Un trésor national martyrisé au musée du Hiéron à Paray-le-Monial
La loi des séries continue… Après le violent braquage qui a secoué le musée Cognacq-Jay le 20 novembre dernier, c’est au tour du musée du Hiéron à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) de subir une attaque visant un chef-d’œuvre de ses collections.
Le procédé n’est pas tout à fait le même mais le traumatisme sera aussi durable. En seulement trois minutes, quatre braqueurs ont fait irruption dans l’établissement le jeudi 21 novembre, tenant en joue la vingtaine de visiteurs présents ainsi que les employés. Plusieurs coups de feu ont été tirés, sans faire de blessés. Visiblement bien préparés, les malfaiteurs se sont immédiatement dirigés vers la pièce maîtresse de ce musée dédié à l’art sacré, Via Vitae (1904), exécutée par l’orfèvre parisien Joseph Chaumet (1852-1928).
Un trésor national
Classée trésor national par le ministère de la Culture en 2000 afin d’empêcher sa vente à un collectionneur suisse, cette pièce monumentale de 3 mètres de haut, taillée dans une montagne de marbre pesant 3 tonnes, est estimée entre 4 et 7 millions d’euros, selon Jean-Marc Nesmes, maire de Paray-le-Monial. La vie de Jésus y est mise en scène à travers neuf stations animées de 138 statuettes en or et en ivoire. Au sommet se dressent une Trinité en gloire composée d’argent patiné et doré et de cristal de roche et deux figures allégoriques tenant une hostie sertie de diamants et de rubis.
Massacre à la tronçonneuse
Après avoir découpé à la tronçonneuse les vitres blindées qui protégeaient ce trésor, les pilleurs ont dérobé les statuettes chryséléphantines ainsi que les décorations en pierres précieuses. Ils ont également scié une partie du socle en marbre avant de prendre la fuite à moto, jetant des clous sur la chaussée afin de ralentir les véhicules de police à leurs trousses. « Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes inacceptables qui portent atteinte à notre patrimoine. Tout mon soutien aux équipes du musée et à la collectivité », a réagi la ministre de la Culture sur le réseau social X. « C’est une véritable catastrophe et une grande perte pour le patrimoine national et pour la ville de Paray-le-Monial », déplore quant à lui Jean-Marc Nesmes.
Un musée au cœur du sacré
Riche d’un parcours artistique et culturel de 700 m2 retraçant deux millénaires d’histoire du christianisme, le musée du Hiéron (en référence aux hieron grecs, espaces à la fois religieux et politiques) a vu le jour en 1875 grâce au père Victor Drevon (1820-1880). Son projet bénéficia du soutien du baron Alexis de Sarachaga (1840-1918), qui décida d’y consacrer sa fortune. Outre la Via Vitae de Joseph Chaumet, l’institution abrite également l’un des plus beaux portails sculptés du Brionnais, le tympan d’Anzy-le-Duc (XIIe siècle), et l’un des plus anciens christs romans de Bourgogne, le Christ de Varenne-l’Arconce (XIe-XIIe siècles). Plus loin, des peintures italiennes des XVIIe et XVIIIe siècles côtoient des œuvres d’art contemporain.