L’Espace Henri Landier fête la gravure

Henri Landier, La Place Pigalle, eau-forte, 1962.

Henri Landier, La Place Pigalle, eau-forte, 1962. © Atelier d’art Lepic

En cette fin d’année 2024, l’Espace Henri Landier, situé à Montmartre, célèbre ses deux ans d’existence. Cette galerie est dédiée au peintre et graveur Henri Landier, l’une des dernières figures emblématiques de la Butte qui a côtoyé Bernard Buffet, Gen Paul, Pierre Mac Orlan, Louis Aragon, Marcel Aymé…

Pour l’occasion, la galerie a sélectionné une centaine d’estampes de Henri Landier parmi les plus emblématiques de sa carrière, dont certaines très rarement montrées. Depuis 70 ans, Landier tire lui-même sur presse à bras ses lithographies, sérigraphies, bois gravés, eaux-fortes, aquatintes et monotypes.

Marin-graveur

C’est à 17 ans que Landier s’inscrit à l’École des arts appliqués, où il apprend le dessin, la peinture, la gravure, la céramique, la publicité, le dessin industriel, l’orfèvrerie et le modelage. Bury et Volti comptent parmi les professeurs qui l’ont le plus marqué. Au sortir de l’école, il se lie d’amitié avec l’imprimeur Jacques Frélaut, qui lui confie les clefs de l’atelier Lacourière afin qu’il puisse travailler de jour comme de nuit. C’est la période des gravures dites « de Ténèbres ». Il réalise 500 eaux-fortes et aquatintes très dessinées sur le Paris d’après-guerre avec, souvent, un promeneur solitaire ou un vagabond au sein de la composition. La solitude et la faim le poussent à s’engager lors de l’hiver 1954 dans la marine marchande. Alors qu’il fait le tour du monde, il dessine tout ce qui se présente à lui : les dockers, les ports, la salle des machines… et une fois à terre il traduit ses croquis sur toile ou sur cuivre.

Un atelier à Montmartre

Ce n’est qu’en 1965, avec la découverte de la Provence, que sa palette s’illumine. Comme Van Gogh, il est émerveillé par la lumière et les couleurs fauves du Sud, qu’il transpose en de grandes lithographies. C’est aussi à cette époque qu’il a l’occasion d’avoir son propre atelier, rue Tourlaque, toujours à Montmartre, où il installe ses presses et son matériel de peinture. Trois grandes séries de 32 gravures s’enchaîneront à partir du Faust de Goethe, du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare mis en scène par Ariane Mnouchkine, puis du Voyage initiatique de Rabelais par Jean-Louis Barrault.

Henri Landier imprimant une gravure sur sa presse à bras, dans son atelier rue Tourlaque, à Paris, photographie, 2021.

Henri Landier imprimant une gravure sur sa presse à bras, dans son atelier rue Tourlaque, à Paris, photographie, 2021. © Atelier d’art Lepic

Une œuvre titanesque

Henri Landier s’inspire de sa vie : Paris, la mer, la Provence, la Bretagne, l’Italie, Prague, le théâtre, la guerre, l’amour sont des thèmes récurrents de son travail. Il s’applique à retranscrire « la beauté des choses » avec une hardiesse qu’il a su préserver toute sa vie durant. Il a réalisé environ 2 000 estampes, soit plus de 100 000 tirages en 70 ans de création. Une œuvre titanesque ! Aujourd’hui, à 89 ans, Landier est devenu une référence incontournable dans l’univers de la gravure. Sa dernière estampe, Julien et son violon dans le ciel de Paris, témoigne de la légèreté et de la poésie qui caractérisent sa manière actuelle avec toujours une belle liberté.

L’Espace Henri Landier fête la gravure, jusqu’au 24 décembre 2024, Espace Henri Landier, 20, rue des Trois-Frères, 75018 Paris. Du mercredi au samedi de 14h30 à 19h30. Tél. : 06 87 38 92 36, site Internet : artlepic.org