Découverte d’une villa gallo-romaine dans les Landes (2/2). Une église médiévale disparue et ses 305 sépultures

Fouilles et prélèvements des sépultures.

Fouilles et prélèvements des sépultures. © Éveha, 2022

La fouille a aussi permis d’identifier une église complètement oubliée, d’environ 48 m2, qui est installée dans l’angle nord-ouest de la villa et qui perdure jusque vers le milieu du XVIIe siècle. Elle a conservé un très beau sol en tomettes de 12 m2 et est associée à une vaste nécropole.

Si l’analyse des céramiques permettra de préciser les phases de construction de ce lieu de culte, on voit déjà que le sol de l’édifice religieux s’est implanté dans le niveau (surbaissé) d’une pièce chauffée par le sol – ce dernier aurait été détruit pour assainir et assurer de solides fondations à l’église. Dans les sépultures les plus récentes, des pièces de monnaie du règne de Louis XIII permettent de dater l’abandon définitif de l’église et du cimetière vers le milieu du XVIIe siècle. Après ce moment-là, elle ne figure d’ailleurs plus sur les anciennes cartes dont on dispose en France, celle de Cassini et du cadastre napoléonien. Selon les cartulaires de l’Évêché, cette église oubliée serait celle dédiée à Saint-Sauveur de Quillac. Après sa destruction, certains de ses blocs auraient été utilisés pour bâtir la ferme de Céros, qui existe encore aujourd’hui à proximité du site. 

Un vaste cimetière paroissial

Les 305 sépultures regroupées autour de l’église sont datées entre les Ve-VIe siècles jusqu’au XVIIe siècle. Elles ont toutes été prélevées. Elles comprenaient principalement des sépultures primaires individuelles et quelques autres d’individus immatures plurielles. À l’issue de la fouille, et avant les études en laboratoire, les données transmettaient une répartition des âges avec environ 50 % d’individus de taille adulte, 30 % d’individus immatures, 10 % d’individus périnataux et 10 % au degré de maturité indéterminé. La plupart des tombes sont orientées selon un axe ouest-est, avec des individus placés sur le dos. Pourtant, certains défunts, atypiques, ont été découverts sur le côté, sur le ventre ou en position fœtale, ou encore la tête à l’est… Certaines hypothèses ont été émises par les archéologues, à confirmer par les études en cours. La conservation osseuse des inhumés est très bonne et livrera de précieuses informations. Quelques sépultures comprenaient aussi des éléments de calage ou des aménagements funéraires sommaires en pierres locales et en fragments de terre cuite prélevés dans les ruines de la villa.

Sol en tomettes de l’église.

Sol en tomettes de l’église. © Éveha, 2022

Lexique

Une sépulture primaire correspond à un dépôt de corps en un seul temps. Elle s’oppose à une sépulture secondaire, souvent résultat d’une réinhumation du défunt.
Un individu immature n’a pas atteint l’âge adulte.