Découverte de vestiges paléolithiques dans les montagnes de Talych en Iran

Les montagnes de Talych en Iran. © F. Biglari
L’occupation paléolithique du Talych reste mal comprise. Longue d’environ 300 km, cette chaîne de montagnes, du sud-ouest de la mer Caspienne, se développe principalement en Iran, avec une extension septentrionale vers l’Azerbaïdjan. Si les recherches y ont surtout concerné les Âges du bronze et du fer, elles ont fait peu de cas du début de la Préhistoire… Or de récentes découvertes comblent les blancs de cette période méconnue.
Seul site paléolithique connu des montagnes de Talych, la grotte de Buzeyir se trouve dans la région de Lankaran, en République d’Azerbaïdjan, à 1 640 m d’altitude. Les fouilles menées en 1985 et 1990 par A. K. Djafarov y ont révélé des artefacts lithiques du Paléolithique moyen, caractérisés par l’utilisation des méthodes discoïde et Levallois, avec des outils incluant des racloirs et des pointes, et des restes fauniques, notamment de chèvre sauvage et de cerf élaphe, dans des dépôts de plus d’un mètre d’épaisseur.
Premiers signes d’activité
Jusqu’à peu, aucune preuve supplémentaire d’occupation de cette époque n’avait été signalée dans cette zone. Or, des prospections conduites en Iran, dans la région de Masouleh, entre 2021 et 2024 sous la direction de Fereidoun Biglari, ont livré des premiers signes d’activité. Ces opérations faisaient partie d’un effort plus large visant à compléter le dossier pour l’inscription de ce village sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Sur environ 300 km2, plus de 60 sites archéologiques ont été identifiés, entre 900 et 2 700 m d’altitude. Si la majorité date des périodes historique et islamique, quelques-uns remontent au Néolithique tardif ou aux Âges des métaux. Cependant, les indices paléolithiques demeuraient rares, avec seulement un abri sous roche ayant fourni un artefact lithique isolé à l’âge indéterminé. Cette absence de témoignages laissait perplexe, surtout au regard des découvertes faites dans la grotte de Buzeyir et le long des affluents du fleuve Sefidrud au sud.
Un nucléus Levallois
Or ce « vide » a été comblé par la mise au jour d’un nucléus en calcaire finement grainé, trouvé à environ 2,7 km au nord-ouest de Masouleh, sur une colline surplombant la vallée de Doura Kila, à environ 1 860 m d’altitude. Débité selon la méthode Levallois, il présente une surface patinée, avec des arêtes légèrement arrondies. Il conserve également des fragments de croûte carbonatée sur les deux faces, suggérant qu’il a été exposé à un environnement relativement stable et humide pendant une période prolongée. La méthode de débitage appelée Levallois est propre au Paléolithique moyen et bien documentée dans le Caucase mineur et la région du Zagros.
Nucléus en calcaire découvert au nord-ouest de Masouleh en Iran. © F. Biglari
Corridor naturel
Les montagnes de Talych sont cruciales pour comprendre l’expansion des populations humaines à cette époque dans la région. Agissant comme un corridor naturel, elles ont facilité le déplacement des Néandertaliens du Caucase vers les montagnes de l’Alborz et le littoral sud-caspien, et ont probablement joué un rôle clef dans leur répartition et leur adaptation à des conditions environnementales diverses, offrant un accès à des zones écologiques variées telles que la forêt hyrcanienne, les vallées fluviales et les plaines côtières. Cette récente découverte marque le début d’une nouvelle phase de recherches sur l’occupation du Paléolithique moyen dans les montagnes de Talych.
Pour aller plus loin :
BIGLARI F., AKBARI M., 2022, « L’homme et le paysage de montagne dans l’Elbourz », Archéologia, n° 608, Dijon, éditions Faton, p. 16-17.
BIGLARI F., 2019, « Lower and Middle Paleolithic Occupation of the Northern Alborz and Talesh, South of the Caspian Sea », Tourism Research, 1(3), 90-106.
DJAFAROV A. K., 1999, Paléolithique moyen d’Azerbaïdjan, Bakou (en russe).