L’art autrement : regards choisis sur l’art.

 

Une nouvelle ère s’ouvre pour la Fondation Gianadda

Paul Cézanne (1839-1906), Vase paillé, sucrier et pommes, entre 1890 et 1894. Huile sur toile, 36 x 46 cm. Paris, musée de l'Orangerie. Photo service de presse. © Grand Palais-RMN (musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski
Paul Cézanne (1839-1906), Vase paillé, sucrier et pommes, entre 1890 et 1894. Huile sur toile, 36 x 46 cm. Paris, musée de l’Orangerie. Photo service de presse. © Grand Palais-RMN (musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski

À la suite du décès de Léonard Gianadda (1935-2023) qui, avec sa personnalité charismatique fut l’âme de la fondation pendant 45 ans, son fils François a été nommé président en mai dernier. Fidèle aux aspirations de son père, il évoquait cet été l’avenir de l’institution à l’occasion de l’inauguration de l’exposition « Cézanne – Renoir : regards croisés » qui réunit un florilège de chefs-d’œuvre prêtés par les musées d’Orsay et de l’Orangerie.

Propos recueillis par Margot Lecocq

Léonard, votre père, a inauguré la Fondation Pierre Gianadda en novembre 1978. Y avez- vous tenu un rôle dès l’origine ?

En effet, du vivant de mon père, je jouais déjà un rôle en tant que membre du conseil que j’ai rejoint en 1986, à l’âge de 23 ans. Ce qui me frappe, c’est de voir à quel point cet ensemble reflète une cohérence, pourtant le projet s’est échelonné sur une quarantaine d’années. Après l’édification du bâtiment, le musée de l’automobile, le parc de sculptures et les vestiges antiques ont été aménagés. J’ai suivi chacune de ces étapes de très près.

Comment envisagez-vous l’avenir de l’institution ?

En un mot : assuré. Mon père tenait au parc de sculptures qui appartient d’ailleurs à la fondation, au même titre que la collection de véhicules anciens. Le musée archéologique, pour sa part, dépend du canton du Valais, mais il n’a pas de raison d’être déplacé ; quant aux concerts, ils devraient se maintenir. Les expositions temporaires constituent l’enjeu majeur de la fondation et je souhaite perpétuer les liens que nous entretenons avec les institutions françaises et nos autres prêteurs. Nous y travaillons et avons déjà reçu de belles propositions.

Auguste Renoir (1841-1919), Jeunes Filles au piano, vers 1892. Huile sur toile, 116 x 81 cm. Paris, musée de l’Orangerie. Photo service de presse. © Grand Palais-RMN (musée de l’Orangerie) / Franck Raux

Quelle qualité de votre père mettriez-vous en avant ?

Il y en a plusieurs, mais je dirais son enthousiasme à toujours voir le bon côté des choses et la multiplicité des possibilités, plutôt que de chercher ce qui ne va pas. Imaginez ce que représente la création de cette fondation à Martigny : il a fallu beaucoup de travail, un engagement important, s’assurer un entourage de confiance, ainsi que beaucoup d’humilité face aux erreurs que nous avons pu commettre.

Bien que votre présence au sein de la fondation se soit renforcée, vous n’avez pas cessé d’exercer vos activités professionnelles. Quel est votre parcours ?

Je suis avocat et notaire à Martigny. J’ai également suivi une licence d’histoire à Besançon, ce qui explique mon intérêt pour la France, et surtout ma sensibilité pour la culture. J’assure aujourd’hui la gestion de la fondation bénévolement afin, en premier lieu, d’honorer la mémoire de mes parents, et aussi pour susciter du plaisir dans nos équipes et chez les visiteurs.

Paul Cézanne (1839-1906), Dans le parc de Château Noir, entre 1898 et 1900. Huile sur toile, 92 x 73 cm. Paris, musée de l'Orangerie. Photo service de presse. © GrandPalaisRmn (musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski
Paul Cézanne (1839-1906), Dans le parc de Château Noir, entre 1898 et 1900. Huile sur toile, 92 x 73 cm. Paris, musée de l’Orangerie. Photo service de presse. © Grand Palais-RMN (musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski

Cézanne et Renoir : réunion au sommet

Après Milan et avant de rejoindre l’Asie, l’exposition « Cézanne – Renoir : regards croisés » s’installe à Martigny. Désirée par Léonard Gianadda, elle est le fruit de prêts exceptionnels de la part des musées d’Orsay et de l’Orangerie. Une trentaine de toiles d’Auguste Renoir côtoie ainsi une vingtaine de peintures de Paul Cézanne provenant de la collection du marchand d’art Paul Guillaume (1891-1934). Amis de longue date, les deux peintres se confrontent chacun à leur manière aux genres classiques de la peinture (natures mortes, scènes de genre, portraits et nus). La thématique familiale, le motif des baigneurs et des baigneuses, l’histoire du collectionnisme et le rôle de précurseurs des deux maîtres dans l’aventure de l’art moderne figuratif du XXe siècle constituent les focales majeures de l’exposition. Du Paysage de neige (vers 1875) de Renoir, en passant par ses célèbres Jeunes Filles au piano (vers 1892), et jusqu’au dessus-de-porte La Barque et les baigneurs (vers 1890) peint par Cézanne pour Victor Chocquet (1821-1891), le parcours aborde la diversité de leurs préoccupations artistiques. La sensualité des teintes vaporeuses des chairs de Renoir contraste avec la vision analytique de Cézanne vis-à-vis des modèles et des formes. La présentation simultanée de ces deux ensembles de chefs-d’œuvre renforce la présence impressionniste en Suisse, qui accueille pour cette saison estivale pas moins d’une cinquantaine de toiles de Renoir réparties entre Martigny et la Fondation de l’Hermitage de Lausanne.

Auguste Renoir (1841-1919), Pêches, 1881. Huile sur toile, 38 x 47 cm. Paris, musée de l'Orangerie. Photo service de presse. © Grand Palais-RMN (musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski
Auguste Renoir (1841-1919), Pêches, 1881. Huile sur toile, 38 x 47 cm. Paris, musée de l’Orangerie. Photo service de presse. © Grand Palais-RMN (musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski

Margot Lecocq


« Cézanne – Renoir : regards croisés »
Jusqu’au 19 novembre 2024 à la Fondation Pierre Gianadda
Rue du Forum 59, CH 1920 Martigny
Tél. 00 41 27 722 39 78
www.gianadda.ch


Catalogue, Fondation Pierre Gianadda, 184 p., 35 €.

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