Le Ladakh : carrefour himalayen au cœur de l’Asie (3/4). Les productions céramiques du Ladakh

Céramiques découvertes dans une tombe à Leh. Tiré de Francke, 1914, Pl. XXVIII/a

Céramiques découvertes dans une tombe à Leh. Tiré de Francke, 1914, Pl. XXVIII/a

Grâce à ses transformations techniques et typologiques au cours du temps, la céramique aide à établir des chronologies relatives des sites et à comprendre les interactions entre différentes régions. Pourtant, au Ladakh, très peu de recherches se sont concentrées sur ce vestige si polyvalent.

Le premier à documenter des récipients est A. H. Francke, lorsqu’il décrit une collection de céramiques provenant de deux tombes autour de Leh en 1905 et 1909. N. Howard poursuit ces recherches autour de celles peintes et modelées issues d’une dizaine de fortifications. Dans le cadre de la MAFIL, Aurore Didier, à présent chargée de recherche au CNRS, étudie, entre 2013 et 2014, la céramique de la vallée de la Nubra, ce qui conduit à une première chronologie allant de la Protohistoire au début de la période historique.

À la croisée des influences

Des recherches récentes permettent de cerner davantage l’évolution des productions dans l’ensemble du Ladakh. La première apparition de la céramique semble remonter au Néolithique, avec l’utilisation de nattes pour le façonnage, laissant des empreintes sur les assises. À la Protohistoire, les potiers utilisent un moule recouvert d’un textile, dont on perçoit les traces à l’intérieur et à l’extérieur des récipients. Ce type de production est similaire à celles des régions steppiques centrasiatiques et s’inscrit dans une période d’interactions avec l’Himalaya. À partir du IVe siècle avant notre ère, des jarres globulaires portant des impressions de corde relient le Ladakh aux sociétés de l’ouest himalayen et tibétain. La même période est également marquée par une autre tradition, celle des céramiques tournées et engobées, décorées d’incisions et d’estampilles semblables aux productions centrasiatiques et indiennes. C’est à partir du Xe siècle que la céramique présente un renouvellement avec l’introduction de la peinture rouge monochrome sur les jarres et les bols modelés.