Technique de reliure de Florent Rousseau : incrustation directe

Yves Bonnefoy, Pierre écrite, ill. de Raoul Ubac. Reliure de Florent Rousseau, 2016. © Florent Rousseau
L’histoire de la reliure comporte de très nombreux décors réalisés à partir d’incrustations. Certains relieurs en ont fait leur domaine de prédilection, la réalisation de leur projet décoratif étant, dans la plupart des cas, confiée à un doreur. Tout est parti « d’une mise au point » maquette avec les divers matériaux à incruster et leur emplacement précis sur la reliure. Le coût de ce travail était élevé, accompagné bien souvent par un titre élaboré. C’est pourquoi j’ai effectué des recherches pour trouver des solutions alternatives qui permettent de procéder à des incrustations sans trop de difficultés. Autrefois le Rhodoïd épais servait de pièce de découpe ; dans mon système, tout se fait en direct sans passer par cette aide technique.
Matériel
– Colle repositionnable
– Règle et palmer
– Scalpel lame 10A
– Divers plioirs dont un en Teflon
© Florent Rousseau
Mise en œuvre
Faire tout d’abord un prélèvement sur la zone qui va être incrustée. Cet échantillon vous servira à mettre à niveau le matériau à incruster.
© Florent Rousseau
Doubler le nouveau matériau pour atteindre l’épaisseur exacte du cuir prélevé. On peut utiliser une carte ou un papier (ici, un papier Arches) ou, dans certains cas, les deux, l’objectif étant d’avoir un même niveau.
© Florent Rousseau
Encoller l’élément choisi à la bombe de colle repositionnable et le placer à l’endroit indiqué.
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Puis, avec le scalpel, couper la mosaïque soit à main levée soit à l’aide d’une règle. Couper à la fois l’élément à incruster et le cuir où s’insérera cette même mosaïque (forme et contre-forme).
© Florent Rousseau
Quelques exemples
Ici les incrustations se sont faites au fur et à mesure de façon spontanée avec des matériaux travaillés en amont. Après chacune d’elles, une mise en presse par plat est nécessaire pour que tous les éléments soient au même niveau.
Tita Reut, Delecta pacent, ill. de Claire Illouz. Reliure de F. R., 2010. © Florent Rousseau
Vous pouvez opter pour une superposition de mosaïques. Ce chevauchement masque bien sûr une partie de la mosaïque précédente.
Roger Caillois, Pierres réfléchies, ill. de Christiane Vielle. Reliure de F. R., 2006. © Florent Rousseau
Ici, les éléments ont été découpés puis reteints et séchés avant d’être collés à leur emplacement. Avec ce système, on peut jouer avec une palette de couleurs très large.
Hans Christian Andersen, Trois Contes, ill. de Catherine Keun. Reliure de F. R., 2003. © Florent Rousseau
Il est possible de gainer la mosaïque découpée d’un papier de soie, qui n’ajoutera pas de surépaisseur et permettra de l’incruster parfaitement. Ne jamais oublier de mettre en presse par plat pour une mise à niveau parfaite.
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On peut aussi décider que les mosaïques incrustées ne seront pas au même niveau. Si on choisit de les faire dépasser en épaisseur, il ne faut pas oublier de teindre les chants, soit de la même couleur, soit dans une couleur de contraste.
Lucien Scheler, Lisières du devenir, ill. de de Raoul Ubac. Reliure de F. R., 2003. © Florent Rousseau
Florent Rousseau, professeur de décor du livre à l’AAAV. Courriel : florent.rousseau3@wanadoo.fr ; site Internet : atelierflorentrousseau.com