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L’or des champs : un dépôt de 141 pièces antiques découvert au Luxembourg

Solidus de l’usurpateur Eugène (392-394), avers et revers.

Solidus de l’usurpateur Eugène (392-394), avers et revers. © Cliff Nosbusch

Fin 2019, des prospections pédestres effectuées par des bénévoles ont mis au jour un important lot de pièces en or de la fin de l’époque romaine près de Holzthum, au lieu-dit um Rank. À la suite de cette découverte, le site a fait l’objet de recherches minutieuses menées de 2020 à 2024 par l’Institut national de recherches archéologiques (INRA). Avec ses 141 solidi, ce trésor est le plus important de monnaies antiques jamais découvert dans le Grand-Duché.

À ce titre, il devance le trésor de « Moselgold », découvert en 1958 près de Machtum lors de l’exploitation de graviers dans le lit de la Moselle.

Un trésor du IVe siècle de notre ère

Récupéré dans son intégralité, le « trésor » de Holzthum date de la fin du IVe siècle de notre ère. Le site est connu de longue date des archéologues qui y supposaient la présence d’un monument funéraire romain et d’une ancienne voie. Vers 2012, un archéologue amateur (l’un des deux inventeurs du trésor) repère sur une photo aérienne plusieurs anomalies circulaires, faisant penser à une fortification romaine du Bas-Empire de type burgus, avec système de fossés et remparts. Cette hypothèse est alors vérifiée par des prospections visuelles et géophysiques ; en automne 2019, les 36 premiers solidi sont mis au jour.

La série des empereurs et usurpateurs représentés dans le trésor de Holzthum.

La série des empereurs et usurpateurs représentés dans le trésor de Holzthum. © INRA Luxembourg

Monnaies impériales

La grande majorité des pièces est dans un état quasi neuf, avec seulement de très rares traces d’usure, signe qu’elles ont peu été en circulation, et elles ne se trouvaient pas dans les terres labourées depuis longtemps, sinon elles auraient subi davantage de dégradations par les machines agricoles. Les 141 pièces sont issues de divers ateliers monétaires du Bas-Empire romain : près d’un tiers d’entre elles a été frappé dans la résidence impériale de Treveris (Trèves), distante d’à peine 45 km à vol d’oiseau ; les autres proviennent de Rome, Milan, Aquilée, Arles, Sirmium, Antioche, Constantinople et Smyrne. Les empereurs représentés sur l’avers sont Valentinien Ier (364-375), Valens (364-378), Gratien (367-383), Valentinien II (375-392), Théodose Ier (379-395), Arcadius (395-408) et Honorius (395-423) ainsi que les deux usurpateurs Magnus Maximus (383-388) et Eugène (392-394). Ce dernier est le seul représenté avec une « barbe de philosophe ». En raison de son court règne, peu de pièces ont été émises à son effigie. Assez rares, elles sont donc particulièrement précieuses sur le plan numismatique. Le trésor de Holzthum en contenait trois en très bon état.

Une série de trésors 

Les investigations de l’INRA ont montré que les 141 pièces étaient éparpillées dans les labours. Elles ont aussi révélé un système de fossés et de remparts, au centre duquel se trouvaient les fondations d’une tour massive. Deux puits et une cave ont également été étudiés. Si l’analyse de données, issues des fouilles de 2020 à 2024, est encore en cours, il semble que cette découverte puisse s’inscrire dans une série de trésors comparables mis au jour dans cette zone située entre la Moselle et la frontière de l’Empire romain en Germanie inférieure.