Trésors de Mayenne

Construites entre 900 et 920, ces arcades en briques rythment les murs de l’aula carolingienne : ­chacune encadrait une fenêtre, donnant un caractère très lumineux à cette grande salle d’apparat. Dans tout le château, l’état de conservation des espaces de cette époque est exceptionnel : aula, cellier, tour carrée, mur d’enceinte en élévation, terrasses ou tourelle d’échelles en fondation.

Xe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Musée du château de Mayenne

Trente-sept pièces d’échecs, dont ce roi, ont été mises au jour dans le château. Exceptionnelle, celle-ci est taillée d’un seul bloc dans un pivot de cerf. Les cannelures ou gorges verticales et obliques schématisent les drapés d’un vêtement. Sur la tête de fines lignes symbolisent les mèches de cheveux. Le nez est figuré par un simple bourrelet et sur les côtés, deux légers reliefs en forme de croissant de lune évoquent les oreilles. Deux mains à quatre doigts sont gravées au niveau du buste.

Bois de cerf, Xe-XIIe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Hervé Paitier, Inrap

Phase importante de l’occupation du château, pendant plus de 250 ans entre 1674 et 1934, la prison a laissé des vestiges matériels, des objets et des documents d’archives. Cette paire d’entraves de chevilles, dont on peut mesurer le poids et la rudesse, atteste des conditions difficiles de détention dans le donjon, transformé en cachot. Parmi les autres objets de la période carcérale figurent des menottes reliées à des chaînes, de la vaisselle rustique de la prison et des pions de fortune, taillés dans un morceau d’ardoise ou de poterie.

Fer, XIXe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Leb Communication

Cette sculpture correspond aux Sedes sapientae, c’est-à-dire aux Sièges de sagesse, ou Vierges en majesté. Elle représente Marie, couronnée, assise sur un siège, tenant l’enfant Jésus, aujourd’hui disparu, sur ses genoux. À l’époque romane, la statue a servi à la fois de support à la dévotion et sans doute de reliquaire, comme en témoigne une niche aménagée à l’arrière. Les rares traces de polychromie (bleu lapis-lazuli, rouge vermillon, paillettes d’or) d’origine soulignent le luxe de cette œuvre et le soin apporté à son exécution.

Bois de tilleul, XIe-XIIe siècles. Mayenne, musée du château de Mayenne © J.-C. Meuret

Cinquante et un pions de trictrac ou de mérelle ont été découverts à Mayenne, dont cet aigle aux ailes déployées. Il a la tête tournée vers la gauche et un ocelle simple figure son œil. De fines lignes rendent le plumage sur les ailes. La figuration des pattes et de la queue est assez maladroite avec quatre petites encoches triangulaires. L’animal s’inscrit dans un rebord concentrique avec une ligne de besants irréguliers. Outre ces pions, sept dés ont également été mis au jour.

Bois de cerf, Xe-XIIe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Hervé Paitier, Inrap

Vingt-trois plaques en os de ce tablier de trictrac (en partie restitué) ont été retrouvées (dix-neuf certaines, quatre probables), taillées dans des côtes de grand herbivore, rivetées sur une ou plusieurs planches en bois. Les décors permettent de distinguer deux séries de flèches : la première est ornée par trois croix séparées les unes des autres par des registres de trois lignes, la seconde d’un décor élaboré, associant l’incision et l’ajouré, avec une croix inscrite au centre. La coloration verdâtre, en bordure des jours, indique qu’une feuille de bronze était intercalée entre les plaques en os et le support en bois.

Os, côtes de grand herbivore, Xe-XIIe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Hervé Paitier, Inrap

Ce support monolithe en granite sculpté en forme de colonne offre un chapiteau à décor de volutes. La partie supérieure montre la trace de quatre cavités destinées à recevoir des pointes de lampes apodes. Les fouilles du château ont livré un grand nombre de lampes, certaines possédant un pied, généralement haut. D’autres pouvaient être passées dans un anneau accroché au plafond ou introduites dans un support de ce type, qui regroupait plusieurs luminaires.

Granite, Xe-XIIe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Musée du château de Mayenne

Cet exemplaire fait partie de la découverte fortuite à Ernée, en Mayenne, de quatre monnaies en or datées du règne de Jean II le Bon (1350-1364). Celle-ci est la plus récente, frappée à partir de janvier 1355, et figure un mouton en or – les trois autres sont des écus d’or à la chaise de ce même roi et ont été frappées à partir de septembre 1351. L’ensemble pourrait avoir été thésaurisé dès 1355, ou au plus tard en 1358, date à laquelle s’arrête la production de mouton d’or.

Or, XIVe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Musée du château de Mayenne

Or, XIVe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Musée du château de Mayenne

Ce décor, typique du Bas-Maine et de ses abords immédiats, est dit « à œil de perdrix ». Il se compose de masques schématiques rapportés, de bandes appliquées et de cercles poinçonnés pointés. Ce mortier, qui provient d’ateliers locaux, à Aron ou Laval, permet d’identifier les lieux d’approvisionnement du château. Les collections du musée présentent plusieurs céramiques décorées d’impressions au doigt, au poinçon ou à la molette produites dans ces ateliers.

Terre cuite, XIVe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Musée du château de Mayenne

Inédit, cet objet, peut-être destiné à être rangé dans un sac lorsque le cavalier descendait de cheval, illustre les capacités d’innovation de la fin du Moyen Âge. Il se compose de deux éléments : une pointe parée d’un élément ovoïde et une branche articulée avec à son extrémité une fixation disposant de deux fenêtres rectangulaires dans lesquelles on venait glisser la sangle. Il fait partie des 2 700 objets métalliques (la plupart en fer), livrés par les fouilles du château et dressant l’un des plus complets tableaux, en France, de l’environnement matériel, militaire comme domestique, du chevalier médiéval.

Fer, XIVe siècle. Mayenne, musée du château de Mayenne © Vincent Legros