Vaison-la-Romaine : les dernières découvertes (2/6). Le forum à travers ses blocs d’architecture

Une trentaine de ces fragments a pu être attribuée à l’élévation du portique qui longe à l’ouest l’esplanade de la terrasse basse du forum, grâce à leurs similitudes avec les blocs conservés en place lors de la découverte (bases de colonne), à leur forme particulière (bloc de corniche modillonnaire), à leurs dimensions ou encore à leurs motifs décoratifs. La hauteur totale du portique, cumulant celle de la colonnade et de l’entablement, a ainsi pu être estimée autour des 9,75 m. Le portique, surmontant le stylobate et l’escalier qui permettait d’accéder à ce dernier depuis l’esplanade, surplombait alors celle-ci sur près de 11 m. Les chapiteaux d’ordre corinthien, l’architrave à trois fasces et la corniche modillonnaire du portique ont notamment livré de précieux indices chronologiques situant l’érection du complexe monumental du forum dans le deuxième tiers du I^er siècle. 

Certaines composantes architecturales provenant du portique, et d’autres issues des dégagements du forum, ont offert un rapprochement avec un autre corpus, celui dit de la « Basilique », appellation adoptée par J. Sautel pour désigner les vestiges monumentaux mis au jour au sud-est du site de La Villasse et désormais attribués à un groupement de trois salles (curie, tabularium et hypothétique bureau de l’administration locale) qui fermait au nord l’extrémité du forum. Ces salles ouvraient au sud sur une imposante basilique dont l’existence est attestée grâce au recoupement de plusieurs vestiges, les premiers signalés anciennement et d’autres ayant été reconnus en 2011. Nos connaissances sur l’élévation de ces différents espaces qui occupaient la terrasse haute restent cependant assez lacunaires, hormis pour l’une des trois salles, partiellement reconstruite à partir de blocs d’architecture issus des fouilles de 1934-1936. Une des particularités du complexe monumental du forum résulte de la découverte d’une vingtaine de fragments architecturaux, dont près de la moitié provient de corniches, qui présente des traces de polychromie sur le fond lisse des moulures ou sur les décors en relief qui les animent. Des résidus de badigeon blanc accompagnent le plus souvent des traces éparses de pigments jaune ou rouge et sur un fragment apparaît également des restes de pigment noir. Cet ensemble relativement important atteste d’un décor peint sur diverses composantes architecturales, masquant ainsi les irrégularités de la surface poreuse du calcaire coquillier de Beaumont-du-Ventoux et accentuant les effets de relief des motifs ornementaux par l’emploi de couleurs vives et contrastantes.