabatière, paysages classiques associés avec Dr Dimsdale, probablement Berlin, vers 1768. Collection Rosalinde & Arthur Gilbert en dépôt au Victoria and Albert Museum (346-2008).

Tabatière, paysages classiques associés avec Dr Dimsdale, probablement Berlin, vers 1768. Collection Rosalinde & Arthur Gilbert en dépôt au Victoria and Albert Museum (346-2008). © Victoria and Albert Museum

L’espoir d’un miracle ?

« Considérant la valeur historique et le caractère précieux de ces pièces, le musée du Louvre et l’ensemble des services du ministère de la Culture faciliteront l’identification rapide de ces […] objets d’art dans le cadre des investigations en cours afin, notamment, de rendre difficile leur recel », précise la rue de Valois. La probabilité de retrouver ces trésors est hélas maigre. Un miracle demeure cependant possible : en avril 2018, l’inestimable reliquaire en or du cœur d’Anne de Bretagne était retrouvé intact, quelques jours après avoir été dérobé au musée Dobrée.